Le petit prince était maintenant tout pâle de colère.

« Ce n’est pas important la guerre des moutons et des fleurs ?
Ce n’est pas sérieux et plus important
que les additions d’un gros monsieur rouge ? »

(Antoine de Saint-Exupéry - 1946)


VALEURS de civilisation et de vie

Des mythes fondateurs de civilisations…

  • La CIVILISATION : une notion plus subjective qu’objective, que nous avons pourtant intuitivement tendance à associer à un système comparatif de valeurs.

    • Au cours de l’histoire, la plupart des conquêtes et des dominations infligées par une population à une autre, l’ont été, au-delà de véritables motivations expansionnistes voire prédatrices, au nom d’une hiérarchie de valeurs, celles du conquérant, prétendues par lui supérieures à celles du conquis.

      L’évolution de la notion traditionnelle de civilisation…

      ● Des plus anciens témoignages archéologiques et écrits religieux, aux invasions contemporaines (par exemple l’annexion et l’occupation du Tibet par la Chine communiste depuis 1950, ou celle des territoires palestiniens par Israël), en passant par la conquête de l’Amérique à la suite de sa redécouverte en 1492, ou par plusieurs siècles de politique coloniale des nations européennes jusqu’à la fin des années 1960, les occupations étrangères imposant la tutelle d’une population à une autre, prétextent généralement une légitimité supposée acceptable. Celle de faire bénéficier une civilisation déshéritée ou sous-développée des bienfaits et des vertus d’une civilisation plus évoluée… La lutte éternelle d’une soi-disant civilisation contre une prétendue barbarie… Quand ce n’est, en toute simplicité, au nom d’un droit divin…

      ● Mais s’il nous est relativement facile de repérer la succession des civilisations au fil de l’histoire, nous éprouvons de plus en plus de difficultés à identifier des civilisations contemporaines communes ou au contraire distinctes, sur la seule base de leurs spécificités culturelles ou ethniques et de la localisation des populations de la planète.

      Vers une pluri-civilisation en devenir :

      ● La notion de civilisation combine une dimension historique et géographique. Mais l’accélération du temps et la réduction des distances, l’intensification des communications et des échanges, ont tendance à remodeler les différents systèmes de valeurs qui départagent encore l’humanité, sans qu’il soit aisé de les redéfinir sans risque de contresens simplistes.

      ● En revanche, la notion de citoyenneté est certainement plus familière aux cultures attachées aux principes fondateurs de la démocratie, alors que cette dernière a revêtu bien des formes, de l’Antiquité à nos jours.

      Or nous pouvons observer les changements intervenant actuellement, par exemple au sein de sociétés de culture islamique, opposant les partisans d’un système théocratique imposant la charia comme loi universelle, et les partisans d’une délimitation claire des champs d’application respectifs de la loi religieuse et la loi républicaine.

      ● Un autre système de valeurs commun devrait donc mieux répondre aux aspirations d’une part croissante de l’humanité : celui d’une citoyenneté indissociable de la démocratie, combinaison équilibrée de droits et de devoirs, individuels et collectifs, au service de l’intérêt général, dans le respect des individus.

      Pour chaque population, définir cette aspiration et le sens qu’elle revêt compte tenu de son système politique, constitue une étape initiale permettant de préciser les contours d’une appartenance culturelle plus large, multi voire supra-culturelle, sur la base de valeurs fondamentales et fondatrices communes, plutôt que de particularismes fondamentalistes. Lesquelles seraient susceptibles d’amener à différencier trop radicalement comme civilisations distinctes des populations dont les systèmes de valeurs sont tout à fait compatibles.

      Dans l’inconscient collectif des démocraties, c’est désormais certainement la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui est le mieux à même de remplir ce rôle de valeurs communes de civilisation non plus déterminée par son histoire, mais bien par un projet d’avenir commun ; la protection de l’environnement s’y étant ajoutée plus récemment, mais avec d’autant plus de force que ses enjeux sont de plus en plus pressants.

  • De nos mythes à nos réalités : d’un inconscient intemporel à une pleine conscience du réel, l’avenir de notre espèce dépend désormais de sa capacité à prendre en compte ses enjeux vitaux au plus vite.

    • Le mythe quasi-universel du paradis terrestre :

      Mythe pour les uns, ou croyance pour les autres, ce lieu sans économie n’est-il pas ancré dans notre inconscient collectif comme un paradis perdu à retrouver, ou à recréer ?

      ● Paradoxalement, cet objectif ne serait-il pas l’enjeu inconscient mais réel du mode de fonctionnement de notre économie : une course effrénée à la recherche d’un paradis perdu ?

      ● Cette question en suggère forcément une autre : notre inconscient collectif a-t-il plutôt tendance à situer ce paradis sur la ligne d’arrivée d’une course élitiste, individuelle et compétitive, ou à l’envisager comme résultant d’un effort collectif, participatif et solidaire ?


      De l’enfer au paradis, d’un monde l’autre, ici et maintenant ?

      ● Un conte chinois illustre de façon inhabituelle la différence entre l’enfer et le paradis:

      « Un vieux sage chinois eut un jour le privilège de visiter le paradis et l’enfer.

      En enfer, il vit des convives, hommes et femmes, à la figure triste et émaciée, au corps décharné, assis à la même table, chacun devant une assiette pourtant copieuse et appétissante. A l’évidence, ils étaient tous soumis aux affres de la faim…
      La raison lui apparut : ils n’avaient d’autre possibilité, pour manger, que d’utiliser des baguettes qui prolongeaient leurs bras, longues comme des rames de sampang, dépassant de beaucoup l’assiette servie devant eux.

      Le vieux sage, atterré, quitta alors l’enfer pour visiter le paradis.

      Comme précédemment, il y vit des hommes et des femmes assis à une même table, devant une assiette copieuse et appétissante.

      Or là, ils étaient parfaitement heureux, rayonnants et pleins de santé.
      Leurs conditions étaient pourtant les mêmes : leurs baguettes étaient également longues comme des rames de sampang.

