Qu’est-ce qu’un cynique ?
C’est un homme qui connaît le prix de tout
et la valeur de rien.
Oscar WILDE (L’Éventail de Lady Windermere - 1892)
L’État ne prend pas suffisamment en compte la qualité durable des produits et des services, ni la Responsabilité Sociétale et Environnementale des entreprises dans l’évaluation du pouvoir d’achat et du seuil de pauvreté de la population.
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Ce constat concerne de nombreux aspects des politiques gouvernementales de notre pays, depuis plus de 30 ans.
► Pouvoir d’achat et développement socioéconomique.
→ La notion de pouvoir d’achat ne devrait pas se limiter à un ratio se définissant simplement par « le revenu des ménages / divisé par le coût des biens et services nécessaires à leur existence ».
→ Quant à la définition du seuil de pauvreté, elle est également très relative, puisqu’elle doit tenir compte du niveau de vie local.
● Le pouvoir d’achat renvoie à la relativité de la notion de nécessité, en fonction du sens et de l’intensité que l’on attribue au besoin… Le besoin des uns peut être considéré comme superflu, inutile voire nocif par d’autres (les déchets provenant de la surconsommation du Nord, envahissent et polluent des territoires entiers et empoisonnent la population dans les pays du Sud).
● Pour un même type de consommation, le prix peut naturellement beaucoup varier en fonction de la qualité (alimentation, industrielle ou BIO ? / habillement, de confection locale ou au contraire émanant d’un sweatshop asiatique ?)
► Évolution des prix et réalité du pouvoir d’achat.
● Besoins et nécessité évoluent également dans le temps, notamment en fonction des innovations technologiques. Par exemple, le traitement de certaines maladies, son efficacité et son coût, sont très différents en ce début de XXIe siècle, de ce qu’ils étaient il y a seulement quelques décennies.
● Il est donc naturel que les prix évoluent, ainsi que le calcul du panier moyen, et celui du seuil de pauvreté en un lieu donné.
En France, l’évolution des prix est mesurée par l’indice des prix à la consommation, calculé par l’INSEE.
● Toutefois, il n’est pas simple de se prononcer sur la qualité constante des produits et services, condition nécessaire pour évaluer l’évolution de l’indice des prix à la consommation…
● Or, un même produit être à la fois l’objet de nombreuses améliorations techniques (voire d’une gadgétisation discutable), et d’une obsolescence programmée destinée à les faire tomber en panne de manière anticipée (généralement peu après la fin de leur période de garantie) afin d’accélérer le processus de leur remplacement.
→ Inutile d’insister sur l’impact catastrophique de telles pratiques sur l’environnement,
→ ni de préciser combien elles relativisent l’intérêt d’une concurrence par les prix
→ Quant à l’éthique économique sous-tendant cette stratégie, il va également sans dire qu’elle s’apparente à un abus de confiance à l’échelle planétaire, tout à fait caractéristique des ressorts de la mondialisation économique contemporaine.
● De même, la révolution agro-industrielle a conduit à une baisse considérable des prix de production agricole pendant la seconde moité du XXe siècle, et donc une réduction de la part de l’alimentation dans le budget des consommateurs. Les quantités produites ont largement augmenté.
Mais si la qualité nutritionnelle de cette production agro-industrielle n’est pas forcément contestable, ses conséquences sanitaires et environnementales, voire sociales, sont de plus en plus problématiques (empoisonnement des sols, de l’air et de l’eau, mise en danger des consommateurs, dépendance des agriculteurs à l’égard des multinationales de la pétrochimie et du génie génétique, etc.)
Or ce sont les prix de cette agriculture intensive, et non ceux de l’agriculture biologique, qui sont pris en compte dans le calcul du panier de la ménagère, du pouvoir d’achat des consommateurs et du seuil de pauvreté.
● De même, les productions industrielles et manufacturières intégrées à ce panier de consommation courante et à ces indices de prix, sont de plus en plus celles de la mondialisation, des produits d’importations low cost et de la délocalisation des emplois… C’est-à-dire de la stagnation des salaires et de la perte de revenus des salariés licenciés. Ainsi, pour éviter de laisser apparaître la pauvreté réelle de la population, ce mode de gouvernance publique tend à aggraver les causes mêmes de son appauvrissement !
● Donc, les pouvoirs publics sont encore loin d’avoir intégré les objectifs de qualité durable des produits et services, de RSE des filières de production, et de sauvegarde de l’emploi, dans leurs propres règles et pratiques d’achats publics.
→ Les budgets publics continuent généralement de privilégier la règle du mieux offrant, du point de vue exclusif du prix.
→ Si des dérogations de leur part à cette règle sont constatées un peu plus souvent, notamment en faveur d’entreprises de commerce équitable ou d’économie solidaire, elles demeurent l’exception.
Le prix payé par le consommateur n’assure pas suffisamment la prise en compte des coûts réels correspondant à la qualité du produit ou du service, et à la Responsabilité Sociétale & Environnementale des entreprises.
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Alors que la consommation des ménages a globalement augmenté, la part de l’alimentation et de l’habillement dans le budget des ménages a considérablement diminué en 50 ans. Selon une étude de l’INSEE de 2009, entre 1960 et 2007, la progression du niveau de vie va de pair avec une diminution de la part des dépenses liées à l’alimentation (de 38% à 25%) et à l’habillement (de 14% à 9%). Mais l’augmentation des revenus n’explique pas seule une telle évolution. La régression des prix relatifs des produits alimentaires et des produits textiles y est pour beaucoup.
► Mais cette diminution relative des prix à la consommation a de nombreuses contreparties négatives,
… qui peuvent se décliner en fonction des principaux critères de développement durable :
● Sécurité sanitaire et environnement : l’usage intensif de fertilisants et de pesticides de synthèse, issu de l’industrie agrochimique, stérilise les sols, détruit la biodiversité et nuit à la santé des agriculteurs comme des consommateurs.
