Mondialisation et économie(s) locale(s), à la recherche d’un équilibre


Économie formelle et économie informelle : de leur coexistence à leur confrontation


  • L’ENTREPRISE a évolué au fil des siècles (et même des millénaires), en fonction des besoins et des potentiels des populations. Ce sont également des caractéristiques démographiques, géographiques ou culturelles qui lui confèrent des formes, des modalités socioéconomiques et des impacts écologiques très variables d’un territoire à l’autre, voire en un même lieu.

    Cette double dynamique, historique et géographique, se situe au centre des problématiques liées à la mondialisation économique contemporaine.

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    • Du mot ENTREPRISE à ses réalités anthropologiques et historiques.

      Toute entreprise, au sens administratif du terme, résulte d’une volonté d’entreprendre, de mettre un savoir-faire au service d’un projet, dont elle constitue le cadre de mise en œuvre.

      Historiquement, dès lors qu’une activité humaine a produit une valeur-ajoutée, éventuellement fait appel à des coopérations au-delà du cadre strictement familial (au sens de la plus petite unité communautaire), et donné lieu à des échanges économiques (troc ou achat / vente), l’entreprise était née.

      Il est donc difficile de situer historiquement son apparition, certainement presque aussi ancienne que celle de l’Homme, toute spécialisation d’activité ou une forme de division des tâches ayant pu conduire à des échanges de produits ou de services entre individus ou communautés. Sinon dès Homo habilis, sans doute peut-on déjà identifier des activités qualifiables d’entreprises avec les communautés de chasseurs cueilleurs, et bien sûr avec le développement de l’agriculture, de l’élevage et de l’artisanat qui caractérisèrent la révolution néolithique.

      ● Mais les structures, les pratiques, et les performances des entreprises n’ont cessé d’évoluer depuis, notamment avec le recours à des forces de travail variées (animale, humaine libre ou contrainte - esclavage - ) et la maîtrise de diverses formes d’énergie :

      d’abord uniquement naturelles, renouvelables et dynamiques (moulins à eau et à vent), ou combustibles renouvelables (bois) ou non (fossile - le charbon -), associées à l’innovation technique précoce (roue et mécanique de rouages, pignons, engrenages, etc.),

      puis de nouveaux combustibles fossiles (pétrole et gaz) non renouvelables ou des énergies produites à partir d’autres sources primaires (vapeur, électricité), résultant des innovations à l’origine des 3 révolutions industrielles qui se succédèrent de la fin du XVIIIe siècle jusqu’au début du XXe siècle,

      pour aboutir en fin de XXe siècle à la première révolution technologique post-industrielle, celle de la cybernétique (théorie des systèmes, compréhension progressive des écosystèmes, décryptage des génomes, génie génétique - pour le meilleur et pour le pire - ) dont Internet constitue à la fois une réalisation marquante et désormais un vecteur de mutations profondes.

      Comme lors des précédentes grandes étapes d’innovation technique, celle de notre époque transforme profondément l’organisation des échanges, le potentiel et la prospective économique et sociétale des territoires, et à n’en pas douter, l’avenir des populations et le devenir de leur environnement.



      Du mot ENTREPRISE à ses réalités socioéconomiques et géographiques.

      ● La notion d’activité économique recouvre de nombreuses formes, rendant souvent floues les limites qui séparent une activité professionnelle source de revenus (salaire ou chiffre d’affaire), d’une activité privée non économique, voire de pratiques économiques illégales :

      l’entraide a toujours été un pilier de la sociabilité et de la solidarité, entre membres d’une même famille, entre voisins et amis, ou au sein de différents types de réseaux sociaux ;

      c’est notamment le cas des associations de personnes, à but non lucratif qu’elles soient enregistrées administrativement ou non, dont l’activité des membres est exercée sur la base du bénévolat ;