      Mais au paradis, chaque convive donnait à manger avec ses baguettes, au convive assis en face de lui… »

      ● Ce petit conte a au moins le mérite de nous faire réfléchir sur nos stratégies de survie dans un environnement hostile ou de dépassement de nos handicaps. De la compétition ou de la coopération, laquelle des deux approches peut le mieux et le plus durablement contribuer à notre bonheur ?

      Car ce conte pose finalement la question de la fausse alternative entre morale et intelligence.

      Paradis ou enfer : contrairement aux représentations classiques, ici les conditions de base sont identiques. La morale eût voulu des conditions plus aisées et agréables au paradis qu’en enfer. Mais point de juge ni de jugement, ni punition, ni récompense. Seulement les effets logiques de la nature profonde des convives. Les comportements humains sont seuls en cause.

      Vaut-il mieux un sens moral (en fait une conformité à des institutions et à un ordre établi, prônant la loi de la jungle et une sélection sociale naturelle) fondé sur une capacité défaillante de compréhension des réalités, ou une intelligence apte à nous libérer des pièges de notre propre ego ?

      Question qui fait écho à une pensée commune à différentes cultures et civilisations, que l’homme de lettres français Alfred Capus exprimait ainsi :

      « Un égoïsme intelligent conduirait l’homme aux plus hautes vertus. »

      ● Bien sûr, si nous disposions de tout ce dont nous avons besoin, sans limite et sans effort, il ne serait pas nécessaire de s’organiser pour l’obtenir, de créer des marchés pour l’échanger, ni d’en arriver à se battre pour se l’approprier (quoique, l’esprit humain étant ce qu’il est, transformer le paradis en enfer a toujours été à sa portée…)

      Nous jouirions des faveurs de la Nature et de la clémence du climat. La notion même d’économie nous serait inconnue, car inutile à notre vie et à notre bien-être…

      ● Or l’histoire de l’humanité nous enseigne que depuis son origine, son parcours terrestre ne fut pas un long fleuve tranquille… Loin de bénéficier de conditions paradisiaques, son évolution (mais en quoi a-t-elle réellement évolué ?) a constamment fait appel à ses capacités d’adaptation et à des stratégies de survie. Comme pour les autres espèces, la sélection naturelle a joué son rôle implacable, et les groupes ou les individus qui n’ont pas réussi à s’adapter ont disparu les premiers.

  • Économie et évolution : des théories générales aux enjeux spécifiques de développement durable.

    Nous pourrions dire que l’économie est née de la nécessité et de l’intérêt ressentis par l’Homme et les sociétés de gérer dans un temps limité par nature, la rareté des ressources disponibles, et l’effort (travail) nécessaire pour les accroître et les échanger, afin de satisfaire au mieux leurs besoins.

    • L’Homme, un animal pas tout à fait comme les autres

      La théorie darwinienne de l’évolution montre en quoi la survie de l’humanité et celle de la plupart des espèces animales relèvent à la fois de facteurs communs et de comportements spécifiques, non seulement pour la satisfaction de leurs besoins vitaux, mais aussi par l’adaptation à leur environnement, à ses dangers et à ses transformations.

      ● Comme les humains, de nombreuses espèces animales construisent leur habitat (les oiseaux), produisent leurs moyens d’existence et de subsistance (les abeilles), voire les font produire par d’autres qu’ils exploitent (fourmis élevant des pucerons), ou échangent des services (c’est le cas d’espèces végétales entre elles, ou de leurs interactions avec le règne animal, qui contribue à la pollinisation).

      Et l’Homme dépend lui-même de la chaîne alimentaire globale, dont il est un prédateur, entrant souvent en compétition avec d’autres.

      ● Mais contrairement à l’essentiel du règne animal, l’espèce humaine ne se régule pas numériquement par l’adaptation automatique de sa fécondité et de sa reproduction, aux ressources alimentaires disponibles et à son environnement.
      Au contraire.

      L’Homme représente même un facteur de plus en plus déterminant de l’écosystème, en étant à la tête de cette chaîne, le prédateur dont l’impact est le plus conséquent.

      D’où les problématiques de capacité de production agroalimentaire et de ressources halieutiques adaptées à la démographie, conduisant à des pratiques ne respectant plus les grands équilibres écosystémiques, d’abord par ignorance de leurs lois et même de leur existence, et surtout du fait de considérations économiques irresponsables (recherche exclusive de profit à court terme).

      L’économie est-elle le propre de l’Homme ?

      ● Alors que nous parlons de l’économie des sociétés humaines, pourquoi ne parlons-nous pas d’économie végétale, animale, ou naturelle, pour désigner les productions et les échanges au sein de l’écosystème, ne dépendant pas nécessairement de l’intervention humaine ? Pourquoi considérons-nous ces échanges constituant des services écosystémiques comme relevant uniquement du champ d’étude (en Grec ancien λόγος, lógos) de l’écologie ?

      Cette question nous oriente vers certains facteurs essentiels de l’économie qui, associés, seraient caractéristiques de l’espèce humaine :

      ● son degré d’inventivité et d’organisation des moyens de production,

      ● la complexité de ses modes d’échange : multiplicité des biens échangés et des modalités d’échange, intermédiation (agents et argent, monnaie ou tout autre type de moyen d’échange),

      ● la complexité des sociétés dont l’organisation est intimement liée aux activités et aux relations économiques,

      ● et surtout, bien sûr, la capacité humaine à analyser et faire évoluer ses systèmes sociaux et économiques en se projetant dans l’avenir, ou au contraire à les perturber par manque de compréhension, de précaution ou d’anticipation.

      Les signes d’un anthropocentrisme à l’origine de bien des égarements.

      De même que le développement humain est tributaire du développement socioéconomique, ce dernier repose sur ses interactions avec un écosystème généreux, dont l’équilibre global résulte des services écosystémiques Nature / Nature, lequel conditionne nos économies et tout simplement notre survie.