● Conditions sociales de production et environnement :
→ Pourquoi la grande distribution et les franchises commerciales qui envahissent nos villes,
→ connaissent-elles une prospérité sans limite, alors que nos industries périclitent ?
→ Tout simplement parce-que les coûts de production des vêtements importés sont tellement bas
→ qu’ils leur permettent de réaliser des bénéfices énormes, malgré des prix de vente constituant une concurrence insoutenable pour la production française.
La concurrence de ces productions délocalisées et réimportées en France est déloyale et doublement destructive, puisque les victimes de cet état de fait sont à la fois :
→ la population du pays producteur (ouvriers exploités et empoisonnés, habitants victimes de la pollution ambiante),
→ et la population du pays importateur qui y perd ses emplois.
► De cette course aux prix bas résulte une relation perdant-perdant à grande échelle.
● Contrairement à ce que prétend l’OMC, il s’agit bien d’un dumping social et environnemental car les modes de production, par exemple en Chine, de ces articles importés massivement ne respectent pas les règlementations en vigueur sur notre territoire.
● Les véritables gagnants d’une politique de prix basée sur des coûts anormalement bas ne sont donc pas les consommateurs, ni même des producteurs dignes de ce nom, mais les organisateurs d’un commerce mondialisé totalement indifférent aux impacts de ses pratiques, et livré à lui-même en toute impunité par les institutions internationales…
Tout gouvernant sérieux et sincère, prétendant agir efficacement pour le bien des populations et de l’environnement, doit remettre radicalement en cause les règles de l’OMC, du FMI, de la Banque Mondiale et, pour ce qui nous concerne, celles de la Banque Centrale Européenne.
L’activité économique est, de manière générale, trop opaque ; faute de structuration transparente, les prix dissimulent trop souvent des profits excessifs ; les revenus générés sont inéquitablement répartis entre producteurs et distributeurs, entre salariés et partenaires financiers.
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C’est pour cette raison que les agriculteurs français réclamaient depuis des années à l’État d’imposer une plus grande transparence quant à la structure des marges et des prix.
● La loi de modernisation agricole de Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, a conduit à la création en 2010 de l’observatoire des prix et des marges. Son rôle consiste à suivre l’évolution des prix et des marges alimentaires.
Son premier rapport est sorti en juin 2011. Il pointe très clairement la responsabilité de la distribution dans l’opacité des prix et leur résistance à répercuter les variations à la baisse.
Car s’il est vrai que la marge brute n’est pas le bénéfice, il faut tout de même dénoncer certaines pratiques de la grande distribution consistant à comptabiliser un profit (marge nette) comme une charge. C’était notamment le cas des marges arrière, comptabilisées depuis 2006 parmi les autres avantages financiers.
Voir également cette page définissant la marge arrière :
Mais aucune transparence économique n’est pour l’heure exigée de la part des importateurs, sur filières de production délocalisées…
Le prix qui tue…
Cliquer
Du coût d’un produit ou d’un service à son prix final, d’un low cost résultant d’une saine rationalisation des coûts, à un low cost catastrophique faisant l’impasse sur la qualité sociale, les risques sanitaires (y compris ceux du consommateur) et l’environnement, seule une transparence économique suffisante des entreprises permettrait de s’y retrouver.
Cliquer : | |
Les exemples de “Ryan Air” et de “Amazon” France Inter - « On n’arrête pas l’éco » - émission du 5 octobre 2013 |
La marque et le prix garantissent-ils la qualité des produits et des services ?
Les résultats des analyses pratiquées par l’ONG GreenPeace dans le cadre de sa campagne « DETOX », prouvent que non.
Cliquer : | |
« Textiles toxiques – Résultats des analyses de vêtements » Une enquête conduite par GreenPeace |
Cliquer : | Le rôle essentiel du journalisme d’investigation : | ►►►►►►►►► |
« Quand le cuir en veut à notre peau » (Documentaire France 5 diffusé le 06.10.2013) |
Certains signes devraient pourtant nous alerter.
Prenons l’exemple d’un Jeans de marque vendu en solde à -50%, au prix de 85 €.
(pourtant là, nous sommes a priori loin du low cost de la grande distribution…)
(source chiffrée : L’Éthique sur l’Étiquette )
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On serait tenté de se dire qu’un produit à bas coût, low cost, suffit à désigner une non-qualité et un risque social, sociétal et environnemental global…
► Or c’est là que les choses se compliquent !
● Le prix d’un produit non durable peut être élevé du fait d’une marge nette (bénéfice) disproportionnée en comparaison de son prix de revient réel :
→ Ainsi, ce n’est pas parce qu’une marque délocalise sa production vers un
→ territoire à bas coûts que ses prix de vente diminuent significativement.
→ En revanche, c’est son taux de profit qui s’envole, pour le bonheur de ses
→ actionnaires.
Durable ou non durable ? « That is the question… »
● Mais c’est le plus souvent au double détriment :
→ du territoire de production, du fait des impacts environnementaux et sociétaux
→ négatifs,
→ et du territoire de consommation qui réimporte ses produits après avoir subi
→ la délocalisation de leur production (perte d’emploi et de savoir-faire, perte de
→ PIB et ralentissement économique, accroissement des coûts de compensation
→ sociale, du déséquilibre budgétaire et finalement de l’endettement, ou
→ régression de la protection sociale et délitement de la société)…
● Parallèlement, un produit low cost peut résulter d’une rationalisation ou d’une amélioration de sa méthode de production, d’une simplification de ses fonctions, sans réduire automatiquement sa qualité sociétale et environnementale.
● Il est donc nécessaire de pouvoir faire la distinction entre simplicité ou efficacité, et surexploitation de l’environnement et du “facteur” humain.