      dans la mesure où les mêmes activités pourraient être exercées dans un cadre économique lucratif, selon qu’elles le sont ou non, leur valeur-ajoutée est ou non comptabilisée et intégrée au Produit Intérieur Brut (PIB) dont l’évolution d’une année sur l’autre détermine le taux de croissance d’un territoire. Or dans les deux cas, la valeur-ajoutée en termes d’utilité directe (réponse au besoin justifiant cette activité) est identique ;

      de la même manière, selon que la même activité est exercée ou non dans un cadre économique formel, et assujettie aux règles administratives applicables au travail et aux entreprises (droit du travail, cotisations sociales, fiscalité), elle contribue ou non au budget de l’État, à son système de protection sociale et de redistribution socioéconomique. Cette utilité indirecte associée à la valeur-ajoutée de l’activité, constitue une différence majeure entre ces deux modalités.

      La garde des jeunes enfants par un parent, ou au contraire confiée à des professionnels (crèche ou garde individuelle), en est un exemple emblématique.

      Dans le second cas, les statistiques de l’emploi comptent deux actifs employés de plus que dans le premier : le parent concerné et la personne gardant l’enfant.

      À ce titre, la différence de politique sociale entre les pays peut faire diverger l’évolution de leurs équilibres socioéconomiques à long terme : pyramide des âges, taux d’activité de la population, balance budgétaire, etc. C’est notamment le cas des crèches facilitant le travail des parents de jeunes enfants, davantage soutenues par les pouvoirs publics en France qu’en Allemagne.

      C’est également d’un point de vue administratif que le travail illégal, échappe à ses obligations réglementaires. Mais dans le même temps, concurrençant déloyalement le travail légal, il altère le fonctionnement du système économique et compromet ses équilibres fondamentaux.


      ● Nous touchons là aux délimitations et aux zones grises entre légalité et illégalité, mais aussi entre légitimité et illégitimité des règles établies, entre ce qui est souhaitable et ce qui ne l’est pas, compte-tenu des potentiels de chaque territoire, voire de chaque type d’acteurs économiques.

      Ces questions sont au cœur de la problématique de l’articulation ou au contraire des incompatibilités entre économie formelle et économie informelle.

  • Toujours prédominante dans les pays socioéconomiquement les moins développés, l’économie informelle avait pratiquement disparu des pays développés. Mais aujourd’hui, la mise en concurrence frontale de ces deux types de territoires par le biais de la déréglementation des échanges commerciaux, tend à faire réapparaitre l’économie informelle dans les pays développés, tant sous ses aspects illégaux que par la conversion plus ou moins forcée de salariés relevant du droit du travail, en travailleurs non salariés (TNS).

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    • Dans les pays dits en développement (PED) ou pays les moins avancés (PMA)
      … c’est une économie informelle qui prévaut.

      ● La majeure partie de leur population ne peut compter que sur elle-même pour assurer son existence. En l’absence de tout système de protection sociale, leur vie est sans filet… Une maladie banale interrompant quelque temps l’activité professionnelle d’un adulte suffit à précipiter toute une famille dans la misère.

      Le secteur primaire (voir ci-dessous) y est encore généralement prédominant, l’artisanat plus développé que l’industrie, et les services peu rémunérés du fait de disparités économiques extrêmes entre une minorité ultra-riche, et la pauvreté structurelle d’une grande majorité, la classe moyenne étant très réduite.

      ● Cette grande pauvreté allant de pair avec une fécondité élevée, le nombre important d’enfants par famille et une forte croissance démographique nationale dévalorisent le travail. La main d’œuvre disponible étant démesurément supérieure à l’offre d’emploi, ce fort déséquilibre maintient un niveau de salaires trop bas pour assurer la subsistance des familles grâce au travail des adultes.

      ● En conséquence, le niveau du travail des enfants est très élevé, sans que son interdiction n’y puisse rien changer. Car seuls une meilleure répartition sociale des fruits de la croissance et un système d’éducation équitable et efficace, peuvent à terme inverser cette tendance. Cette dimension sociale du développement économique constitue, avec son volet environnemental, une condition essentielle de sa soutenabilité.