      La question précédente (L’économie est-elle le propre de l’Homme ?) n’est donc pas aussi incongrue qu’elle pourrait le paraître, puisque la Nature produit indépendamment de l’Homme une VALEUR D’USAGE inestimable et incommensurable : l’eau, l’air, des sols fertiles, etc. dont toute vie dépend totalement.

      Négliger cette valeur au point de la détruire, faute de lui avoir attribué une VALEUR D’ÉCHANGE, est donc aussi absurde que suicidaire.

      Voir notre page HOMO PRAEDATOR… HOMO TERMINATOR ?

      L’expression cartésienne fondatrice de notre rationalisme moderne :

      « Cogito, ergo sum »
      je pense, donc je suis

      pose en fait le problème central du “je”.

      Ou plus précisément, le problème d’un “je” systématiquement placé au centre de tout dans un réflexe individuel égocentrique, extrapolé par une science à la conscience défaillante, en principe anthropocentrique universel.

      Tout ce qui n’est pas l’Être humain lui serait donc forcément périphérique :

      son environnement.

      L’Homme ne serait pas partie intégrante de l’écosystème, mais son usufruitier désigné par LE principe créateur, sans plus d’obligation, ni de responsabilité à l’égard des autres espèces…

      La conséquence de ce biais originel de la pensée humaine devrait nous amener à un constat refondateur d’un mode de pensée salvateur :

      « Je pense mal, donc je suis mal. »

      Remettre l’Homme à sa place, au sein mais non au centre de l’écosystème.

      La conscience humaine supposée supérieure à celle de toute autre espèce vivante, ne donne pas à l’Homme davantage de droits sur le vivant, mais une responsabilité proportionnelle à son potentiel de compréhension des enjeux globaux et à ses capacités spécifiques d’action sur l’écosystème et d’interaction avec lui.


… aux VALEURS de vie qui conditionnent notre avenir.

  • L’économie est indissociable de la vie des sociétés humaines, dont elle est le cœur battant.

    Mais l’avenir de l’humanité est tributaire de son environnement, dont elle menace comme jamais les équilibres fondamentaux.

    • Les échanges locaux, comme ceux pratiqués entre cultures et territoires éloignés, rythment le pouls de l’histoire et de la géopolitique planétaire.

      ● D’échanges économiques locaux ou inter-régionaux plus ou moins pacifiques et équitables, à une guerre économique mondialisée, la multiplicité des situations constitue les couleurs d’un spectre malheureusement plus opaque que lumineux.

      Mais les sociétés humaines et leur empreinte environnementale sont avant tout tributaires de la nature humaine, de notre psychisme, de nos comportements, de nos modes relationnels et bien sûr de facteurs culturels multiples.

      L’économie étant au cœur des problématiques humaines et environnementales, la responsabilité économique doit être recentrée conjointement sur l’Homme et sur l’environnement.

      ● C’est précisément l’objet d’une approche dont la formalisation économique est très récente, et l’application encore naissante :

      la Responsabilité Sociétale et Environnementale.

      Encore trop peu connue et insuffisamment comprise, comme d’ailleurs la notion de développement durable pourtant hyper-médiatisée, la RSE porte en germe une révolution copernicienne de l’économie, susceptible de la réconcilier avec l’écologie et les sociétés humaines.

      En effet, la RSE bien comprise et gérée de façon cohérente, peut permettre de procéder à ce recentrage de l’économie sur ses finalités socioéconomiques, dans le respect de l’environnement :

      ● Partant d’une vision globale de l’interdépendance et des interactions entre l’Homme et la Nature, la méthodologie appliquée à la gouvernance RSE met en jeu une approche systémique portant simultanément sur tous les volets de développement durable (Société / Économie / Environnement). Toute la difficulté étant, en intervenant sur l’un d’entre eux, de ne pas perturber les deux autres, mais au contraire de mettre l’économie au service des sociétés humaines, sans nuire à l’environnement. C’est pour cette raison que nous symbolisons cette approche par un Rubik’s Cube en page Voir et comprendre

      ● Au-delà de la notion de VALEUR D’USAGE d’un produit ou d’un service, et de sa VALEUR D’ÉCHANGE généralement constitutives du rapport qualité / prix, la RSE doit conduire à reconsidérer l’ensemble des valeurs détruites, produites ou induites (positives ou négatives) par l’activité économique, pour parvenir à un bilan de la valeur nette obtenue.

      ● Cela passe par une évaluation du coût réel immédiat et à long terme des produits et services, non seulement pour l’acheteur, mais aussi pour la collectivité et pour les générations à venir, compte tenu notamment des conséquences environnementales (plus ou moins quantifiables, selon notre degré de connaissance et la nature même des processus systémiques concernés).

      Par exemple, en mettant sur un plateau de la balance l’économie réalisée par une société privée de traitement et de distribution d’eau, utilisant de l’aluminium pour clarifier l’eau potable plutôt que d’investir dans la mise en place d’un système non toxique ; et sur l’autre plateau de la balance, le coût économique de santé publique et les souffrances des familles touchées par la maladie d’Alzheimer, l’absorption d’aluminium par l’organisme ayant un effet avéré dans son développement. Ces multinationales de l’eau le savent, les responsables politiques le savent, mais la plupart ne disent rien et ne font rien… Comme dans le cas de l’amiante, de la vache folle, du sang contaminé par le HIV, du Chlordécone (qui a empoisonné le sol dans les régions de production de banane des Antilles françaises, et donc leurs populations), bisphénol A, Mediator, prothèses P.I.P, et la liste interminable de scandales sanitaires résultant d’exportations chinoises (mélamine, héparine, Fumarate de diméthyle, etc)…

      Pourtant, une telle évaluation et l’identification des responsables, auxquels devra être présentée le moment venu la facture économique et morale des conséquences sanitaire de leur irresponsabilité (la perspective d’une action judiciaire), pourrait débloquer rapidement cette situation. C’est le rôle des parties concernées, en l’occurrence la population que l’on empoisonne en silence, de mettre en demeure leurs empoisonneurs lorsque les pouvoirs publics ne remplissent pas leur rôle. Mais à condition, bien sûr, de connaître elles-mêmes l’existence du risque sanitaire auquel elles sont exposées.