Car le low cost résulte trop souvent de pratiques outrepassant les limites du raisonnable et de l’acceptable :
« La course aux petits prix tue la planète »
► L’impact sociétal et environnemental d’un produit est très lié à son coût
Externalités économiques négatives : les dommages collatéraux de la non-qualité
Le coût est non durable lorsqu’il s’avère irresponsable :
● non respect des droits fondamentaux des travailleurs,
● non respect de la sécurité des consommateurs,
● pratiques économiques déloyales ou délictueuses,
● destruction de l’environnement et contribution au dérèglement climatique.
C’est tout au long d’une filière de production et de distribution que les points à risques doivent pouvoir être connus et analysés. Ils portent essentiellement sur :
→ les rémunérations, les conditions de travail et de vie des travailleurs,
→ l’innocuité des produits et des services à l’égard des consommateurs,
→ la répartition du flux financier entre les acteurs économiques de la filière,
→ sa contribution fiscale au développement socioéconomique des territoires
→ de production et de consommation,
→ l’impact environnemental effectif des produits et des services, de leur
→ conception à leur fin de vie.
Cliquer sur l’icône:
● Si des marques dont les prix n’ont théoriquement rien du low cost se font régulièrement épingler pour faits d’exploitation humaine dans les ateliers de misère des sous-traitants auxquels elles ont délégué les basses œuvres de ce mode de production, et pour les conséquences environnementales gravissimes de leurs pratiques irresponsables, il n’est pas difficile d’imaginer l’impact social et écologique de la production de masse d’un Jeans mis en rayon des grandes surfaces au prix improbable de quelques euros…
Or c’est ce low cost qui va finir par être intégré au panier de la ménagère servant de base de calcul du pouvoir d’achat ! Tout comme nos plats préparés industriellement par des filières tout aussi improbables devenues quasiment intraçables ou notre ordinateur dont le prix relatif n’a cessé de baisser, au fur et à mesure de la mondialisation de leur production…
● Pour s’assurer de la qualité réelle d’un produit ou d’un service, une condition est incontournable : la transparence économique de sa filière.
Mais c’est au contraire l’opacité qui est la règle du libre-échange et de l’économie mondialisée.
La recherche permanente de compétitivité se fait essentiellement au détriment des personnes et de l’environnement.
Ce modèle économique engage donc directement la responsabilité des acteurs détenant le pouvoir d’agir autrement : investisseurs financiers, donneurs d’ordres, distributeurs, producteurs, mais aussi consommateurs, pouvoirs publics et syndicats.
La hiérarchie de leurs responsabilités varie en fonction du pouvoir que les uns exercent sur les autres.
L’effet dumping consiste donc essentiellement dans un facteur négatif, en creux, générateur de maux divers, un peu comme la douleur rémanente provenant paradoxalement d’un membre amputé.
Ce qui fait réellement mal dans un prix non durable provient de l’absence ou l’insuffisance de certains coûts, ceux qui auraient permis de prévenir les risques résultant de la non-qualité, qu’elle soit technique (d’usage), sociétale ou environnementale.
Il s’agit d’un manque à coûter qui se traduit obligatoirement par un manque à valoir, un défaut de valeur du produit ou du service pas forcément évident à première vue, mais dont l’effet destructeur cumulatif apparaît et croît de manière exponentielle au niveau global des populations et de l’environnement.
Voir notre page Homo praedator… Homo terminator ?
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Cliquer sur le graphe pour l’agrandir :
► Structure des prix et concurrence faussée
● Dès lors que le dogme du libre-échange actuellement imposé à l’échelle planétaire par les idéologues néolibéraux fonde la concurrence uniquement sur les prix, et ne prévoit aucune condition de qualité sociale et environnementale de la production, du commerce et de la finance, il est un obstacle à une harmonisation qualitative des biens et des services par le haut.
Au contraire, la norme étant alors un alignement sur les prix les plus bas, ce dogme dit de concurrence libre et non faussée constitue une prime à la malfaisance économique, facilitée par l’opacité des filières et de leurs pratiques.
● Il est vrai que ce cynisme économique doit beaucoup à son idéologue emblématique, le prix Nobel d’économie de 1976, Milton Friedman, qui fondait la vertu de l’économie de marché sur la cupidité ( greed en Anglais ) des acteurs économiques :
● La structure des prix de la mondialisation commerciale contemporaine reflète parfaitement les objectifs de cette idéologie, qui voit l’accomplissement de l’intérêt général dans l’enrichissement sans limite d’une élite, qui génèrerait un effet de ruissellement comparable à celui d’une fontaine de champagne.
Comme en matière de spéculation financière, peu importe donc que le profit soit réalisé au détriment de :
→ P - la qualité d’usage du produit, au risque de la mise en danger des consommateurs, et au mépris de leur intérêt économique à plus long terme (obsolescence programmée et dépendance excessive du réseau de distribution),
→ E - la qualité environnementale dont la règlementation et surtout son respect varie grandement d’un territoire à l’autre,
→ S - la qualité sociétale, qui regroupe à la fois les conditions sociales de production (conditions de travail, rémunérations, protection sociale en termes de couverture médicale, d’âge légal et de pension de retraite, etc.) et les répercussions plus vastes sur les populations (droits fondamentaux et conditions de vie),
→ T - les taxes et impôts permettant aux États de conduire les politiques de développement soutenable à long terme, de régulation socioéconomique et de solidarité (redistribution évitant la dérive des inégalités générant le délitement des sociétés et la violence). L’évasion fiscale mondiale expliquant en grande partie l’explosion de l’endettement des États…
► L’effet dumping :
…un potentiel de nuisance concurrentiel fondé sur des coûts irresponsables
● La compétitivité par les prix sur un marché à un instant “T” consiste dans la différence globale des coûts et des marges nettes (profits) entre deux produits.