      Dans les pays émergents, l’économie comme la société sont à deux vitesses :

      ● Bien qu’ils aient développé une industrie et des services de pointe respectant les normes techniques internationales, ce secteur formel coexiste avec un secteur informel constitué d’un tissu d’entreprises et de travailleurs indépendants dont l’activité n’obéit à aucune autre règle que la demande et les exigences du marché.

      ● Dans ce contexte, le travail familial continue de tenir une place très importante. La distinction entre une entreprise “ordinaire” d’un pays en développement ou d’un pays émergent, et une activité économique illégale et répréhensible en France ou dans un pays dit “développé” serait impossible.

      ● Or les interactions entre secteur formel et secteur informel dans un pays émergent sont intenses. Et même si le niveau des salaires du secteur formel est très supérieur aux rémunérations des travailleurs du secteur informel, les faibles coûts du second profitent largement au premier, le rendant anormalement concurrentiel à l’international.

      Ce que l’OMC refuse de considérer comme constitutif d’un dumping !



      L’économie informelle avait progressivement disparu des pays développés.

      ● L’économie informelle à la fois cause et conséquence de l’exploitation humaine avait progressivement disparu au cours de la seconde moitié du XXe siècle, grâce à l’évolution du droit du travail et au long processus de développement socioéconomique rendu ainsi possible. En assurant la redistribution directe de la valeur-ajoutée produite en situation de plein emploi, les salaires réduisaient naturellement les inégalités sociales.

      ● Durant cette période de dialogue social reposant sur un relatif équilibre des forces en présence (employeurs, salariés, État), l’entreprise, constitua le cadre administratif légal de cette fonction socioéconomique. Elle en représenta la norme, et fut donc le socle des grands équilibres macroéconomiques du territoire national.

      ● Mais au bout de plus de deux décennies de déréglementation des échanges internationaux, et de mise intentionnelle en concurrence frontale de systèmes économiques aussi disparates que l’économie formelle des pays développés et l’économie à dominante informelle des PMA, et surtout celle beaucoup plus agressive des pays émergents, le mouvement inverse planifié par les promoteurs néolibéraux de la mondialisation économique s’est amorcé dans les pays développés :

      neutralisation progressive du dialogue social, par la mise en concurrence mondiale des travailleurs,

      stagnation des salaires des secteurs concurrencés, en France comme dans la plupart des pays développés,

      inversion du rapport entre salaires et rémunération du capital (dividende) au profit des actionnaires,

      recul du droit du travail, pudiquement qualifié de flexibilisation mais aboutissant à sa précarisation,

      mise en concurrence de cadres administratifs et de formes sociales (transformation du chômeur en auto-entrepreneur, concurrençant l’entreprise traditionnelle),

      apparition et multiplication d’ateliers clandestins,

      forte progression du travail illégal, jusque sur les chantiers relevant d’appels d’offres publics, par le biais de d’une sous-traitance en cascade,

      coups de boutoir de la Directive des Services européenne, plus connue sous le nom de « directive Bolkestein »,

      … confrontant sur un même territoire les réglementations sociales dissonantes des pays membres de l’UE, en vue de leur harmonisation forcée par le bas.



      En d’autres termes :

      ● alors que l’entreprise avait été le cadre du progrès du droit du travail et du développement socioéconomique des pays industriels,

      ● désormais instrumentalisée par la mondialisation économique, elle est à l’inverse le cadre et le rouage forcé de la dérèglementation du travail, par le biais de celle des échanges dérégulés, et de la mise en échec programmée de la fonction régulatrice de l’État.

  • De la même façon, l’emploi se déplaçant d’un territoire à l’autre par la délocalisation de la production, ne le fait pas à qualité équivalente.

