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Deuxième partie :
La Révolution Française de 1789 à 1799
Plutôt que de se limiter ici à une description chronologique des évènements de la Révolution fondatrice de la France contemporaine (ce que Wikipédia fait parfaitement), nous proposons de l’aborder sous l’angle de ses causes et de ses prolongements encore perceptibles de nos jours.
Car la Révolution Française de 1789 marqua définitivement notre pays et en influença par la suite bien d’autres dans le monde.
En cette dernière partie du XVIIIe siècle, le mouvement socioéconomique et culturel de l’histoire en marche, s’est heurté à l’immobilisme politique d’une monarchie absolue prétendant continuer d’exercer son pouvoir sur le peuple, mais ne parvenant plus à l’imposer aux privilégiés du système en place. Dès lors, aucune évolution susceptible de répondre à temps aux besoins vitaux de la société française n’était plus envisageable.
Les deux occasions de réformes manquées par le roi Louis XVI
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► Versailles : le piège d’un centralisme à double tranchant…
Le château de Versailles en 1722
par Pierre-Denis Martin, dit Martin le Jeune
Un siècle plus tôt, en forçant la haute noblesse à résider à Versailles, l’objectif principal de Louis XIV était de la contrôler afin de prévenir tout complot ou tout séparatisme régional.
C’est d’ailleurs dans une logique similaire de contrôle qu’une foule venue de Paris envahira bientôt le château de Versailles (les 5 et 6 octobre 1789) et forcera la famille royale à revenir à Paris, afin de la ramener aux réalités de la société et surtout de la soustraire à l’influence néfaste des membres de la Cour.
Au bout d’un siècle, ce système, au demeurant très coûteux du fait des pensions allouées aux courtisans, avait généré des effets secondaires qui se révèleront funestes :
● Coupée de la vie réelle de la population dans les campagnes comme dans les villes, l’aristocratie de la Cour n’a certainement pas compris qu’elle était assise sur un volcan. Du fait de son isolement dans ce palais d’ivoire, elle n’avait sans doute pas pris toute la mesure des changements socioéconomiques et de l’évolution de l’opinion publique.
● Obstinément attachés à leurs privilèges, cette noblesse et ce clergé de Cour trouvent des alliés tout aussi inconscients et irréalistes dans l’entourage direct du roi (en particulier ses frères et la reine elle-même) et, résidant sur le lieu du pouvoir, parviennent à faire systématiquement échec à ses tentatives successives de réformes.
► Un ordre social hérité du Moyen-Âge.
La chute de Rome et la désagrégation de son Empire dont faisait partie la Gaule à l’époque gallo-romaine, avaient eu pour conséquences :
→ le tarissement des flux économiques en provenance des colonies de l’Empire romain (ses provinces, du Latin “provincia” ou territoires des “vaincus”) qui avaient assuré la prospérité de ses villes,
→ la désorganisation socioéconomique de ces villes, qui comptaient un grand nombre de fonctionnaires et de notables non productifs,
→ l’appauvrissement de leurs marchés qui conduisit une grande partie de leurs populations à les quitter..
Les grandes invasions et les mises à sacs des villes et des grandes places de marchés avaient accéléré la désagrégation de l’organisation territoriale de l’Antiquité.
● Avec la disparition des circuits commerciaux de l’Antiquité qui avait fait croître prospérer de nombreuses villes, celles-ci déclinèrent et une réorganisation de la société et des activités se produisit. De grands domaines ruraux se développèrent, à l’intérieur desquels se mit en place une nouvelle organisation sociale et un fonctionnement économique axés non plus sur le profit commercial mais sur une production d’autosuffisance. Les échanges de proximité ne nécessitant plus l’usage de monnaies, celui-ci se limita aux seuls échanges extérieurs.
● La hiérarchisation sociale à l’intérieur de ces domaines était basée sur l’appartenance des personnes au domaine, conférée par leur naissance, celle du seigneur comme celle de ses serfs, et sur la hiérarchie des droits également déterminée par leur naissance. Un droit quasi absolu du seigneur s’exerçait sur les habitants du domaine.
● En contrepartie de ses droits, le seigneur avait le devoir d’assurer la sécurité de la population de son territoire contre les attaques extérieurs, ainsi que la paix entre les habitants. Il était donc habilité à rendre la justice sur son fief. Il tirait les moyens de sa puissance économique et politique, des impôts annuels qu’il levait sur ses gens.
● L’organisation hiérarchique territoriale de l’Église catholique a contribué à maintenir la cohérence du fonctionnement des sociétés malgré les bouleversements de cette longue période de transition. Par la suite, nombre de domaines agricoles se sont développés autour des congrégations religieuses, dont elles assuraient les moyens d’existence.
● Le système féodal se structura à partir de Charlemagne. Il consiste dans une hiérarchie seigneuriale rattachant un suzerain à ses vassaux, des seigneurs inféodés à ce seigneur plus puissant ; relation impliquant que le suzerain leur assure sa protection et, réciproquement, que ses vassaux lui apportent également leur soutien militaire. C’est cette hiérarchie seigneuriale qui structura progressivement, au cours des siècles, une aristocratie placée ultérieurement sous l’autorité d’un pouvoir royal centralisé.
● Un acteur essentiel de l’essor économique de ces domaines ruraux avait été le laboureur (du latin labor signifiant “travail”) qui, par son travail, avait accru les surfaces de terres productives, conquises sur les forêts et les marais. Ce n’est que lorsque le commerce retrouva des conditions de sécurité suffisantes que la circulation des marchandises put de nouveau se développer, et que les grandes foires réapparurent, et que l’on produisit au-delà de l’autosuffisance. L’agriculture recommença à alimenter les villes, et les terres agricoles devinrent une richesse foncière. Une hiérarchie paysanne se structura, le laboureur à sa tête s’enrichit et compta souvent parmi les notables locaux.