Dans l’exemple présent, la différence de prix entre les 2 jeans, l’un de qualité durable et l’autre non, est de 38,74€, soit 28% du prix du produit de qualité durable.
Mais le différentiel global de leurs coûts respectifs se décompose de la manière suivante :
→ P1 - P2 = - 13,30€, soit 23,2% du différentiel de coûts entre les 2 produits
→ concurrents.
Il s’agit à la fois de l’effet low cost lié au différentiel de niveau de vie (voire de manipulation du cours des monnaies, comme c’est le cas du Yuan chinois très largement sous-évalué) entre les territoires où est produit le jean de qualité durable et ceux où est produit le jean de qualité non durable, et des économies réalisées au détriment de la qualité technique du produit et de sa durée de vie.
→ E1 - E2 = - 14,27€, soit 25% du différentiel de coûts entre les 2 produits
→ concurrents.
Cette économie est réalisée au détriment de la protection de l’environnement.
→ S1 - S2 = - 15,63€, soit 27,3% du différentiel de coûts entre les 2 produits
→ concurrents.
Cette économie est réalisée au détriment de la protection sociale et de l’impact global de l’activité économique sur les sociétés.*
→ T1 - T2 = - 14,01€, soit 24,5% du différentiel de coûts entre les 2 produits
→ concurrents.
Cette économie est réalisée au détriment de la contribution globale de l’activité économique au budget des États, l’idéologie néolibérale niant leur capacité et même leur légitimité de gouvernance dans le sens de l’intérêt général des sociétés et de la protection de l’environnement.
Ce faisant, c’est l’idée même de démocratie qui est rejetée par les tenants de cette idéologie, au profit d’une privatisation de l’État et de ses fonctions régaliennes.
● Mais le potentiel de nuisance concurrentielle par les coûts s’exprime pleinement lorsque deux produits concurrents décident de renoncer à leur profit pour emporter un marché, compte-tenu que la vente à perte n’est pas autorisée et constitue la seule qualification reconnue de prix prédateur et de concurrence déloyale.
Dans notre exemple présent :
→ le produit durable ne peut voir son prix diminuer que de 5,74€, soit 4% de son
→ prix initial.
→ alors que le prix du produit non durable est susceptible d’être abaissé de
→ 24,22€, soit 24% de son prix initial.
Le potentiel global de dumping du second au détriment du premier est de 57,21€, soit de 43% du coût réel du produit durable.
► Le dumping se traduit par des externalités économiques négatives :
● En d’autres termes, lorsqu’une entreprise parvient à réduire ses coûts au détriment de la qualité sociétale et environnementale (QSE) de ses produits ou de ses services, cela engendre généralement des effets négatifs subis par l’ensemble de la société, voire toute la planète.
● Or il est très difficile d’évaluer financièrement les conséquences des déficits qualitatifs des activités économiques.
En effet :
→ s’il est relativement aisé de chiffrer le manque à valoir du produit non durable
→ (ici, 57,21€)
→ les conséquences peuvent s’avérer sans commune mesure !
Par exemple, le coût de vérification d’un joint ou de son changement dans une usine chimique n’a rien à voir avec les conséquences de son explosion, sur la population riveraine, l’atmosphère, les terres, l’eau et les activités agricoles alentour, parfois à très long terme…
● De même, à l’échelle macroéconomique, personne n’est en mesure de prévoir le niveau de gravité de la pollution intensive qui affecte l’atelier du monde qu’est devenue la Chine.
En 2005, l’économiste chinois Mao Yushi estimait que la comptabilisation des destructions environnementales découlant des modalités de production de son pays représenterait environ 10% de son PIB. Cette même année, son taux de croissance officiel (dont les chiffres sont chroniquement assez peu fiables) était de l’ordre de 9,5%.
Si l’on ajoute à cela les dégâts sociaux (accidents et maladies professionnelles) et sociétaux (droits fondamentaux bafoués, corruption, expropriations, etc.) qui caractérisent l’économie et la société chinoise, la mondialisation économique conduiraient chaque année la Chine à enregistrer un solde très négatif de son PIB, et d’une année à l’autre, une croissance négative…
● Ainsi devrions-nous inverser la vision habituelle de la mondialisation et nous demander :
→ quel est le coût global réel à long terme du low cost pour les consommateurs
→ comme pour toute la planète ?
→ combien faut-il sacrifier de populations pour générer un nouveau milliardaire,
→ en Chine, et ailleurs ?
La structure du prix recouvre la réalité de la qualité d’un produit ou d’un service, et de la Responsabilité Sociétale et Environnementale (RSE) d’une filière. Or l’absence de prise en compte de leur Qualité Sociétale et Environnementale (QSE) est au cœur de la problématique de dumping faussant la concurrence paradoxalement prétendue libre et non faussée…
Pour restaurer le sens d’une concurrence soutenable, il est essentiel de connaître cette structure des prix pour pouvoir les analyser et les comparer. D’où l’importance stratégique d’un niveau de transparence des entreprises permettant de parvenir à établir des repères fiables concernant non seulement la gouvernance RSE des entreprises, mais également la cohérence des politiques économiques gouvernementales.
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► Analyse comparative d’un prix durable et d’un prix non durable.
● S’il est extrêmement difficile de distinguer a priori un produit durable d’un produit non durable seulement à partir de son prix, en revanche la comparaison de la structure du prix de deux produits apparemment similaires est très parlante, dès lors qu’on la recoupe avec les informations de leur cycle de vie respectif :
→ modalités du process (procédés, localisation des activités de la filière de
→ production et conditions sociales et environnementales de fabrication),
→ transports (modalités et conditions sociales et environnementales),
→ distribution (modalités et conditions sociales et environnementales),
→ consommation et utilisation (équité économique en termes de pouvoir d’achat,
→ sécurité du consommateur, impacts écologiques),
→ fin de vie (recyclage et déchets, dimension sociale, sociétale, économique et
→ environnementale).