      C’est à ce niveau que la liberté et la compétence d’un journalisme d’investigation indépendant, et d’une société civile dynamique, font toute la différence avec une un système politique non démocratique. Toutefois, la presse et les autres média tombant progressivement dans l’escarcelle des pouvoirs économiques, nous serions bien inspirés de nous en inquiéter et de trouver les moyens de réagir…

      ● La gestion de la RSE (gouvernance RSE) repose sur la prise en compte de critères communs à toutes les activités et de critères spécifiques, dont le suivi requiert la mise en place d’indicateurs facilitant l’analyse, l’évaluation et la gestion de la Qualité Sociétale et Environnementale des fruits de l’économie que sont les biens et les services produits.

      ● Mais d’une part, toutes les sociétés et toutes les cultures n’accordent pas la même valeur à des biens et des services identiques ; et des VALEURS IMMATÉRIELLES plus ou moins quantifiables, dont l’accès est susceptible d’être facilité ou au contraire perturbé par l’activité économique, répondent à des besoins fondamentaux de l’Être humain (le temps, la vie de famille, les échanges sociaux, le contact avec la nature, etc.)

      ● D’autre part, le patrimoine naturel universel que constitue l’écosystème, est plus ou moins riche et fragile selon les lieux. Sa protection, vitale pour tous, constitue une charge plus lourde pour les habitants des régions où la biodiversité est la plus riche, qui doivent veiller à ne pas la détruire mais n’y parviennent pas toujours.

      Par exemple, lorsqu’une forêt primaire (rainforest, en Anglais) recouvre l’essentiel d’un territoire, la déforestation pratiquée pour faire place à des activités humaines participe à la perturbation de l’ensemble de l’écosystème planétaire et contribue au dérèglement climatique ; alors que la plupart des populations autochtones actuellement expulsées par l’exploitation destructrice des ressources locales, vivaient depuis des millénaires en harmonie avec leur milieu naturel. Il est donc de l’intérêt et de la responsabilité de tous les territoires et de toutes les populations d’aider à sanctuariser ces régions, en concertation avec leurs populations.

      Nous voyons donc très vite que la notion de RSE ne se limite pas à une communication de marque ou à quelque label auto-déclaratif apposé par une entreprise sur ses produits. Au contraire, elle va de pair avec un processus démocratique de dialogue et de concertation planétaire.

      ● Mais si un tel dialogue est possible entre peuples libres, il s’avère beaucoup plus difficile, voire risqué, avec des régimes dictatoriaux, comme nous pouvons le constater régulièrement dans le cadre de l’ONU. Ce qui implique également la nécessité d’apporter un soutien à la libération de ceux qui ne le sont pas mais aspirent à le devenir. Libération qui, contrairement au discours mercantiliste habituel, peut être grandement facilitée par une conditionnalité des échanges économiques (les exemples sont nombreux, de l’Afrique du Sud dans les années 1990 - 1994, à l’évolution politique très récente de la Birmanie).

      ● Toutefois, les marchés exerçant un autre type de dictature, les pays les plus libéraux sur le plan économique font fréquemment obstacle aux propositions de protection environnementale et même sociétale :

      - c’est le cas des États-Unis entravant les avancées des sommets internationaux sur l’environnement, notamment en matière climatique,

      - États-Unis qui, par ailleurs, n’ont depuis 1989 toujours pas ratifié la Convention Internationale des Droits de l’Enfant de l’ONU, au prétexte que cette convention interdit la condamnation à mort des mineurs…

      Ce dernier point relevant malheureusement davantage d’une spécificité culturelle encore vivace, tout comme la liberté constitutionnelle de détention d’armes, l’évolution des consciences demande généralement plus de temps que la ratification d’accords commerciaux.

  • 1- Des VALEURS HUMAINES et SOCIÉTALES de référence :

    Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (D.U.D.H. de 1948)

    Quel avenir notre inconscient collectif contemporain accorde-t-il réellement au credo républicain fondateur de notre démocratie : « Liberté, Égalité, Fraternité » ?

    • Tout Être humain a fondamentalement droit au bonheur, à l’amour, et à se libérer de la souffrance.

      Ce droit fondamental se double de devoirs, correspondant à un ensemble cohérent de responsabilités de chacun envers la collectivité et de la collectivité envers chacun, comme le proclament les 3 Mousquetaires d’Alexandre Dumas : « Un pour tous, et tous pour un ! »

      De même, pour espérer bénéficier longtemps de la générosité de la Nature, l’Être humain est responsable des impacts que son comportement a sur elle, et doit donc prévenir ses effets négatifs.

      La Responsabilité Sociétale et Environnementale, un instrument essentiel rendant possible une réconciliation de l’économie et des sociétés :

      Celle-ci passe par la reconnaissance et la prise en compte par l’économie de sa responsabilité à l’égard des personnes directement concernées par une activité économique (salariés, partenaires, consommateurs) et des populations plus indirectement concernées (populations riveraines ou lointaines impactées par elle).

      ● Ce sont, avec les pouvoirs publics, les parties prenantes de l’activité économique avec lesquelles les entreprises doivent entretenir un dialogue constructif.



      Parmi les 7 volets de Responsabilité Sociétale et Environnementale dont traite la norme ISO26000, plusieurs sont consacrés à cette prise en compte :

      Droits de l’Homme (économie citoyenne) : respect des droits fondamentaux des populations en tous lieux, sachant que les pratiques des filières doivent pouvoir être évaluées, mais que leur contexte géopolitique est forcément déterminant.

      Relations & conditions de travail (qualité sociale) : respect de règles d’Hygiène & de Sécurité, niveau et modalités de rémunération, liberté syndicale et protection sociale des travailleurs en tous lieux.