    Comment en serait-il autrement ? Puisque le moteur des délocalisations n’est pas la volonté des investisseurs à contribuer au développement socio-économique des territoires à bas coûts, mais bien l’opportunité d’accroître leurs profits grâce à des coûts de production inférieurs et une compétitivité concurrentielle accrue en proportions identiques.

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    • Une diminution progressive de l’avantage concurrentielTout ça pour ça !

      ● A terme, avec l’accroissement exponentiel de la part de production et de services délocalisés dans des territoires à bas coût, l’avantage concurrentiel se réduit pour deux raisons essentielles :

      d’une part, le nombre d’acteurs économiques transnationaux bénéficiant d’un même avantage concurrentiel augmentant, cet avantage tend à s’annuler,

      et d’autre part, avec l’augmentation de l’offre d’emploi dans les territoires à bas coût, les salaires finissent aussi par augmenter, ainsi donc que les coûts de production et le coût de la vie, diminuant d’autant l’avantage concurrentiel initial sur le marché des biens et des services.

      ● C’est d’ailleurs ce constat que retiennent les partisans de la mondialisation :

      ils voient en elle le moteur le plus puissant du développement socioéconomique des pays les moins avancés, leur permettant de devenir membres du club encore très select des pays émergents, (les BRICS).

      mais se gardent bien de prendre en compte la contrepartie négative de ce processus, consistant dans la destruction massive de valeur et ses conséquences à court, moyen et long terme (surexploitation et pollution de l’environnement, exploitation humaine, fracture sociale croissante entre pauvres et riches, déstabilisation sociétale - renoncement aux valeurs culturelles identitaires, sans forcément progresser en matière de respect des droits fondamentaux -, etc. )

      ● Or le fait de renoncer à l’équilibre entre les secteurs et les activités économiques complémentaires sur un même territoire, fragilise sa cohérence socioéconomique et sa cohésion sociale. Et la diminution des coûts de production ou des services obtenue grâce à une hyper spécialisation et à l’intensification des activités, ne fait que masquer à terme une baisse tendancielle de leur qualité, en termes d’utilité sociale et sociétale, et de soutenabilité environnementale, voire de leur qualité d’usage (réduction de leur durée de vie).

      Prétendre fonder l’économie d’un territoire sur le seul secteur tertiaire est aussi impossible qu’insensé, comme nous le précisons en pages :

      > De la VALEUR, en économie…

      > …aux VALEURS de civilisation

      Cette fragilisation vaut non seulement pour les pays développés en voie de désindustrialisation, mais aussi, sous d’autres angles, pour les pays producteurs à bas coût excessivement dépendants de marchés internationaux instables car hautement spéculatifs.

      ● Enfin, la course à la productivité exigée par la compétitivité qu’impose la loi des marchés, réduit constamment la part de travail nécessaire pour un volume croissant de production.

      Or à long terme, aucun scénario soutenable n’est envisageable sur cette base car :

      il faudrait pousser à toujours plus de consommation, des populations dont le pouvoir d’achat proviendrait de moins en moins de l’emploi et des revenus du travail…

      Ce qui se heurte à un double écueil :

      d’une part, ni les ressources de la planète, ni l’empreinte écologique catastrophique d’une production et d’une consommation sans limite, ne le permettraient ;

      d’autre part, l’idéologie néolibérale des promoteurs de la mondialisation commerciale et de la globalisation financière, désormais seuls détenteurs du pouvoir politique réel en Europe comme sur les autres continents, s’oppose farouchement aux politiques de protection sociale, environnementale et de redistribution.

      Par le biais des réformes structurelles imposées aux États, elle s’attaque sans relâche à leur rôle de régulation socioéconomique, ainsi qu’à l’activité et même à l’existence des pouvoirs publics, au système de cotisations sociales portant sur les entreprises, à l’impôt sur les revenus les plus élevés et à l’impôt sur le bénéfice des plus grands groupes (notamment en facilitant leur optimisation et leur délocalisation fiscale)…



      Et une dangereuse déperdition de l’investissement local en savoir-faire

      ● La problématique des transferts de technologie dans le cadre d’une stratégie économique de pénétration de marchés étrangers, engage de plus en plus souvent l’avenir même de nos économies nationales.