Comparaison de la structure du prix d’un produit rapporté à sa filière
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Dans cet exemple :
→ La division internationale du travail ayant pour objectif de rechercher les coûts de travail les plus bas de la planète et la possibilité d’échapper au droit du travail et aux règlementations environnementales les plus efficaces, accroît les distances parcourues et donc les transports.
→ Les modes de transport choisis sont généralement les moins chers, mais également au détriment des conditions de travail (notamment des équipages des cargos ou des chauffeurs routiers) et de l’environnement (consommations de carburants, pollution atmosphérique et maritime).
Si le coût du transport intégrait le coût réel de sa Responsabilité Sociétale et Environnementale, il serait multiplié par 8 ou 10 et modifierait radicalement la stratégie des entreprises : elles s’efforceraient de rapprocher partout la production de la consommation, et ne miseraient plus sur une mise en concurrence des territoires via une division internationale du travail qui est actuellement essentiellement agressive, et non pas coopérative.
→ Il en va de même au niveau de la répartition du flux financier généré par le commerce mondial de production délocalisée.
Si elle enrichit les propriétaires d’usines et produit de nouveaux milliardaires chaque année, notamment parmi les bénéficiaires de privatisations à la hussarde des secteurs publics (oligarques russes, milliardaires rouges en Chine), ou les grands propriétaires terriens dévoreurs de la forêt amazonienne au Brésil, et provoque une urbanisation planétaire spectaculaire (génératrice d’une spéculation immobilière passant pour une production nette de richesse), elle repose essentiellement sur des conditions de travail sub-humaines et une destruction accélérée de l’environnement.
→ Rien d’étonnant alors, à ce que les véritables bénéficiaires de cette économie mondialisée soient prioritairement les marques et les réseaux de distributeurs, au détriment des véritables producteurs et même des consommateurs qui paient toujours trop cher pour une qualité qui n’est plus au rendez-vous…
Voir notre page :
Gagnants et perdants de la mondialisation économique et financière
Nous proposons une version plus détaillée de ce chapitre et de cette analyse dans le cadre de l’accompagnement des entreprises et de leurs parties prenantes membres du programme FRANCE DURABLE.
● La comparaison de la structure du prix de deux produits ou services concurrents, permet d’une part :
→ de savoir ce que recouvrent réellement les coûts,
→ et de distinguer leur marge nette (profit) réelle, souvent déguisée en coût…
→ (c’est notamment le cas de la marge arrière précitée), de leur marge brute
→ (le chiffre d’affaire moins les achats).
● Elle permet d’autre part d’évaluer financièrement la part du prix constitutive d’un facteur de dumping, qui est à la fois à l’origine :
→ des externalités économiques négatives de la filière de production et de
→ distribution,
→ et de la destruction des activités de production les plus respectueuses des
→ populations et de la Nature.
…du fait des économies réalisées en matière de coûts, au détriment de la sécurité des travailleurs et de leur droits, de la sécurité des consommateurs, de leurs emplois et de leur pouvoir d’achat, de l’environnement et à terme, de la santé publique, etc.
► Le rôle essentiel des parties prenantes de l’entreprise :
● Le rôle des consommateurs est donc crucial dans l’impact sociétal et environnemental de l’économie, en fonction de leurs modes d’achats et d’usage des produits et des services.
Mais pour pouvoir exercer pleinement leur responsabilité, ils doivent :
→ bénéficier d’une visibilité et d’une compréhension suffisante des critères de
→ qualité des produits et des services, ainsi que de leur usage.
Voir cette approche de “cycle de vie” appliquée aux Jeans :
→ et bien sûr disposer d’un pouvoir d’achat compatible avec une consommation
→ responsable.
● Mais celui des pouvoirs publics ne l’est pas moins. Et les politiques économiques internationales de libre-échange inconditionnel imposées par l’OMC ou l’Union Européenne, mis en perspective avec leurs impacts sociétaux et environnementaux, ne peuvent que sembler pure folie.
Ce fut en particulier le cas de la fin des “accords multifibres” en 2005 :
Voir également notre page :
“Toujours plus, toujours moins cher…”
L’obsession monétariste de la politique européenne :
« Dessine moi l’éco - La création monétaire : un taux d’inflation à contrôler »
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Mais dans un contexte de globalisation financière, la gouvernance monétaire d’un territoire ne suffit pas à réguler l’inflation.
Car d’une part, les flux mondiaux de capitaux, quelle que soit leur origine (y compris le blanchiment de l’argent d’activités criminelles) parviennent à déséquilibrer profondément les marchés intérieurs et les prix d’un territoire.
D’autre part, la notion d’inflation nécessite que l’on s’intéresse de plus près à son origine et à ses modalités, pour s’assurer de sa réalité et comprendre son impact.
► Une augmentation des prix due à une amélioration de la qualité des produits et des services :
►►► ► ► ► ce n’est pas de l’inflation, mais du développement.
► En revanche, une bulle spéculative, qu’elle touche l’immobilier ou tout autre produit ou service :
►►► ► ► ► c’est bien de l’inflation, nuisible au développement.
Or :
►►► ● l’inflation d’origine spéculative est provoquée par le libre fonctionnement des marchés,
►►► ● en particulier des marchés financiers,
►►► ● lesquels exigent des politiques monétaires qu’elles compensent l’augmentation des prix
►►► ● sans augmentation des revenus du travail, mais au détriment de la valeur !
►►► ● C’est-à-dire en dégradant la qualité sociétale et environnementale (QSE) des biens, des services,
►►► ● du travail, et des conditions de vie des populations…
Dans tout pays à haut niveau de vie et à disparité de revenus limitée, le coût de la vie exprimé par le niveau général des prix est naturellement élevé.