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Les Très Riches Heures du duc de Berry
● Mais les tâches agricoles demeurèrent le plus souvent très pénibles, et ceux qui n’avaient que leurs bras à louer au jour le jour (les journaliers) restaient très pauvres. Pour que leur contribution essentielle à la société se pérennise, il fallait rendre sa reconnaissance morale incontestable. En ce temps de bâtisseurs de cathédrales, cette vie de labeur devait être placée sous la protection divine et les promesses de l’au-delà. C’est à ce prix que put s’instaurer un système de prélèvement fiscal sur cette valeur-ajoutée, permettant une relative redistribution sociale symbolisée par les œuvres de charité.
Cette maison fut construite à Paris en 1407 par l’alchimiste Nicolas Flamel,
pour nourrir (“Icy l’on mange”) et héberger (“Icy l’on dort”) les pauvres laboureurs saisonniers
venant travailler sur les terres insalubres du Marais et des environs…
Pour tout paiement quotidien : deux prières pour le repos des âmes des défunts.
● Ainsi, c’est à partir du règne de Charlemagne, au tournant de l’an 800 de notre ère, que la société féodale du Moyen Âge s’est structurée en 3 grandes ordres, voulus complémentaires :
→ l’ordre religieux de ceux qui prient : oratores,
→ l’ordre politique et militaire de ceux qui font la guerre : bellatores,
→ l’ordre réunissant l’essentiel de la population, de ceux qui travaillent :
→ laboratores.
Elle s’est perpétuée jusqu’à la Révolution de 1789, dans la société d’Ancien Régime où l’on retrouve les trois ordres : clergé, noblesse, et Tiers état.
Cette structuration était de type pyramidal, la base (le Tiers état) assurant la subsistance et les revenus des deux autres, par sa production et ses impôts.
► Une société française figée, qui n’a pas évolué comme celles de pays voisins.
En cette fin de XVIIIe siècle, la société française demeure structurée comme elle l’était 500 ans plus tôt, lorsque le roi Philippe IV de France, plus connu sous le nom de Philippe le Bel, mit fin à l’organisation féodale du royaume pour établir une monarchie absolue centralisatrice.
● Pour moderniser administrativement le royaume, et malgré les résistances politiques et les conséquences économiques auxquelles il dut alors faire face, le roi de fer, Philippe le Bel (1268 - 1314), avait réussi à imposer sa volonté à toutes les parties en présence :
→ Émancipation du pouvoir politique royal de l’autorité du Pape, celle du roi s’appliquant désormais sur le clergé comme sur tous ses sujets.
→ Unification géographique du territoire, dont le coût contribua à vider les caisses du Trésor royal.
→ Modifications répétées du titre de métal des monnaies, qui entraîna une défiance généralisée à leur égard, et une crise financière qui affecta toute l’économie du royaume, surtout la population la plus modeste.
→ Levée d’impôts mettant à contribution les plus riches (l’Église, les banquiers Juifs et Lombards, seuls autorisés à pratiquer cette activité, les Templiers dont les avoirs sont confisqués après la dissolution de leur ordre, les marchands, etc.) et représailles contre les usuriers.
● Ces profondes modifications marquant la fin du Moyen-Âge avaient provoqué le mécontentement de toutes les couches sociales : le clergé perdant ses prérogatives politiques et ses exemptions fiscales, la noblesse désormais soumise au pouvoir royal et à son administration centrale, la bourgeoisie dont l’activité économique est passible de taxes mises en place par la nouvelle administration fiscale du royaume, toute la population voyant les denrées courantes enchéries par les fluctuations monétaires et la crise financière du royaume.
Mais c’était le prix à payer pour la création d’un État fort et stable, en réduisant le risque de conflits intérieurs et d’agressions extérieures dont les populations sont toujours les premières victimes.
● C’est en 1302 que le roi Philippe IV le Bel a mis en place les premiers États Généraux, structurant et officialisant en les réunissant, les 3 ordres constitutifs la société française qu’il souhaitait prendre en compte pour asseoir son pouvoir : la Noblesse, le Clergé et la bourgeoisie, dénommée ultérieurement l’ordre du “Tiers-État”.
Il les réunira 6 fois en 12 ans. Mais il ne s’agit jamais d’une véritable consultation des 3 ordres, car le roi réunit en fait cette assemblée pour obtenir leur contribution à ses projets : opposition à l’autorité du pape, lutte contre l’ordre des Templiers et appropriation de leurs biens, financement de la guerre des Flandres, réforme fiscale du royaume…
► La double responsabilité des Parlements dans le séisme révolutionnaire à venir :
En sapant la politique de réforme de Louis XVI,
→ ils l’empêchent de résoudre la crise financière et sociale,
→ et ils décrédibilisent le système monarchique de droit divin aux yeux de la Nation entière.
Or la noblesse et le clergé étaient les catégories bénéficiant le plus de la monarchie, du fait de leurs nombreux privilèges. Ainsi, pour accroître son pouvoir sans renoncer à ses privilèges, la noblesse scie en réalité l’arbre qui supportait toutes ses branches.
● Depuis l’époque de Philippe le Bel, la gouvernance royale s’appuie sur 3 institutions :
→ le Conseil du roi pour les affaires politiques,
→ la Chambre des comptes pour les questions financières,
→ et le Parlement pour la justice.
● Le Parlement a pour missions de contrôler la légalité de l’évolution du système législatif (ordonnances, édits et déclarations du roi), et de veiller à l’application correcte des lois. Un parlement est donc habilité à refuser l’enregistrement d’une ordonnance royale, en accompagnant son refus de remontrances, c’est à dire d’avis et d’observations sur la légalité du texte qui lui a été soumis (rôle comparable à notre Conseil Constitutionnel contemporain).