      En particulier, est-il acceptable qu’une innovation technologique subventionnée par des fonds publics nationaux :

      soit échangée par un groupe international, contre un droit de produire et vendre sur un territoire étranger ?

      Sans contre-partie globale objectivement positive pour le territoire d’origine,

      sinon, au contraire, l’obligation de réimporter sur son territoire d’origine cette production désormais délocalisée,

      et soumettre ensuite celui-ci à une concurrence toujours plus redoutable sur les marchés internationaux,

      du fait d’innovations qu’il avait lui-même facilitées, mais ont été ensuite cédées à la concurrence internationale,

      dans la seule perspective d’accroître les profits et les revenus actionnariaux du groupe.

      C’est ainsi que les avantages pour un même groupe de conjuguer sa production locale avec un déploiement international de ses sites, devraient être davantage mis en perspective avec leurs effets sur la production locale de ses concurrents nationaux…


      ● Transposées dans un contexte militaire de sécurité du territoire, de telles pratiques relèveraient :

      de la haute-trahison qui, en temps de guerre, conduisait ses acteurs au peloton d’exécution,

      voire de terrorisme à grande échelle, lorsqu’une crise financière de l’ampleur de celle de 2008 entraîne un tel lot de malheur sur toute la planète !

      Mais dans le cadre de la mondialisation économique, elle leur vaut tous les honneurs de la part des stratèges de la finance, et les meilleures places au top 40 français des rémunérations de nos “grands patrons” de l’industrie, de la grande distribution et de la finance…

Comment maintenir et développer l’envie d’innover et d’entreprendre,
dans les conditions d’un tel jeu de massacre ?

N’est-il pas urgent de réformer en profondeur ce système mondial de concurrence non soutenable,
ou à défaut d’y parvenir à temps, de tout faire pour s’en affranchir dès maintenant ?


Un autre scénario aurait-il été possible ?


  • Une autre mondialisation (altermondialisation) ou une autre politique économique à l’échelle des territoires aurait-elle permis un rééquilibrage et une harmonisation par le haut des disparités Nord / Sud, comme des inégalités au sein de chaque territoire dont on sait qu’elles sont génératrices de fracture sociale et de violence ? Quelle signification cela aurait-il pu avoir au niveau des entreprises ?

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    • Du point de vue des pays les moins avancés (PMA) et des pays émergents.

      ● Alors que les pouvoirs publics des pays développés avaient la capacité de faire respecter la réglementation locale en vigueur en matière de droit du travail et de fiscalité propre à une économie formelle, il n’était pas envisageable pour les PMA en voie de libéralisation économique de décréter la transformation soudaine de leur économie informelle en une économie formelle.

      ● Il s’agit d’un processus de transition nécessitant une progressivité et le respect de paliers institutionnels de décompression, comparables à la remontée de plongeurs de grandes profondeurs vers la surface, supposant au niveau des PMA une régulation gouvernementale adéquate.

      ● Mais dès lors que des institutions sont concernées, et dans ce cas il ne pourrait en être autrement, leur mode de fonctionnement est bien sûr engagé. Leurs dérives variant de fréquence et d’intensité d’un territoire à l’autre, les points faibles du dispositif sont prévisibles. Les coupe-feu adéquats peuvent et doivent alors être intégrés au système (essentiellement l’obligation de transparence de leur fonctionnement).



      Les échanges internationaux auraient nécessité des SAS d’harmonisation
      par le haut.

      C’est-à-dire un système d’écluses commerciales visant à réduire les différentiels de coûts entre les territoires.