Prétendre lutter contre l’inflation et maintenir le pouvoir d’achat, en imposant des produits moins chers parce que de moindre qualité, n’est pas soutenable à terme.
Mais ce biais est facilité par le fait que la notion de qualité recouvre 2 dimensions :
→ la qualité directe (intrinsèque) d’usage d’un produit ou d’un service.
→ et une qualité indirecte (externalisée) liée aux impacts sur la société et l’environnement,
→ tout au long de la vie du produit (ou d’une prestation de service), de sa production à sa destruction,
→ en passant par sa période d’usage et d’entretien (son cycle de vie).
Malheureusement, seule la première est généralement prise en compte par les économistes et les gouvernants néolibéraux, contrairement à l’approche de l’écologie dite politique.
Le fait de négliger l’impact social, sociétal et environnemental des biens et services, et de se refuser à prendre en compte les effets pervers du dumping multiforme généré par un libre-échange inconditionnel, inverse le sens du développement socioéconomique à l’échelle planétaire.
Cette pratique destinée à protéger les revenus financiers au détriment de l’emploi et des revenus du travail, entretient l’illusion d’un pouvoir d’achat, tout en masquant la progression réelle d’une pauvreté rampante.
Un tel contresens est incompatible avec une gouvernance responsable et un développement prétendu durable.
Voir également notre page :
« Production, consommation et développement socioéconomique durable »
Avant de nous lancer dans un plongée au cœur du prix, constatons qu’il est lui-même au centre des problématiques qui conditionnent toutes les politiques économiques.
(lire la suite…)
● l’inflation,
● le pouvoir d’achat,
● les coûts de production et la compétitivité des entreprises,
● la balance commerciale du pays,
● le budget de l’État et la dette,
…chacun de ces éléments, parmi bien d’autres, constitue un sous-système du vaste système macroéconomique. Tous sont interdépendants et interagissants.
L’inflation, le pouvoir d’achat et la consommation, les coûts de production et la compétitivité des entreprises, la balance commerciale, le budget de l’État et la dette, sont effectivement des problématiques liées, interdépendantes et interagissantes.
(lire la suite…)
► Pour rester très général, et s’en tenir à de grandes tendances :
● L’inflation agit sur le pouvoir d’achat, mais aussi sur les coûts de production et sur la compétitivité des entreprises. A priori, ce n’est pas du tout souhaitable.
● Le pouvoir d’achat détermine la consommation et donc l’activité des entreprises, l’emploi, les revenus des ménages, et finalement leur pouvoir d’achat… Le serpent se mord la queue.
● Les coûts de production jouent sur la compétitivité des entreprises, sur leur viabilité économique et donc sur l’emploi ; lequel, via les salaires, conditionne le pouvoir d’achat des ménages, donc leur potentiel de consommation et la viabilité économique des entreprises. Pour faire simple, des coûts de production élevés, nuisent finalement à l’emploi et à toute l’activité économique.
● La balance commerciale, c’est à dire le solde entre nos exportations et nos importations, est affectée par un manque de compétitivité des entreprises locales par rapport à la concurrence internationale, aussi bien à l’export que sur le marché intérieur. Car même une entreprise qui ne se positionne pas à l’export peut être supplantée localement par des produits d’importation ou par des services délocalisés.
● Le budget de l’État dépend de ses recettes. Lorsque ses recettes sont inférieures à ses dépenses, le budget de l’État enregistre un déficit. L’ensemble du déficit des Administrations publiques constitue le déficit public. La dette publique est le cumul des emprunts effectués d’année en année par l’État, non encore remboursés, augmenté des intérêts (le service de la dette) :
→ | à niveau de dépenses constant, | |
la baisse des recettes de l’État accroît sa dette, | ||
→ | à niveau de recettes constant, | |
la hausse des dépenses de l’État accroît également sa dette, | ||
→ | et le service de la dette | |
(le paiement des intérêts que l’État doit verser à ses créanciers) | ||
accroît bien plus vite encore le volume de la dette. |
► Réduire la gabegie résultant d’une mauvaise gestion publique
… ou de la corruption, ainsi que la fraude des entreprises comme celle des particuliers, est un exercice absolument nécessaire pour, à la fois :
→ | accroître les recettes de l’État, | |
→ | diminuer les besoins injustifiés, | |
→ | et prévenir l’évaporation des deniers publics. |
► Mais encore faut-il faire preuve de discernement :
→ | entre gaspillage et besoins réels de l’État et de la fonction | |
publique, | ||
→ | entre les fonctions relevant d’une contrainte de rentabilité | |
économique et celles répondant à la nécessité de viabilité | ||
et d’équilibre social, | ||
→ | entre la vocation de la fonction publique et celle du secteur | |
privé, | ||
→ | entre l’ intérêt général et les intérêts particuliers… |
La politique économique dominante, que ce soit au niveau international (OMC, FMI, Banque Mondiale, Union Européenne, les analyses et les conseils de l’OCDE, etc.) ou national, est avant tout monétariste. Même si depuis la crise de 2008, il arrive au FMI de s’inquiéter de l’effet négatif de politiques de rigueur budgétaire, sur la croissance des pays endettés.
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► L’obsession monétariste de nos gouvernants est l’inflation.
Le plus gros bouton de leur tableau de bord sert à régler le taux d’intérêt. C’est lui qui influe sur l’offre et la demande d’argent (le crédit). En modulant la masse monétaire, le taux d’intérêt - ou taux directeur - est censé agir sur toute l’activité économique (investissements, échanges, production, emploi revenus, consommation). C’est un bouton que l’Europe utilise avec parcimonie et solennité.