      - Ce volet peut être couvert par la certification sociale SA 8000,

      - mais l’économie informelle des Pays En Développement et même des pays émergents nécessite un autre type d’approche, plus adapté à leur réalité (ce qui ne signifie pas une révision à la baisse des objectifs de la protection sociale, mais la mise en place et le suivi des conditions de son évolution).
      Questions relatives aux consommateurs, utilisateurs et usagers (leurs intérêts), parmi lesquelles, la sécurité des consommateurs : respect de la réglementation + principe de précaution.

      - Elles peuvent sembler a priori les moins difficiles à analyser : les associations de consommateurs n’assurent-elles pas déjà cette fonction ?

      - Mais ces questions intègrent aussi une dimension macro-économique beaucoup plus complexe : si le low cost exerce un dumping dommageable au territoire de consommation où il détruit l’emploi, après avoir contribué à l’aggravation de la pollution et du réchauffement climatique de la planète, est-ce réellement dans l’intérêt du consommateur ? Dans quelle mesure et pour combien de temps ?

      - Dans cette optique, quels critères devrait réellement intégrer le rapport qualité / prix ?

      Communautés et développement local (qualité sociétale proprement-dite) : impact positif de l’activité économique sur la société (ancrage territorial, emplois directs et emplois induits, droits fondamentaux, conditions de vie…)

      - Comme l’environnement, ce volet est éminemment systémique, et tout-à-fait complémentaire du précédent. Quel sens cela aurait-il à l’échelle d’un territoire de séparer et jouer l’un contre l’autre salariés, consommateurs, entrepreneurs et pouvoirs publics ?

      - Ce volet est donc nécessairement en forte interaction avec tous les autres et doit absolument être traité comme tel. Il s’agit notamment du nécessaire rapprochement à opérer entre Production et Consommation Durables (principe PCD), conformément aux recommandations de la norme ISO 26000.

      Or le mode de prise en compte de cette dimension systémique peut être tributaire de quelque a priori idéologique ou conflit d’intérêt, s’il est laissé à l’initiative exclusive d’une catégorie de parties prenantes, tout particulièrement du seul secteur économique privé.


      Il est essentiel que ce processus soit le plus démocratique possible.

      Pour cela, il doit résulter d’une concertation des parties prenantes, aptes à décider en connaissance de cause grâce à une information pertinente et fiable.

      En réalité, et contrairement à ce qu’elle prétend, l’idéologie néolibérale pèche par les mêmes manques que le communisme stalinien ou maoïste : leur incompréhension, voire leur déni de la psychologie et des comportements humains.

      ● Le premier système sous-estime la capacité de nuisance de l’Homme livré à ses seuls instincts, prétendant que de la confrontation des cupidités individuelles sur les marchés doit résulter un équilibre gagnant / gagnant des intérêts en présence. Or il ne tient aucun compte de l’inégalité des forces en présence sur ces différents marchés (marché du travail, marché des biens et services et marché financier).

      ● Le second a cru, à l’inverse, que l’Homme social était capable de renoncer à ses intérêts personnels au profit de l’intérêt général. Ceux dont les tendances naturelles ne suivent pas ce schéma étant des déviants, il suffirait de les rééduquer par la force, voire de les éliminer, comme le font encore par exemple les régimes chinois et nord-coréen.

      Aucune de ces deux idéologies ne prend en compte ni la complexité du réel. Il s’agit en fait de deux extrémismes qui, pour perdurer en dépit de leur irréalisme, recourent à l’art de l’illusion, au mensonge et à la contrainte.

      La première voie est celle de la négation de la légitimité de l’État à réguler l’économie, les marchés dictant alors leur loi aux populations.

      La deuxième voie est celle de la négation des droits des individus, au profit supposé de la collectivité, dont la dictature est exercée par un État qui tire sa légitimité de processus et d’institutions qui n’ont de démocratique que le nom.

      L’originalité du modèle chinois, depuis 1990, consiste à combiner ces deux systèmes opposés (un pays, deux systèmes) en adoptant non pas le meilleur mais le pire de chaque, aboutissant à une double dictature : celle d’un État répressif et celle du rapport de force inique et irresponsable des marchés.

      Sans doute reste-t-il une voie à (ré) inventer, dont les valeurs seraient à peu près l’inverse de l’anti-modèle chinois :

      ● l’inventivité et la liberté d’entreprise, encouragées mais canalisées par une législation évoluée intégrant les principes de la RSE, conditionnant les échanges à l’échelle internationale,

      ● une régulation socioéconomique conduite par un État fort mais démocratique, intégrant également les principes de la RSE à sa propre gouvernance, s’efforçant de les promouvoir à l’échelle internationale, mais protégeant aussi longtemps que nécessaire son territoire et sa population des échanges internationaux qui ne respecteraient pas les mêmes règles RSE.


      Mais cette considération débouche sur une dimension plus philosophique, qu’aucune norme n’est en mesure de prendre en compte : la contribution de l’économie au bien-être ressenti par les individus et par les populations.

      La consommation rend-elle heureux ? Dans quelle mesure et jusqu’à quelle point ?

      ● Serait-il envisageable d’aider les sociétés à réfléchir en juste connaissance de cause à leurs modes de consommation et de vie, à la lumière des enjeux de développement durable ?

      La contrepartie politique de cette question étant :

      ● comment permettre à une conscience citoyenne de s’organiser pour faire contrepoids aux lobbies économiques qui influencent trop unilatéralement la gouvernance politique à leur profit, au détriment de l’intérêt général ?

      ● ce qui suppose d’abord de comprendre quels facteurs font encore obstacle à une telle prise de conscience et à l’émergence de véritables contrepouvoirs citoyens,

      ● afin de mettre au point les actions et les programmes d’éducation les plus adaptés à cet objectif. Car seule la vigilance citoyenne parviendra à sauvegarder, voire à restaurer les fondements de notre démocratie : la liberté de pensée, d’association et d’action, l’égalité en droits et l’égalité des chances (supposant d’être constamment soutenue) et la solidarité sociale que notre république n’a pas renoncé à dénommer « Fraternité ».