      La conception d’une telle machinerie, ses rouages et ses réglages devraient intégrer des objectifs clairs, en vue de rendre compatible l’infiniment petit et l’infiniment grand de l’économie et des sociétés localement et globalement. Une telle tâche pourrait relever des lumières de disciples contemporains de Blaise Pascal

      ● Plutôt que d’exercer une pression à la baisse des coûts des pays développés, nuisible à leurs populations, il aurait suffi de consacrer une partie significative de la marge résultant de la différence entre les prix à l’export à partir des PMA, et le prix de mise sur le marché de leurs produits et services dans les pays importateurs, à un développement socioéconomique plus équitable et à la protection de l’environnement de leurs territoires.

      ● Un tel système de péréquation mondiale aurait permis aux PMA de mettre en place un système de protection sociale, de rendre beaucoup plus équitable la répartition naturelle des revenus par le travail dans l’ensemble de leur population et d’optimiser la demande intérieure, en faisant progresser le respect de leurs droits fondamentaux.

      ● Ainsi, les PMA auraient bénéficié d’un développement socioéconomique plus soutenable, ne les rendant ni excessivement dépendant de la demande internationale, ni fauteurs de dumping à l’encontre des pays développés. Il se serait solidement enraciné grâce à la formation d’une classe moyenne autochtone beaucoup plus importante, sans provoquer la régression de celle des pays développés.

      Car la prise de conscience des dictateurs chinois quant à la nécessité de développer leur demande intérieure sur la base d’une meilleure répartition du pouvoir d’achat, est bien tardive. Pendant plus de deux décennies, ils ont permis à leur modèle économique paradoxal de transiter par de multiples cases “terminator”, aussi bien sur le plan environnemental que sociétal. Phénomène aggravé et amplifié par une corruption généralisée de la base au sommet, davantage servie que combattue par la violence d’État propre à son système politique, lequel parvient de plus en plus difficilement à dissimuler ses excès.



      Cette question suppose bien sûr d’accepter de prendre réellement en compte
      … les dommages collatéraux de la mondialisation*…

      Les dégâts de la mondialisation économique et de la globalisation financière résultent de l’absence de régulation internationale, ou plus exactement de la dérégulation méthodique des échanges internationaux, conforme à l’idéologie néolibérale…

      Voir également notre page Mondialisation : Homo Praedator… Homo terminator ?

      ● Or le véritable moteur de la mondialisation a été la cupidité de la sphère financière voyant dans cet anti-modèle économique de prédation l’opportunité de constamment optimiser les marges bénéficiaires et d’accroître ses profits de manière exponentielle, d’année en année, précisément du fait de l’absence de règles de sauvegarde de l’intérêt général, tant au niveau des populations que de leur environnement naturel.

  • La ligne de faille qui sépare les “mondialistes” économiques, et les “anti” ou les “alter-mondialistes”
    … se situe justement à ce niveau.

    Voir également notre page Mondialisation : les Pro, les Anti et les Alter.

    (lire la suite…)

    • Les partisans de la mondialisation économique, néolibéraux inconditionnels :

      s’évertuent à ne voir que le verre à demi-plein de la mondialisation, la réduction des écarts de richesse et de prospérité entre les pays les moins avancés et les pays développés.

      se contentant de considérer comme un mal nécessaire sa contrepartie négative, en termes de fracture sociale au sein de toutes les sociétés du monde et de destructions environnementales, fussent-elles irréversibles,

      Voir notre page > Homo praedator… Homo terminator ?

      et continuent de prétendre que la meilleure ou la seule solution consiste dans toujours plus de libéralisation et de dérégulation.

      ● Les prosélytes les plus zélés de la mondialisation néolibérale demeurent les organisations économiques internationales officielles qui orchestrent sa partition : l’OMC, le FMI, la Banque Mondiale, l’OCDE, l’Union Européenne (ou plus précisément la Commission Européenne).

      Voir notre page Le rôle des Organismes Commerciaux et Financiers Supranationaux

      ● Elles sont appuyées par un nombre impressionnant de cercles d’influence, de clubs d’affaires et d’agences de lobbying, voire contrôlées par certains d’entre eux.