Par ailleurs, il tient lieu de tribunal de première instance pour la Noblesse, et de cour d’appel pour le Tiers-État. Mais n’ayant pas le droit de produire des lois, le Parlement ne dispose pas d’un véritable pouvoir législatif.
● Le Parlement est exclusivement composé de membres de la noblesse de robe traditionnellement favorable au roi.
Mais Louis XIV n’avait jamais oublié l’hostilité d’une partie de la noblesse à l’égard du pouvoir royal, lors de la Fronde qui avait failli l’écarter, enfant, de la succession de son père. Elle émanait de la noblesse siégeant dans les parlements (fronde parlementaire, 1648-1649) et de la haute noblesse (fronde des princes, 1651-1653). Intervenant alors que la France était particulièrement vulnérable, car engagée dans une guerre extérieure contre l’Espagne, cette Fronde avait failli plonger le pays dans une guerre civile.
C’est pourquoi Louis XIV limita le pouvoir des Parlements en ne les autorisant à émettre des avis sur les lois décidées par le roi, qu’après les avoir enregistrées (droit a posteriori). C’est certainement la dimension juridique la plus significative de la nature absolutiste de la monarchie de Louis XIV.
● Mais après sa mort, les Parlements parviennent à restaurer leur pouvoir de remontrances et d’opposition à l’enregistrement des lois. C’est ainsi qu’ils mettront en échec les réformes les plus importantes, notamment fiscales, que Louis XVI tentera de mettre en place, dès lors que la noblesse siégeant dans les Parlements les jugera défavorables à ses intérêts propres.
► Les deux occasions de réformes manquées par le roi Louis XVI
● Anne Robert Jacques Turgot, baron de l’Aulne (1727 - 1781), était proche des philosophes des Lumières et favorable à leurs idées libérales et humanistes.
Nommé contrôleur général des finances par Louis XVI en 1774, il proposa une vaste réforme politique, économique et de société. Cet admirateur du déjà célèbre économiste classique écossais Adam Smith, il s’employa à libéraliser l’économie du royaume : levée des obstacles entravant l’activité de l’industrie et la circulation des marchandises, mais aussi à réduire les privilèges de la noblesse et du clergé et les charges pesant sur les plus pauvres. Il déclara la liberté de conscience (d’opinion et de pratiques religieuses), permit le retour des protestants exilés, planifia un vaste projet d’instruction publique et l’instauration d’un système électoral couvrant le territoire national.
Mais l’ensemble des bénéficiaires des privilèges attaqués par ces réformes, dont certains des proches du roi et même la reine Marie-Antoinette, se liguèrent contre Turgot jusqu’à ce que Louis XVI cède et finisse par le démettre, à contre cœur, après moins de 2 ans de service.
● Louis XVI fait alors appel à Jacques Necker comme « directeur des Finances ». Ce choix est osé, car il s’agit d’un banquier roturier, de plus un étranger (Genevois) et enfin un protestant…
Necker non plus n’était pas insensible aux idées des Lumières, et notamment à Voltaire qui avait plaidé pour l’affranchissement de tous les serfs. Non seulement Necker donna satisfaction à cette demande, mais il reprit un certain nombre des réformes de société entreprises par Turgot. Toutefois, il fit preuve de plus de prudence et s’opposa au libéralisme économique entrepris par ses prédécesseurs, en renonçant à l’application des thèses physiocratiques pour revenir à une politique économique davantage mercantiliste.
Malgré tout, il finit par se heurter à la même opposition que Turgot de la part des privilégiés et des courtisans. Il fut contraint de démissionner en 1781, après un peu plus de 5 ans à son poste.
● Les ministères suivants, celui de Charles Alexandre de Calonne, puis de Etienne-Charles de Loménie de Brienne, se brisèrent sur le même écueil : le refus obstiné par les mêmes privilégiés, de l’impôt territorial égalitaire.
Le contexte et l’enchaînement des faits caractérisant la grande Révolution Française qui se déroula de 1789 à 1799 sont bien sûr complexes. Mais son déclenchement résulta globalement d’un phénomène aussi binaire qu’un séisme provoqué par la dérive des continents : la confrontation brutale de forces de changement et de forces d’inertie.
► « Le Serment du jeu de Paume » - le 20 juin 1789 ►►► « Prise de la Bastille » - le 14 juillet 1789
(lire la suite…)
« Â faut espérer q’eu s’jeu la finira ben tôt - Un Païsant portant un Prélat, et un Noble. » Eau-forte en couleurs, 25 × 16 cm [anonyme, mai 1789] - Paris, BnF, département des Estampes |
● Les privilèges de l’aristocratie et du clergé pèsent d’un poids de plus en plus insupportable sur le reste de la population (partiellement représentée au sein du Tiers État).
→ L’essentiel de la fiscalité du pays porte sur la population la moins riche.
→ Pour assurer son train de vie, la noblesse, dont les privilèges sont conditionnés par l’interdiction d’activités professionnelles roturières, va souvent jusqu’à rétablir des pratiques féodales de redevances pesant sur la population rurale, et réduire ou lui retirer les quelques droits traditionnels qui permettaient aux plus pauvres de survivre (jouissance gracieuse des terrains communaux, droit de glanage).
● Au sein de chacun de ces 3 ordres aussi, les disparités sont très profondes, entre grands seigneurs et hobereaux, princes de l’Église (haut-clergé) et prêtres de campagne (bas-clergé), serfs et fermiers prospères, serviteurs, petits ouvriers et bourgeois… Les corporations sont également des organisations professionnelles maintenant une inégalité entre elles et à l’égard d’activités économiques non organisées.
► Une conjoncture aggravante.