  • 2- Des VALEURS ÉCOLOGIQUES incontournables : la bourse ou la vie ? L’importance de la connaissance scientifique, canalisée par une sagesse démocratique.

    • Les activités humaines ont toujours interagi avec l’écosystème qui abrite notre espèce. Mais jamais les conséquences du comportement de l’Homme n’avaient eu des conséquences aussi dévastatrices que depuis les dernières décennies. Ce phénomène allant de surcroît en s’accélérant.

      Une combinaison de facteurs renforce l’impact des activités de l’Homme sur la Nature :

      ● Les prélèvements excessifs ou mal répartis géographiquement et dans le temps de ressources naturelles (faune, flore, eau, minerais, etc.)

      ● Les pollutions de l’eau, des sols et de l’atmosphère, modifiant la composition chimique et les réactions physico-chimiques naturelles, affectant à la fois la faune, la flore, le monde minéral et le climat.

      ● La combinaison de ces deux niveaux de perturbation provoquent une rupture et même un effondrement des équilibres écosystémiques, en allant au-delà de la résistance de ces équilibres et de la capacité de résilience de l’écosystème.

      Mais la raison centrale en est sans conteste l’*ignorance de l’Homme, aggravée par son arrogance* qui, au nom d’une science aveuglée par la recherche de profit à court terme, pousse au crime les innombrables apprentis sorciers de la planète.

      De la réalité de l’écosystème

      Au sujet des oscillations de la taille des populations de prédateurs par rapport à celle de leurs proies, faisant référence au modèle de Vito Volterra, Jean-Claude AMEISEN nous dit dans son admirable émission « Sur les épaules de Darwin », diffusée sur France Inter le samedi à 11h :

      « En interférant massivement avec ces oscillations, ces équilibres dynamiques, nous les rendons instables, nous risquons de provoquer leur effondrement et de faire disparaître d’autres populations que celle que nous prélevons.

      Nous coupons des liens invisibles qui relient entre elles des espèces différentes. Plus encore que les extinctions d’espèces, ce qui échappe aujourd’hui au regard, c’est une forme d’extinction beaucoup plus insidieuse : c’est l’extinction des interactions écologiques.

      Les grands écosystèmes se construisent sur des réseaux d’interactions entre les êtres vivants, faits de compétitions, de coopérations, de prédations, de relations d’interdépendance, et aussi d’interactions entre ces êtres vivants et des processus physico-chimiques non vivants, l’eau, la température, l’ensoleillement, les barrières terrestres et marines. Et ces interactions lient entre eux des individus qui appartiennent à d’innombrables espèces sur des échelles de distance qui vont de quelques millimètres à plusieurs milliers de kilomètres, dans des réseaux d’interdépendances complexes et dynamiques, toujours renouvelés.

      Les effets de rupture d’équilibres peuvent mettre des dizaines d’années à devenir visibles, en raison du temps de génération long de certaines espèces. La particularité des extinctions actuelles, ce qu’on a appelé la 6e grande extinction, c’est que nous en sommes la cause principale. »

      (France Inter - « Sur les épaules de Darwin » - Émission du 11 février 2012 - Les battements du temps n°21)

      à la nécessité d’une approche économique éco-socio-systémique.

      La logique des impacts des sociétés humaines sur l’environnement est complexe et parfois même contradictoire :

      ● Le mode de vie des pays riches est le plus consommateur d’énergie et le plus générateur de déchets.

      ● Si la mondialisation des échanges commerciaux a conduit à la délocalisation de leur production et à la désindustrialisation de la plupart d’entre eux, elle a transposé dans les pays producteurs émergents la pollution résultant de la production industrielle, l’y a concentrée et l’a amplifiée par manque d’investissements permettant de limiter cette pollution et les émissions de gaz à effet de serre.

      ● Mais par ailleurs, les populations des pays dits en développement (ou les moins avancés) sont celles qui consomment le moins de biens et services et d’énergie pour leurs propres besoins, et qui génèrent le moins de déchets.

      ● Cependant, plus un pays est pauvre et peuplé, et plus sont environnement est menacé par la vie des populations, sans que ce soit dû à des excès relatifs au niveau de vie et de consommation. Au contraire, la dégradation de l’environnement résulte de l’absence de solutions alternatives (déforestation pour la production de charbon de bois), du manque d’infrastructures et d’équipements de retraitement (pollution des nappes phréatiques par absence d’équipements sanitaires, rejet de déchets dans la nature), et du manque de préoccupation pour un enjeu considéré comme étant moins vital que la simple survie au quotidien.

      D’où l’impact sanitaire catastrophique de telles situations.

      ● Dans tous les cas, que ce soit par manque ou par excès de moyens, le développement socioéconomique agit sur le mode de vie des populations, et donc sur leur impact environnemental. D’autant plus que le niveau de vie influence grandement la croissance démographique (lorsque le premier augmente, la seconde diminue), ce qui n’est pas sans répercussion sur l’écosystème. Mais dans tous les cas, cette interaction n’est simple ni dans ses modalités, ni au niveau des solutions envisageables. Toutefois, nous pouvons retenir un principe simple et universel : la modération de nos besoins et de notre consommation ne peut qu’avoir un effet globalement positif sur notre empreinte écologique.

      C’est pourquoi, les aspirations légitimes de développement humain doivent intégrer une vision globale de modalités conciliant bien-être (ou au moins de mieux-être pour la plupart des populations) et soutenabilité environnementale, grâce à des activités économiques respectant le plus possible l’écosystème dont nous dépendons.

      ● Mais au niveau planétaire, les excès des populations riches sont un obstacle à l’amélioration des conditions de vie des populations pauvres, car le potentiel global de l’écosystème est limité et nous devons au-moins respecter sa capacité temporelle de régénération. Ce que nous ne faisons malheureusement pas encore.