      Voir notre page Un système oligarchique mondialisé

      ● À tout âge et en toute circonstance, de l’enseignement public aux mass media, sur la plupart des ondes et sur tous les tons, l’opinion publique est perfusée en goutte-à-goutte par la pensée unique du discours officiel néolibéral. Celui de tous les politiques au pouvoir, lui-même légitimé par leurs prétendus experts, les économistes dits orthodoxes, prêcheurs robotiques inoxydables du laisser faire et du laisser passer.

      Écouter sur France Culture : 4 exposés de 3 minutes chacun
      de François Bourguignon, directeur de l’École d’économie de Paris
      et ancien économiste en chef de la Banque mondiale

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      Les anti-mondialisation, parmi lesquels les emblématiques “décroissants” :
      ou “objecteurs de croissance”

      Voir notre page Développement Durable ou Décroissance ?

      sont généralement partisans de l’auto-suffisance des territoires,

      et d’une coopération solidaire entre les territoires,

      de la relocalisation économique des productions délocalisées,

      de modes de production et de consommation raisonnables et raisonnés, respectueux des populations et de l’environnement,

      ce qui suppose la restauration d’une gouvernance économique publique, locale selon les uns, mondiale selon d’autres, voire d’un mode libertaire d’autogestion, pour les nostalgiques du courant socialiste utopique du XIXe siècle, qui avait également donné le jour à l’anarchisme pacifiste de Proudhon.

      Voir notre page Des gagnants et des perdants

      Dans ce cas, le modèle économique de l’ENTREPRISE ne peut demeurer celui du « croître ou disparaître »…



      La conciliation des positions n’est possible que dans la relativisation des principes

      ● Si pour le modèle néolibéral mondialiste la question fondamentale est :
      « Croître ou ne pas croître »,

      ● pour les courants éco-systémistes (qu’ils soient anti ou alter mondialistes) en revanche :
      « Être ou ne pas être »,
      telle est la question à laquelle aboutit toute projection dans l’avenir…

      La question de la croissance économique ressemble fortement à celle du régime alimentaire et de la philosophie qu’elle sous-tend :

      doit-on manger pour vivre ?
      ou vivre pour manger ?

      … sans négliger une question tout à fait légitime et fondamentale :

      celle du plaisir de vivre !

      Car dans l’absolu, la signification réelle de la croissance d’une économie, suppose une analyse allant très au-delà d’un chiffre brut ou des seules apparences.

      ● Pour secourir une personne en état de malnutrition, il peut être nécessaire de lui administrer pendant un certain temps un régime alimentaire dopé en nutriments destinés à combler ses carences. Elle peut alors rapidement prendre du poids, d’une manière qui serait tout à fait anormale et malsaine pour une personne initialement en bonne santé.

      C’est ainsi que nous pourrions considérer le taux de croissance impressionnant des pays émergents, en comparaison de celui des pays développés depuis longtemps.

      Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille :

      faire ingérer à un sujet dénutri n’importe quelle alimentation ou n’importe quel traitement, au risque d’affecter différents organes et de développer par la suite chez elle des maladies chroniques,

      ni compromettre la santé des uns, au prétexte de nourrir les autres, s’il n’y a pas de lien de cause à effet entre la bonne santé des uns et la mauvaise santé des autres.

      En revanche, il est essentiel de définir ce qu’est la santé, et de développer des protocoles d’optimisation de la santé de tous, accessibles à chacun au plus vite et durablement.

      ● En matière d’activité économique, est-il nécessaire de prendre constamment du poids, pourquoi et dans quelles conditions ?

      Comme un enfant ou un adolescent en pleine croissance physiologique, la croissance démographique d’un territoire justifie celle du volume global de son activité économique, et d’autant plus si de nombreuses carences restent à combler.

      Mais un adulte doit adapter son régime alimentaire à son activité réelle, laquelle définit ses besoins. Ni trop riche et abondant, ni trop peu. De même, l’activité physique doit être raisonnée : ni excessive par rapport aux limites naturelles de chacun, ni insuffisante, car les deux extrêmes sont des causes de maladies chroniques.