● Plusieurs années de mauvaises récoltes dues aux « étés pourris » consécutifs aux éruptions du volcan islandais Lakagigar (ou Laki) en 1783, avaient précédé un terrible hiver 1788-1789. L’augmentation considérable du prix des denrées alimentaires qui s’ensuivit ruina nombre de petits paysans et aggrava la misère de la population la plus vulnérable dans les villes comme dans les campagnes.
● Or l’État ne peut adoucir cette situation, ses caisses étant vides. Cette crise financière résulte :
→ non seulement du train de vie exorbitant de la famille royale et de la Cour,
→ mais aussi du coût exorbitant du financement par la France et de sa participation militaire directe à la Guerre d’Indépendance américaine, non sans succès puisqu’elle se conclut par la ratification de Traité de Paris de 1783. Un dirigeant politique, fût-il monarque, tentant de redorer son blason sur l’échiquier international, alors qu’il ne parvient pas à gouverner à l’intérieur de ses frontières… voici un scénario aussi universel qu’intemporel.
► De la braise sous la cendre, à l’embrasement final.
L’enchaînement chronologique des faits historiques permet de saisir leur crescendo et les liens de cause à effet, ainsi que les responsabilités engagées.
● Des révoltes paysannes localisées se multiplient sur tout le territoire au cours du XVIIIe siècle. À la suite des philosophes des Lumières, la monarchie absolue de droit divin est de plus en plus remise en cause.
● Mais toutes les tentatives de réformes sociales et politiques engagées par Louis XVI ayant échoué, cet immobilisme intérieur finit par fédérer les mécontentements qui vont aboutir à l’explosion sans précédent en France que fut la Révolution de 1789 et à 10 années de réactions en chaîne et de mutations.
● Des soulèvements et des émeutes éclatent dans plusieurs villes (la “journée des Tuiles” à Grenoble en juin 1788, des émeutes contre la vie chère à Marseille en mars 1789, au Faubourg Saint-Antoine à Paris le 27 avril 1789…)
● Le 30 avril : création de la Société des Amis de la Constitution à Versailles, qui deviendra en octobre le Club des Jacobins, incarnant la tendance dure des idées et des actions révolutionnaires à l’œuvre jusqu’en 1794.
● La noblesse de province demande depuis 1787 la tenue d’États Généraux, conformément à la tradition initiée en 1302 par le roi Philippe le Bel (voir ci-dessus).
Les États Généraux n’avaient pas été réunis depuis 175 ans (sous Louis XIII) ; ce qui souligne à la fois leur caractère exceptionnel, et la nature autocratique de la monarchie française depuis Louis XIV.
● Il est important d’observer que cette demande était soutenue par la population car les Parlements avaient réussi à la convaincre qu’ils étaient le seul rempart contre l’absolutisme royal et que la limitation de leurs droits était nuisible à l’intérêt général. Or les intérêts de la population roturière représentée par le Tiers-État et ceux de la noblesse étaient nettement antagonistes (fiscalité, privilèges, etc.)
● Mais notons également que parmi les soutiens les plus actifs des droits du Tiers-État, une organisation telle que le parti patriote, était conduit par le « club des Trente » comptant à sa tête Mirabeau, La Fayette, d’Aiguillon, Condorcet et l’abbé Sieyès, c’est à dire 4 nobles et un homme d’Église…
Ouverture des États Généraux le 5 mai 1789
dans l’hôtel des Menus-Plaisirs, au château de Versailles
Cette séance inaugurale est présidée par le roi en personne
● Le rôle traditionnel des États Généraux est de contribuer à résoudre les problèmes du pays.
→ Depuis leur origine sous Philippe le Bel, les 3 ordres qui les composaient ( Noblesse / Clergé / Tiers-État ) étaient à peu près équilibrés en nombre de représentants. Mais ce découpage ne respectait pas la structure sociale réelle du pays. Au XVIIIe siècle, la noblesse et le clergé réunis ne représentaient guère que 2% de la population. Or au sein de l’assemblée des État Généraux, ils pèsent ensemble pour 2/3 des membres et des voix…
→ En 1789, sous la pression de l’abbé Sieyès et du parti patriote, le roi accepte de modifier leur proportion en termes de membres. Elle devient la suivante : Noblesse 25% / Clergé 25% / Tiers-État 50%
● Le roi convoque les États Généraux en janvier 1789. La séance inaugurale se tient le 5 mai 1789. Elle rassemble 1139 représentants.
Mais 2 problèmes apparaissent d’emblée :
→ Malgré les profondes difficultés que connaît la population, le déficit budgétaire de l’État est la seule raison invoquée par les représentants du roi pour justifier la réunion des États Généraux.
→ Le Tiers-État se rend compte que le doublement du nombre de ses membres consenti par le roi n’est qu’un leurre. Son poids en termes de voix demeure minoritaire car le vote est organisé par ordre (1 ordre = 1 voix) à la suite de délibérations internes conduites séparément par chaque ordre…
Le Tiers-État demande alors que les sujets soient débattus en commun, tous ordres confondus, et que les décisions soient votées non par ordre, mais par tête (1 membre = 1 voix), de manière à mieux respecter le fait que le Tiers-État représente une proportion de la population beaucoup plus importante que la Noblesse et le Clergé réunis.
Or l’ordre de la Noblesse et celui du Clergé s’y opposent, refusant de renoncer à leur avantage traditionnel (leur voix associée pesant deux fois plus que celle du Tiers-État).
● Devant le blocage de la situation, le 10 juin, le Tiers-État propose aux membres des deux autres ordres d’accord avec ce principe de représentativité et de vote, de le rejoindre.
→ Le tiers des membres représentant la noblesse sont désormais des libéraux et le bas-clergé (de simples curés) constitue les 3/4 de l’ordre du clergé. Ainsi, avec le Tiers-État, la petite noblesse non solidaire de l’aristocratie de la Cour, et le bas-clergé représentent potentiellement 80% de l’assemblée.