      Ainsi, les VALEURS ÉCOLOGIQUES sont prioritaires par rapport aux objectifs économiques irréalistes d’une croissance continuelle de notre production globale, destinée non à satisfaire nos besoins objectifs, mais à maximiser l’enrichissement d’une minorité insatiable.

      Voir notre page Gagnants et perdants de la mondialisation économique et financière

  • 3- Des VALEURS ÉCONOMIQUES plus éthiques : la loi de la jungle régnant sur les marchés, qui se substitue aux lois et aux institutions démocratiques, est incompatible avec de telles valeurs.

    • Comme nous l’avons vu avec la question de la “Valeur Ajoutée Nette”, en page De la VALEUR en économie, il est nécessaire de prendre en compte la contrepartie “destruction de richesse” et les “externalités négatives” (contrepartie, qui assume et supporte les externalités négatives ?), ainsi que la création de richesse non comptable, ainsi que les externalités économiques positives.

      De l’évaluation et la prise en compte des impacts économiques négatifs…

      Les externalités économiques sont la face cachée de la création de valeur comptabilisée par le PIB sur lequel est basé le calcul de la croissance économique.

      ● Les comptabiliser aurait pour effet de réorienter les pratiques et les activités économiques, car nous ne pourrions plus prétexter un taux croissance en réalité totalement faussé, pour ne pas corriger nos erreurs fatales.

      ● Il est donc nécessaire de parvenir à :

      - identifier les risques liés à la production et à l’utilisation de produits ou de services,

      - les localiser afin de comprendre qui en est responsable,

      - évaluer le coût de leur prévention, et celui des impacts négatifs résultant de l’absence de prévention,

      - déterminer à qui profite les économies réalisées du fait de l’absence de prévention, et qui au contraire assume et supporte les externalités négatives.

      … à la problématique technique de gestion des risques et de la qualité.

      Rapportée au niveau d’un produit ou d’un service, cette préoccupation se traduit par le principe de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) et la Gestion du Cycle de Vie (GCV).

      L’ACV se décline en :

      ● une analyse environnementale du cycle de vie (AECV) et permet d’intégrer la protection de l’environnement en amont de la production, afin de prévenir les impacts négatifs d’un produit (ou d’un service) sur l’environnement, durant son cycle de vie : il s’agit de l’éco-conception.

      ● une analyse sociale du cycle de vie (ASCV) visant à intégrer la qualité sociale de production et plus largement les impacts sociétaux des produits en amont de la production, afin de prévenir les impacts négatifs d’un produit (ou d’un service) sur les salariés et sur les populations, durant son cycle de vie : il s’agit de la socio-conception.

      L’articulation des deux composantes constitue l’éco-socio-conception.

      Des repères sont indispensables : le rôle des “indicateurs”.

      La problématique des critères à définir est globalement la suivante :

      ● De la croissance (de quoi ?) au développement : de quoi parle-t-on ?

      ● Création de richesse : que doit-on considérer comme “richesse” ?

      ● Développement : quels enjeux prendre en compte pour qu’il soit soutenable ?

      ● Quelles sont les limites du quantitatif ? Comment prendre en compte les composantes qualitatives du développement ?
      Par exemple, la question de la répartition de la richesse est fondamentale. L’usage des moyennes ne permet pas d’y parvenir, et masquant les disparités, concourt à faire perdurer et à laisser s’aggraver des écarts injustifiés d’enrichissement individuel et de développement des territoires.

      ● Quels critères permettent de valoriser au mieux la qualité de vie dans un monde vivable, grâce au filtre philosophique de valeurs durables.


      Mais pour une évaluation réaliste des impacts de l’économie et de la gouvernance politique, il est désormais indispensable de développer une culture de la transparence, sans laquelle développement durable et RSE demeureraient des vœux pieux.

      Voir également la page Enjeux, domaines et critères de développement durable.

  • 4- Des VALEURS POLITIQUES à restaurer : civisme et démocratie sont en réalité les facteurs clés d’une économie durable, la réciproque étant évidemment vraie.

    • La RSE peut constituer l’immunisation contribuant à prévenir les effets des travers inhérents à la nature humaine, et la dérive des institutions. Les États doivent reprendre le contrôle de la gouvernance socioéconomique. Dans l’idéal, ils seraient bien inspirés d’instaurer une législation économique internationale intégrant l’esprit de la RSE, qui devienne le socle d’une nouvelle régulation mondiale de l’économie.

      De la réalité d’une économie polarisée, objet d’une concentration antidémocratique croissante des pouvoirs…

      Les lobbies économiques les plus puissants exercent sur les États une influence croissante qui court-circuite et neutralise les rouages de nos démocraties, tant au niveau national que supranational (Union Européenne).

      ● C’est par exemple le cas en France de la politique de fixation des prix des médicaments, de la culture de prescription et de leur remboursement.

      La dépense pharmaceutique a fait peser en 2009 une charge de 26,8 Milliards d’€ sur les régimes d’assurance maladie. Un rapport de la Cour des Comptes publié en septembre en 2011 :

      « rappelle d’abord le constat qui singularise notre pays de dépenses de médicaments structurellement élevées, en raison notamment d’une culture de prescription spécifique qui favorise une forte consommation de médicaments nouveaux et onéreux (I).

      Elle a examiné ensuite les modalités d’admission au remboursement par l’assurance maladie et de fixation des prix des médicaments qui lui sont apparues parfois insuffisamment rigoureuses et manquant de transparence (II).