      Enfin, la quête de superflu des uns ne doit évidemment pas nuire à l’accès des autres à ce qui leur est vital.

      ● Les mondialistes estimeront que ce qui est vrai au niveau d’un territoire l’est forcément à l’échelle de la planète entière : aussi longtemps que des populations manqueront de l’essentiel, il est naturel que le Produit Intérieur Brut (PIB) mondial ne cesse d’augmenter, et peu importe qui travaille pour répondre au besoin de qui…

      CritèresQuantitatifsQualitatifs
      Croissance par habitantLe sens de la croissance du PIB d’un territoireLe sens des moyennes du PIB par habitant
      Répartition de la croissanceRépartition sectorielle : qui crée la valeur ajoutée ?Répartition sociale : qui bénéficie de la richesse créée ?
      Impacts RSE de la croissanceValeurs produites et détruites : quelles sont-elles et que comptabilise-t-on ?Bilan qualitatif d’impact des destructions et des productions de valeur

      ● Or, que ce soit à l’échelle locale d’un territoire, ou au niveau global planétaire, c’est un bilan net de production et de destruction de valeurs, qui résulte de l’activité de l’ensemble des acteurs économiques.

      Mais la croissance économique :

      n’exprime que la création de valeur comptabilisée,

      ne dit rien de la répartition de ses fruits supposés en fonction des besoins réels des populations,

      et ne prend pas en compte la destruction collatérale de valeur (externalités économiques négatives),

      ni surtout ses conséquences à court, moyen et long terme…

      Cette conception de la croissance économique est incompatible avec celle d’un développement socioéconomique soutenable.

      Voir notre page Développement durable ou décroissance ?

      ● Les enjeux de développement durable concernent donc la Responsabilité Sociétale et Environnementale de chacun de ces acteurs, au nombre desquels les entreprises jouent un rôle central, mais en interaction avec toutes leurs parties prenantes.

      Au premier rang desquelles, l’État, dont le renoncement à sa fonction de régulateur sous la pression des idéologues néolibéraux est grandement responsable des dérives de l’économie mondiale contemporaine

      Voir notre page Parties concernées, parties intéressées & parties prenantes

  • Alors que les partisans de la mondialisation néolibérale ne cessent de prétexter la nature inexorable de ses processus, toute analyse dynamique de ses conséquences sociétales et écologiques à court, moyen et long terme plaide au contraire pour la mise en place d’un système de régulation fondé sur des valeurs autres que la recherche du profit à court terme, et le toujours plus d’une croissance économique non soutenable.

    Le seul point de non retour réside dans l’acquis de cette certitude. Il s’agit désormais de redéfinir des règles communes, partagées par tous, en tous lieux, allant dans le sens d’un développement socioéconomique soutenable.

    Voir également notre page Et si enfin Homo Sapiens se donnait les moyens de mériter son nom…

    (lire la suite…)

    • Les modalités essentielles d’un telle régulation :

      Harmonisation réglementaire des territoires (démocratique, sociale, fiscale, monétaire, environnementale).

      ● Détermination de zones de libre-échange en fonction de limites de disparité, afin de tirer tous les territoires vers le haut en termes de développement socioéconomique.

      ● Intégration des conditions d’un développement socioéconomique soutenable (développement durable).

      ● Intégration des principes de Responsabilité Sociétale et Environnementale à cette réglementation commune.



      Cela revenant à :

      Conditionner les échanges tiers (hors de l’espace harmonisé) en fonction des règles de RSE auxquelles sont soumises les entreprises locales des territoires importateurs.

      ● C’est-à-dire, inverser la base de référence retenue par la définition actuelle du dumping imposée par l’OMC, qui fausse systématiquement la concurrence pour faire du libre-échange un dispositif de destruction massive de valeur, au service exclusif d’un profit maximal.


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