→ Et en effet, le 13 juin, 3 membres du clergé se joignent au Tiers-État. Puis 10, le 17 juin. C’est une véritable révolution institutionnelle remettant en cause l’organisation politique et sociale du royaume, qui s’opère contre la volonté du roi.
→ Le 17 juin, les deux autres ordres ayant refusé la délibération commune, le Tiers-État s’auto-proclame Assemblée Nationale.
→ Le 19 juin, ne tenant pas compte de l’avis de son ministre Necker, Louis XVI fait fermer la salle des Menus-Plaisirs où se tenaient les États Généraux.
→ Ce Tiers-État augmenté de représentants de la Noblesse et du Clergé recherche une salle où réunir sa nouvelle Assemblée Nationale. Ce sera la salle de Jeu de Paume, dans le vieux Versailles.
Serment du Jeu de Paume, le 20 juin 1789 - Dessin de David, 1791
● Le Serment du Jeu de Paume : cette nouvelle assemblée se réunit le 20 juin dans la salle du Jeu de Paume, se donnant pour obligation de ne pas se séparer avant d’avoir rédigé une constitution pour la France. Il n’était pas encore question de mettre un terme à la monarchie, mais d’évoluer vers une monarchie constitutionnelle, comme le Royaume Uni en 1688.
Malheureusement, au lieu d’accepter de combler ce retard d’un siècle par rapport son éternel rival, le roi de France fit obstacle à ce qui aurait pu être in extremis une évolution salutaire, préférant imprudemment engager un bras de fer avec la majorité des Français. Il ordonna le 23 juin la dissolution de cette assemblée constituante auto-proclamée. Elle se tiendra pourtant jusqu’au 3 septembre 1791.
● Le 23 juin, lors de la tenue d’une séance des États Généraux présidée par lui, à laquelle Necker refuse d’assister, le roi ordonne la dissolution de cette assemblée constituante auto-proclamée. Mais le bas-clergé ainsi qu’une cinquantaine de nobles soutiennent le Tiers-État dans son refus de se retirer pour débattre séparément (par ordre).
● Le 27 juin, le roi se soumet finalement à la volonté de cette nouvelle Assemblée Nationale de fait, et invite les 3 ordres à débattre ensemble.
● Le 9 juillet, l’Assemblée Nationale se proclame Assemblée constituante.
● Le 11 juillet, le marquis de La Fayette, héros de la guerre d’indépendance des États-Unis, présente un projet de déclaration des Droits de l’Homme à l’Assemblée constituante. Le roi renvoie Necker qu’il juge trop favorable au Tiers-État, provoquant par cette décision un fort mécontentement populaire.
● Le 12 juillet, Camille Desmoulins, un avocat et journaliste proche de Mirabeau, harangue son auditoire du Palais Royal.
● Le 13 juillet, une municipalité et une *garde bourgeoise sont formées à Paris. Cette garde joua un rôle important le lendemain, lors de la prise de la Bastille.
● Le 14 juillet, la Prise de la Bastille n’est que le résultat de l’ensemble des évènements précédents.
Car, hormis le symbole de l’arbitraire de la monarchie absolue, celui de l’emprisonnement sur simple lettre de cachet, cette vieille forteresse ne représentait guère d’enjeu stratégique, ni pour les forces révolutionnaires en formation, ni pour le pouvoir royal. En revanche, le fait que 5 des 6 Gardes Françaises constitutives des forces royales se soient jointes aux parisiens insurgés pour prendre la Bastille, marqua un virage décisif, entérinant la légitimité populaire de tous les soulèvements précédents, notamment celui du Faubourg Saint-Antoine le 27 avril de la même année.
● Le 15 juillet, le roi Louis XVI nomme le marquis de La Fayette commandant en chef de cette garde parisienne ; signe que la roi a perdu le contrôle des évènements et qu’il est désormais porté par eux.
● Dans les jours suivants, des milices sont formées dans tout le pays sur le modèle de la garde parisienne. Dans les mois qui suivent, la garde bourgeoise devient la Garde nationale. Quant au régiment des Gardes Françaises, il est dissout le 1er septembre 1789.
● En province, des comités de patriotes prennent des municipalités. Du 15 juillet au 6 août, des rumeurs de brigandage poussent des paysans craignant le pillage de leurs récoltes, à s’armer de faux et de fourches pour se défendre, pendant cette période dite de « Grande Peur ». Rien de tel ne se produisant, ils exigent des seigneurs locaux qu’ils leur remettent les titres de droits seigneuriaux qui les assujettissent socialement et économiquement, afin de détruire. Quelques seigneurs sont assassinés, et des châteaux pillés ou brûlés.
● Dans la nuit du 4 août 1789, afin de mettre un terme à ces violences, l’Assemblée décide décide d’abolir les privilèges et les inégalités fiscales, les droits féodaux et la vénalité des charges et des offices.
Toutefois, la plupart des députés étant propriétaires terriens, la portée de ces mesures sera modulée par une série de décrets rédigés du 5 au 11 août 1789…
L’Assemblée Constituante précisera d’ailleurs le 15 juin 1791 :
« Ni la nation française, ni ses représentants, n’ont eu la pensée d’enfreindre par là
les droits sacrés et inviolables de la propriété. »
● Le 26 août 1789, l’Assemblée Constituante vote la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Elle applique les principes des Lumières, en mettant un terme à la monarchie absolue et à la société structurée en ordres. Mais par ailleurs, elle satisfait les attentes spécifiques de la bourgeoisie : la sacralisation de la propriété privée (article II), le partage du pouvoir avec le roi et l’accès à tous les emplois publics.
L’attente initiale de la plupart des Français n’était pas l’abolition de la monarchie, mais la fin de l’absolutisme monarchique. Beaucoup d’intellectuels voyaient dans la monarchie britannique un système politique plus ouvert sur la société, plus à son écoute et surtout garant d’une liberté d’opinion et d’expression absente en France.