      Elle a enfin analysé les efforts de maîtrise de la dépense pharmaceutique poursuivis dans la période récente, notamment par le développement des génériques, la diversification des outils de régulation économique et la multiplication de mécanismes contractuels d’incitation à une prescription plus sobre tant en ville qu’à l’hôpital dont les insuffisances, malgré un infléchissement récent de la dynamique de la consommation pharmaceutique, appelle à une redéfinition en profondeur (III). »

      Le langage demeure diplomatique, mais la réalité est consternante. Le prix de nombreux médicaments en France est souvent très supérieur à celui des médicaments de même marque ailleurs en Europe, notamment en Italie ou aux Pays Bas, la fixation des prix par les laboratoires pharmaceutiques étant libre, et les modalités de validation de ces prix par l’assurance maladie au titre de leur prise en charge, très floue. A cela s’ajoute un excès de prescriptions en médecine privée et l’absence de régulation dans les hôpitaux. Et l’augmentation des longues maladies entraîne une prise en charge à 100% par l’assurance maladie.

      Selon M. Serge RADER, pharmacien très engagé dans la démystification du système, le surcoût total pour la Sécurité Sociale serait de l’ordre de 10 milliards d’€, l’équivalent de son déficit total en 2003 ! Déficit au nom duquel les gouvernements déremboursent progressivement un nombre croissant de médicaments, et réduisent la voilure de la protection sociale.

      Cet exemple illustre les limites évidentes d’un dogme fondateur du néolibéralisme, selon lequel « l’avidité est le moteur de l’économie ». En l’occurrence, l’avidité d’un puissant lobby économique, celui de l’industrie pharmaceutique, contribue à la destruction de notre système de sécurité sociale. Il est permis de se demander si pour être à ce point cynique, ce jusqu’au-boutisme de la part du pharma-business est réellement intelligent : n’achève-t-il pas de scier la branche sur laquelle il est assis, et même l’arbre dont il tire en France l’essentiel de ses fruits, celui du système public de protection sociale ?

      ● D’autres lobbies ont eu pour effet d’imposer aux des décideurs politiques des choix catastrophiques en termes d’environnement et de santé publique : celui du tabac et d’un certain type de consommation alcoolique, responsables d’addictions précoces chez les adolescents ; celui de la Dieselisation à outrance du parc automobile, les moteurs Diesel émettant le plus fort taux de particules fines extrêmement dangereuses pour la santé, que les filtres anti-particules ne suffisent pas à neutraliser, et d’oxyde d’azote, également dangereux pour les bronches et responsable des pluies acides ; celui du nucléaire qui a réussi à faire mettre la charrue avant les bœufs, dans un domaine aussi dangereux que celui de ses déchets contaminants sur un très long terme, quand la corruption et le crime organisé ne s’emparent pas de ce business juteux, pour le pire…


      ● Les exemples de ce type sont aussi nombreux que les pré-carrés politico-économiques qui couvrent la plupart des champs de l’économie mondiale :

      - énergie,

      - eau,

      - matières premières,

      - agro-business,

      - communication,
      (médias et Techniques de l’Information et de la Communication),

      - la grande distribution généraliste et spécialisée,

      - l’industrie, gérée par les marchés financiers,

      - et bien sûr le monde de la finance spéculative, transversal, déterminant les stratégies économiques des secteurs précités.

      Voir notre page Gagnants et perdants de la mondialisation économique et financière


      … à la valorisation de la responsabilité économique.

      La gouvernance RSE se décline à plusieurs niveaux :

      ● Gestion de la qualité globale au titre de la gouvernance RSE des parties prenantes économiques de développement durable.

      Au niveau de la production et de la consommation, en passant par la commercialisation, elle porte sur la qualité sociale, environnementale et économique (Qualité Sociétale et Environnementale) d’un produit ou d’un service et relève de la Responsabilité Sociétale et Environnementale des acteurs économiques.

      Ainsi, la valeur économique globale ne peut se réduire à la valeur d’usage ou à la valeur d’échange des produits et services. Elle doit prendre en compte le fait que le cycle de vie d’un produit et les modalités d’un service intègrent au mieux la prévention des risques environnementaux et sociétaux, et que les impacts négatifs soient réduits au minimum.

      Le coût de production d’un produit doit intégrer ce niveau de qualité afin de réduire le coût des impacts négatifs risquant sinon d’être laissé à la charge de la collectivité.

      ● Par extension, la prise en compte de l’utilité planétaire du patrimoine que constitue la biosphère, par exemple les forêts primaires et autres sources inestimables de biodiversité, justifie une solidarité financière planétaire pour contribuer à leur sanctuarisation, sans que celle-ci représente un manque à gagner insoutenable pour les populations qui en ont la responsabilité.

      Mais l’intégration des enjeux de développement durable par la gouvernance des États et la gouvernance supranationale, suppose la nature démocratique de cette dernière, malheureusement démentie par les faits.

      C’est pourquoi nous suggérons l’intégration d’une méthodologie de gouvernance RSE aux processus de décision des gouvernements et des organisations supranationales.


      Vers une économie nouvelle, responsable, intégrant l’exigence d’une cohérence systémique ?

      De la croissance (de quoi ?) à un développement durable : de quoi parle-t-on ?

      ● Sans doute faut-il considérer qu’une saine gestion de notre maison Terre (économie) suppose une compréhension approfondie de l’écosystème et des interactions de ses sous-systèmes (écologie), conformément à l’écologie politique qui réunit le volet économique, sociétal et environnemental, à l’instar des principes de développement durable.

      ● En effet, la question de l’éradication de la pauvreté et d’une meilleure répartition de la richesse est également fondamentale, et s’avère indissociable de celle de la protection de l’écosystème.

      Beaucoup, sinon le plus vital, reste encore à faire dans ce domaine : la mutation d’une économie agressive essentiellement compétitive, appropriative et accumulatrice, excessivement nuisible à la collectivité humaine comme à son “environnement”, vers l’intelligence d’une économie plus responsable, solidaire, coopérative et distributive.

      Cette formulation binaire correspond-elle à une certaine réalité, qui signifierait que nos montres idéologiques se sont arrêtées à l’heure du Rideau de fer, dans un monde pourtant beaucoup plus complexe depuis la chute du Mur de Berlin ?

      Ou au contraire, sommes-nous prêts à un changement d’orbite idéologique nous permettant de gérer plus subtilement les enjeux résultant d’une telle complexité ?

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