La masse monétaire est essentiellement accrue par le crédit et résorbée par son remboursement. La monnaie fiduciaire (billets et pièces) est marginale. Elle ne représentait en 2009 guère plus de 3 pour 100 de la masse monétaire totale. La masse monétaire est constituée à plus de 90 pour 100 de crédit émis par les banques commerciales.
La monnaie fiduciaire étant la seule créée par les banque centrales, cela donne une idée plus précise du rapport de force actuel entre les marchés financiers et les États…
Ainsi, plutôt que d’encadrer réglementairement le crédit, ce qui reviendrait à reprendre relativement la main sur la gestion monétaire, les banques centrales préfèrent intervenir indirectement en actionnant le bouton de réglage des taux directeurs. Agissant finalement sur l’offre et la demande de biens et de services, en fonction du degré de disponibilité du crédit, la variation du taux d’intérêt est censée contrôler le niveau des prix et donc prévenir toute flambée inflationniste. Elle est pratiquée par les banques centrales : la Réserve Fédérale des États-Unis (Federal Reserve System, ou la Fed pour les intimes), la Banque Centrale Européenne (B.C.E.), etc.
Nous noterons à ce sujet l’incroyable suivisme différé dont fait preuve la B.C.E. par rapport à la FED : voir l’évolution de leurs taux directeurs respectifs dans la dernière décennie.
Ce phénomène prouve, s’il en était besoin, à quel point le néolibéralisme anglo-saxon domine les politiques économiques européennes.
► A quoi le bouton de réglage des taux directeurs sert-il ?
● Plus le taux directeur est élevé, plus l’épargne est encouragée, puisqu’elle est mieux rémunérée. Donc les prêteurs seront incités à prêter et les emprunteurs trouvent à emprunter. Les entreprises sont encouragées à investir dans leur activité pour améliorer leur compétitivité à long terme. Mais si l’épargne des ménages augmente, c’est leur consommation qui en pâtit, et donc l’activité immédiate des entreprises.
● Par ailleurs, si ce taux directeur est trop élevé, le poids de la dette des emprunteurs augmente. S’ils en ont la possibilité, ils attendront que les taux baissent pour emprunter. Il y a donc une fourchette d’efficacité du bouton de réglage à la hausse des taux directeurs.
● Inversement, plus le taux directeur est bas, moins il est intéressant d’épargner. Les emprunteurs sont incités à emprunter, mais ils risquent de moins trouver d’argent disponible sur le marché financier. C’est la consommation qui est encouragée, au détriment de l’investissement à long terme des entreprises et de leur compétitivité. En revanche, leur activité immédiate est soutenue par la demande de biens et de services.
● Mais si la demande devient très supérieure à l’offre, le risque est une augmentation des prix consécutive à une surchauffe de l’économie. Là encore, pour tenir compte de la contrainte monétariste de maîtrise de l’inflation, il existe une fourchette d’efficacité du réglage à la hausse des taux directeurs.
► Par ailleurs, sur le plan socioéconomique :
● Toute hausse des salaires est responsable d’une hausse des coûts de production et des prix, qui affecte la compétitivité des entreprises et accroît le risque d’inflation.
● Pour préserver le pouvoir d’achat, il suffit d’exercer une pression au maintien, voire à la baisse des prix des biens de consommation des ménages.
● C’est par la concurrence et le libre-échange que la loi de marché contraint les entreprises à maintenir les prix les plus bas ; cela bénéficiant au pouvoir d’achat des consommateurs, donc à la consommation et à l’activité économique globale, à la croissance et à la prospérité générale.
Mais si l’on en juge aux effets sur l’économie réelle du strict contrôle de l’inflation par la Banque Centrale Européenne depuis la création de l’EURO, il pourrait bien y avoir un vice de forme tout à fait délétère dans ce système, découlant d’un gros malentendu, d’un très mal-dit et surtout d’un bien mal-pensé : car au fait, c’est quoi l’inflation ?
Mais à y regarder de plus près, selon la lecture que l’on a de la nature de chacune de ces problématiques, de ces sous-systèmes, les politiques choisies pourraient varier totalement.
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► Une Europe plus royaliste que le roi américain du néolibéralisme…
● Le monétarisme américain étant beaucoup moins dogmatique que celui de l’Europe à l’égard du risque inflationniste, les États-Unis sont beaucoup plus réactifs. Leur économie bénéficie systématiquement du rythme soutenu des relances par le crédit, avec les risques de bulles financières que le monde entier doit subir lorsque ces bulles éclatent.
● Prise en étau entre la compétitivité économique d’un dollar faible et celle du yuan chinois dont la valeur est arbitrairement fixée au plus bas par le gouvernement de Pékin, l’Europe est finalement contrainte de tempérer sa rigueur monétariste, et d’ajuster ses taux directeurs, à contre-cœur comme en témoigne la moindre amplitude des ajustements pratiqués par la B.C.E., en comparaison avec ceux de la FED.
Mais réagissant parfois avec plusieurs mois de retard sur les États-Unis, elle ne fait que limiter les dégâts, sans bénéficier de l’effet de rebond qui a si longtemps caractérisé la politique économique américaine.
● Le résultat de cette course insensée est à la fois l’explosion des dettes publiques (en 2011, celle des États-Unis atteint 100% de son PIB, et celle de la France a dépassé les 80% pour atteindre 90% en 2013).
● Or la dette publique est le principal argument des États pour réduire les dépenses publiques.
► Si le fait de diminuer les dépenses sociales de l’État
…affecte la redistribution nationale du revenu :
● le pouvoir d’achat des ménages, la consommation et l’activité des entreprises en sont affectés,
● donc la collecte des impôts et des taxes par l’État (TVA, impôt sur le revenu des particuliers, impôt des entreprises) aussi,
● et finalement le budget de l’État est impacté, ainsi que la dette publique.