Il n’est donc pas surprenant que la dernière étape avant l’explosion révolutionnaire, ait consisté dans l’instauration de la première monarchie constitutionnelle française.
Mais le roi Louis XVI réagit alors systématiquement à contre-temps de l’histoire, jusqu’à signer sa propre perte et donner ainsi aux partisans d’une révolution violente le prétexte qu’ils attendaient pour s’imposer.
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Drapeau de la France et blason de la Monarchie Constitutionnelle
1791 – 1792
(lire la suite…)
La monarchie absolue prend fin en France, de fait, le 14 juillet 1789. Mais il faudra attendre l’approbation de la Constitution du 3 septembre 1791 par le roi, le 13 septembre, pour que soit officiellement instaurée la première monarchie constitutionnelle française.
► La monarchie française cristallise en Europe l’affrontement de 2 mondes.
● Alors que l’évolution politique du Nord de l’Europe (Grande Bretagne, Pays-Bas) avait inspiré les philosophes des Lumières et été influencée par eux, le Sud et l’Est du continent demeuraient crispés sur les principes monarchiques absolutistes et leur autoritarisme.
● C’était particulièrement le cas de l’Autriche dont les souverains, l’archiduchesse Marie-Thérèse d’Autriche, puis son fils Joseph II, respectivement la mère et le frère de la reine Marie-Antoinette, ne cessèrent de lui conseiller d’influencer le roi Louis XVI afin qu’il sauvegarde la monarchie absolue, quitte à faire preuve d’autoritarisme et recourir à la violence.
Mais après l’échec de cette stratégie, le couple royal français ne peut plus compter sur le soutien de l’Autriche : en effet, l’archiduchesse Marie-Thérèse et son fils Joseph II sont morts. Depuis février 1790, c’est le frère de ce dernier, Léopold II, qui est le nouvel empereur. Lui-même gagné par la philosophie des Lumières, souhaitait au contraire que sa sœur, la reine de France, joue le jeu de la nouvelle Constitution Française.
► L’année 1790 est marquée par une succession de réformes de fond,
… auxquelles procède l’Assemblée Constituante.
● Réformes de société : suppression des ordres monastiques et vote de la constitution civile du clergé ; suppression de la noblesse.
● Réformes économiques : fiscale (suppression de la gabelle), patrimoniale (vente des biens du clergé) et monétaire (transformation des assignats en papier-monnaie).
● Réformes administratives et territoriales : adoption du drapeau tricolore bleu, blanc, rouge. Instauration de la Fête de la Fédération. Deuxième commune de Paris (Paris est divisé en 48 sections, remplaçant les 60 anciens districts). Rattachement à sa demande d’Avignon à la France.
Dans le même temps, un multipartisme se met en place à travers la création et la montée en puissance des clubs, parmi lesquels le Club des Cordeliers, et celui des Jacobins ( voir § ci-dessus : « De la braise sous la cendre, à l’embrasement final » ).
► Mais Louis XVI résiste…
● Au lieu d’accompagner habilement le mouvement de l’histoire en marche afin de le canaliser, il tente de s’y opposer ou n’y cède que par à-coups, sous la contrainte, quitte à ensuite se parjurer.
● Le 3 décembre 1790, il adresse une lettre au roi de Prusse, lui demandant de le soutenir contre la Révolution.
● Dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, faute de soutien extérieur concret, le roi tente de fuir Paris avec sa famille pour se réfugier dans la forteresse de Montmédy dans la Meuse, tenue par des forces royalistes, d’où il espère lancer une contre-offensive antirévolutionnaire.
Mais leur équipée est arrêtée à Varennes en Argonne le 22 juin 1791. Le sort contraire mettant cette fuite en échec, fait désormais d’un roi hostile à la révolution un citoyen traître à la nation et ouvre la voie aux courants révolutionnaires les plus durs. Le roi et sa famille sont de retour à Paris le 25 juin.
Dès le 21 juin, le club des Cordeliers avait demandé la destitution de Louis XVI. L’idée d’une république gagne de plus en plus les esprits.
● Pourtant, le roi est rétabli dans ses prérogatives le 16 juillet 1791.
Au matin de sa fuite, Louis XVI avait laissé un manuscrit intitulé « Déclaration à tous les Français », expliquant les raisons de sa défection. Il accepterait une monarchie constitutionnelle, mais à la condition de conserver le contrôle d’un pouvoir exécutif fort et autonome vis-à-vis de l’Assemblée ; il refuse la contrainte qui est exercée sur sa personne pour l’approbation des décisions de cette dernière ; il dénonce les vexations dont lui et sa famille sont victimes et justifie ainsi sa fuite :
« D’après tous ces motifs, et l’impossibilité où le Roi se trouve à présent d’opérer le bien et d’empêcher le mal qui se commet, est-il étonnant que le Roi ait cherché à recouvrer sa liberté et à se mettre en sûreté avec sa famille ? »
Mais ce manuscrit est tenu secret, et l’Assemblée Constituante soutient même un temps la thèse d’un enlèvement, plutôt que celle de la fuite…
● En ne mettant pas fin au régime monarchique, mais en transférant seulement la souveraineté du Roi à la Nation, la Constitution française du 3 septembre 1791 institue une monarchie constitutionnelle en France, un siècle après la Grande Bretagne :
→ le 13 septembre, le roi approuve la Constitution, à contre cœur.
→ le 30 du même mois, l’Assemblée Constituante est dissoute.
→ le 1er octobre, l’Assemblée Législative est ouverte.
► Louis XVI commet l’erreur de se montrer vindicatif,
… alors qu’il n’en a absolument plus les moyens.
En juin 1792, le roi oppose à plusieurs reprises son veto à des décrets votés par l’Assemblée nationale : déportation les prêtres réfractaires et levée de 20 000 fédérés pour la formation de gardes nationaux destinés à défendre Paris de toute intervention contre-révolutionnaire.
● Le 13 juin, le roi renvoie les ministres girondins patriotes, favorables à la déportation des prêtres réfractaires et à la constitution d’une armée révolutionnaires (troupes de fédérés).
● Le 20 juin (date anniversaire humiliante pour la monarchie, du Serment du Jeu de Paume en 1789 et de la fuite de la famille royale en 1791…), le peuple envahit les Tuileries, réclamant le retour des ministres congédiés et l’acceptation par le roi de plusieurs décrets auxquels il a mis son veto. Coiffé du bonnet rouge révolutionnaire (bonnet phrygien) à la demande insistante de la foule, le roi ne cède pourtant pas à ses exigences politiques.
● Le 7 juillet, des fédérés affluent vers Paris malgré le veto du roi.
● Le 25 juillet, le manifeste de Brunswick (proclamation attribuée au chef de l’armée prussienne, le duc de Brunswick, mais émanant en réalité du couple royal français lui-même) est adressé au peuple de Paris : ce dernier est menacé de subir une « exécution militaire et une subversion totale » s’il était fait _« la moindre violence, le moindre outrage à Leurs Majestés le roi et la reine »_…
● Le 30 juillet, arrivent à Paris des contingents de fédérés “ Marseillais ” qui popularisent le Chant de guerre pour l’Armée du Rhin devenu par la suite l’hymne national de la République Française : la Marseillaise.
● Le 10 août, le Palais des Tuileries est pris d’assaut par le peuple (sectionnaires et fédérés). La famille royale se réfugie à l’Assemblée. La création d’une nouvelle assemblée est décidée : la Convention Nationale.
● Le 13 août, après l’instauration du suffrage universel pour la première fois en France (les 10 et 11 août), le roi est suspendu et la famille royale est enfermée à la Prison du Temple.
● Du 2 au 6 septembre, éclatent les massacres de septembre également dénommés la première Terreur. Le peuple de Paris, choqué par l’entrée sur le territoire national des armées de la coalition formée par la Prusse et l’Autriche contre la France, et par la chute des places fortes françaises, cherche des boucs émissaires et s’attaque aux détenus des prisons de Paris : essentiellement des prêtres réfractaires et autres ennemis de la Révolution, des prisonniers de droit commun et des prostituées qui, durant ces 5 journées, sont massacrés à l’issue de parodies de jugement.
● Le 21 septembre, la première réunion de la Convention Nationale aboutit à l’abolition de la monarchie et à la proclamation de la République.
● Le 22 septembre 1792 est déclaré An I de la République française, “une et indivisible”.
● Le 2 octobre est créé le Comité de sûreté générale, émanation du Comité de surveillance de l’Assemblée nationale législative créé le 25 novembre 1791. Il est le premier organe institutionnel de persécution, précurseur de la Terreur qui sera ensuite conduite par le Comité de Salut Public institué en mars 1793. La période historique de la Terreur s’achèvera le 28 juillet 1794, à la suite du coup d’État du 9 Thermidor (27 juillet 1794) qui provoqua la chute de Robespierre.
● Avec la fin de la monarchie, c’est le sort du roi qui est alors scellé :
→ Condamné à mort par la Convention Nationale, il meurt guillotiné sur l’échafaud dressé place de la Révolution (actuelle place de la Concorde) à Paris, le 21 janvier 1793.
→ La vie de la reine Marie-Antoinette, certainement sa pire conseillère, s’achève de la même manière, le 16 octobre 1793.
● Les relations épistolaires de la reine Marie-Antoinette avec les souverains autrichiens ont été considérées par le Tribunal révolutionnaire devant lequel elle comparut en octobre 1793, comme une preuve de haute trahison. Aux 2 premières des 4 questions posées au jury :
« 1. Est-il constant qu’il ait existé des manœuvres et des intelligences avec les puissances étrangères et autres ennemis extérieurs de la République, lesdites manœuvres et des intelligences tendant à leur fournir des secours en argent, à leur donner l’entrée du territoire français et à leur faciliter le progrès de leurs armes ?
2. Marie-Antoinette d’Autriche (…) est-elle convaincue d’avoir coopéré à ces manœuvres et d’avoir entretenu ces intelligences ? »,
sa réponse avait été “OUI”.
Les guerres de la Révolution Française ont joué un rôle déterminant dans son évolution jusqu’à son terme en 1799 et, au-delà, dans l’orientation politique de la France du XIXe siècle.
En effet, elles permirent au mouvement révolutionnaire de s’imposer en 1792. Alors que, perdues, elles auraient sonné le glas de la Révolution en permettant l’invasion de la France par la coalition étrangère, et la restauration de la monarchie.
Puis à partir de 1793, les qualités de stratège et les succès militaires croissants de Napoléon Bonaparte l’imposèrent progressivement comme l’homme providentiel. Également fin politique, il devait accomplir en 1804 le prodige de se couronner lui-même plus que roi, Empereur des Français, sous le nom de Napoléon Ier, tout en se réclamant de la République issue de l’idéal révolutionnaire !
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►► « La bataille de Valmy, le 20 septembre 1792 » | « Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard en mai 1799 » |
(lire la suite…)
► L’origine des guerres révolutionnaires
La Révolution Française n’a pas consisté dans un changement soudain de système politique, passant simplement et définitivement de la monarchie à la république, ni dans un basculement irréversible du pouvoir, retiré des mains du roi pour être remis au peuple.
Il s’est agi au contraire d’un conflit opposant la monarchie et ses privilégiés, à l’immense majorité d’une société française qui n’acceptait plus de faire les frais de ce système.