► En revanche, *le déficit de la balance commerciale se traduit par
…un manque à gagner de l’activité productive et des services* :
● Nous n’insisterons jamais assez sur la responsabilité du déficit de la balance commerciale dans le déficit budgétaire des États. C’est de toute évidence le cas de des États-Unis, du Royaume-Uni ou de la France, contrairement à l’Allemagne.
● En 2010, la balance commerciale de l’Allemagne est excédentaire en 2010 de 154,3 milliards d’euros. Son déficit public n’était en 2009 que de 3,3 pour 100 de son PIB. Et sa dette publique était de 77,2 pour 100 de son PIB.
Dans le même temps, la balance commerciale de la France enregistre un déficit de 66,2 milliards d’euros, un déficit public de 7,9% de son PIB, une dette publique de 77,5%, et surtout une dette extérieure de 5 021 milliards de dollars (une fois et demie son PIB).
● Contrairement à ce que trop d’économistes conformistes prétendent, la contribution de l’activité commerciale au budget de l’État, portant sur les produits importés et les activités de services délocalisées, ne compense pas le manque à gagner de l’État dû à leur non-production intérieure.
Le manque de statistiques et d’analyses économétriques à ce sujet est pour le moins regrettable, sinon étrange…
● De plus, si ces produits et services n’étaient pas importés mais élaborés localement, la contribution du secteur commercial au budget de l’État ne serait pas moindre, sauf s’ils se vendaient moins que les produits et services importés. Or, si la situation de l’emploi, le niveau des salaires et le revenu global des ménages s’amélioraient, leur pouvoir d’achat progressant, les consommateurs seraient en mesure d’acheter des produits plus chers, de qualité plus durable..
● Dans les pays où les niveaux de vie sont les plus élevés, le niveau des prix est également supérieur à celui des pays à moindre développement socioéconomique. D’où l’importance fondamentale de ne pas confondre l’inflation avec une hausse des prix résultant d’une amélioration de la qualité et d’un accroissement de la création nette de valeur (voir le chapitre suivant, relatif à la question centrale de l’inflation et des prix).
Comme le prouve l’impasse économique (et plus encore, socioéconomique) néolibérale : la politique monétariste des prix bas, prétendument anti-inflationniste, repose sur un malentendu fondamental, voire sur une authentique et gigantesque supercherie.
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Car le prix est indissociable de la qualité.
● Or la qualité ne se limite pas aux critères d’usage d’un produit ou d’un service.
Elle doit impérativement intégrer les facteurs constitutifs de la
R esponsabilité S ociétale et E nvironnementale des entreprises.
● Agir à la baisse sur le niveau des prix par le biais de la concurrence, au détriment de la qualité, revient obligatoirement à inverser le sens du développement socioéconomique, et à intensifier les dommages collatéraux d’une économie irresponsable, en fait encouragée à l’être. Il en résulte des externalités économiques négatives, occultées et laissées à la charge de la collectivité.
● C’est toute la problématique de la croissance économique, mesurée par la variation du Produit Intérieur Brut. Celui-ci ne prend en compte que des chiffres d’affaire, des prix multipliés par des quantités produites ou vendues, supposés constituer la somme de la création de valeur nationales, l’ensemble des valeurs ajoutées. Mais le P.I.B. n’intègre pas en négatif la somme des valeurs détruites (pollution et autres impacts environnementaux, accidents du travail et maladies professionnelles, les conséquences des destructions d’emplois résultant des délocalisations, etc.)
● Donc un prix bas du fait de pratiques économiques irresponsables, constitue un facteur de croissance factice. C’est pourtant sur cette base qu’est évaluée l’ensemble de l’économie mondiale, et que la mondialisation peut trouver grâce aux yeux de ses promoteurs et de ses adeptes.
Cela nous amène donc à la question cruciale de la relation entre l’inflation et les prix.
La spéculation financière sur les matières premières, sur les produits et sur les terres agricoles, est une des pires sources d’inflation. C’est une arme de destruction massive, responsable entre autres méfaits de famines meurtrières. Elle justifie et nécessite de prendre à son encontre des mesures radicales !
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● Prétexter une politique anti-inflationniste pour faire baisser les prix, sans réellement se préoccuper de leur structure et du partage de la valeur ajoutée, c’est une irresponsabilité qui aboutit à une destruction de valeur nette, quel que soit le taux de croissance économique apparent qui en résulte.
● Espérer ainsi masquer un recul du pouvoir d’achat, est aussi illusoire que de se cacher derrière son petit doigt. Car c’est alors l’emploi qui est mis en danger, donc le revenu professionnel des ménages. Et tous les paniers de la ménagère à prix prétendus raisonnés, n’y pourront rien changer.
● Les coûts de production et la compétitivité, doivent impérativement intégrer la qualité sociétale et environnementale.
● L’état de notre balance commerciale dépendra fondamentalement de cette refonte des règles du jeu. Faute de quoi, une prime étant systématiquement donnée aux pires pratiques, nous ne trouverions notre salut que dans le renoncement à toutes nos avancées sociales et démocratiques, et à nos normes environnementales qui nécessiteraient pourtant de progresser encore, plutôt que d’être abandonnées. Le contre-exemple chinois dans ces 3 domaines vitaux, devenant la norme sur laquelle nous serions contraints de nous aligner.
● Le budget de l’État et la dette, sont intimement dépendants de la gouvernance des États dans tous ces domaines, et de leur capacité à infléchir le jusqu’au-boutisme idéologique des instances internationales, qui ne sont pourtant que leur émanation.
…Chacun de ces éléments, parmi bien d’autres, constitue un sous-système du vaste système macroéconomique. Tous sont interdépendants et interagissants.
Mais tout dépend de la volonté de nos gouvernants de s’atteler enfin avec sincérité à cette tâche, et donc de la nôtre, citoyens, de les en persuader.
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