Cette opposition, d’abord limitée aux détracteurs de la monarchie absolue, parmi lesquels figuraient la plupart des intellectuels des Lumières et une partie de l’aristocratie frustrée par cet absolutisme, bénéficia ensuite de l’adhésion du peuple, en révolte pour des raisons beaucoup plus vitales qu’idéologiques.
● Mais l’issue de ce bras de fer a souvent été hésitante et soumises aux aléas des circonstances. Et surtout, comme dans tout système politique absolutiste ou totalitaire, il n’existait initialement ni parti d’opposition constitué, ni force organisée susceptible de faire contrepoids à la police et à l’armée du régime en place.
● Ainsi, s’il est vrai que le roi, réalisant qu’il subissait bien une révolution, avait de bonnes raisons de s’inquiéter pour sa sécurité et celle de sa famille, la population n’ignorait pas le potentiel de représailles que constituait l’armée de mercenaires dont disposait la monarchie.
● C’est pourquoi, tout mouvement des troupes royales, réel ou supposé, a joué un rôle déclencheur à différentes moments clés de cette période révolutionnaire :
→ la rumeur de l’arrivée des troupes suisses à Paris a certainement précipité la prise de la Bastille,
→ 2 ans plus tard, la menace militaire extérieure confirmée par le manifeste de Brunswick n’a fait qu’amplifier et accélérer la réaction des troupes fédérées révolutionnaires qui convergèrent vers Paris, et précipiter l’arrestation du roi et la fin de la monarchie.
● La menace d’une coalition étrangère antirévolutionnaire complice des émigrés français ne cessa de hanter la Révolution Française et justifia sa militarisation intensive, visant dans un premier temps à empêcher toute invasion du territoire national.
► 1792, l’année de tous les dangers.
Le roi lui-même souhaite le guerre, nourrissant l’espoir de la perdre du fait de la désorganisation de l’armée française, afin de se trouver au plus vite sous la protection des armées étrangères. Cela explique sa déclaration de guerre à l’Autriche le 20 avril 1792, largement approuvée par l’Assemblée législative qui, elle, ne souhaite pas la perdre, mais au contraire en faire un flambeau de la Révolution Française en Europe.
● Dans un premier temps, comme le prévoyait Louis XVI, l’armée française essuie une série de défaites. Mais celles-ci galvanisent l’esprit révolutionnaire. La Prusse étant entrée en guerre contre la France aux côtés de l’Autriche le 6 juillet, l’Assemblée législative passe outre le veto royal et proclame « la patrie en danger » le 11 juillet 1792, demandant à tous les volontaires d’affluer vers Paris. Mais l’armée révolutionnaire française perd encore plusieurs places fortes sur le territoire national.
● Ce n’est que le 20 septembre 1792 que l’armée française, commandée par le général Charles-François Dumouriez, arrête l’invasion en remportant la victoire de Valmy contre les prussiens.
Dès lors, le rapport de forces entre l’armée révolutionnaire et la coalition étrangère s’inverse : le général Dumouriez pénètre en Belgique le 8 octobre afin de chasser les Autrichiens du sol français. Les victoires remportées par le général Custine du 30 septembre au 22 octobre (Spire, Worms, Mayence et Francfort) confortent sa position sur le Rhin, et la nouvelle victoire de Dumouriez à Jemmapes le 6 novembre 1792, lui permet de contrôler la Belgique.
● Puis cette stratégie révolutionnaire d’autodéfense militaire, se transforme en stratégie de conquête et en tentatives de conversion forcée des territoires voisins aux principes révolutionnaires, pour aboutir finalement au début du XIXe siècle au Premier Empire napoléonien, qui prolongea et amplifia l’esprit de conquête hérité de cette épopée révolutionnaire.
► L’histoire distingue parmi les guerres et campagnes :
● celles de la première coalition (1792-1797)
En 1792, elle réunit l’Autriche et la Prusse contre l’armée révolutionnaire française.
À partir de 1793, les États suivants rejoignent cette coalition : les Royaumes de Grande-Bretagne, de Sardaigne (Piémont), d’Espagne, des Deux-Siciles (Naples), du Portugal et les Provinces-Unies.
Campagnes de 1792 et de 1793, Campagnes de 1794-1795, Guerre en Italie 1793-1795, Campagne d’Italie de Bonaparte 1796-1797, Campagnes en Allemagne 1796-1797.
C’est de 1793 à 1796 que se déroula l’effroyable guerre civile connue sous le nom de Guerre de Vendée, en réalité les deux premières guerres de Vendée, de 1793 à 1794, puis de 1795 à 1796.
→ L’insurrection d’une partie de la population vendéenne refusant la conscription de masse de 1793, provoquèrent des représailles impitoyables par les armées révolutionnaires, ordonnées par le Comité de Salut Public dirigé par Robespierre. Or les premières expéditions punitives engagées cette même année contre les insurgés (désignés sous le vocable peu précis de brigands, avec l’intention évidente de ne pas faire de quartier), tournèrent d’abord au désavantage de l’armée régulière révolutionnaire.
→ La réaction du Comité de Salut Public fut sans bornes. Le décret du 1er août 1793 prévoit la « destruction de la Vendée ». Barère, rapporteur en titre du Comité de Salut public à la Convention, appela à détruire la Vendée, puis reprochera aux généraux de l’avoir fait !
Robespierre ordonna pratiquement à ses colonnes infernales de mater toute résistance à tout prix. Elles exterminèrent la population, rasèrent les habitations et saccagèrent les récoltes. Si elles n’y parvinrent pas littéralement, les historiens contemporains évaluent cependant le nombre des victimes à environ 170.000 morts, soit 30% de la population vendéenne en un an et demi. Hommes, femmes, enfants et vieillards furent sauvagement massacrés par tous les moyens, y compris par noyade, précipités par groupes entiers dans la Loire.
Il ne fait pas de doute que le contexte de guerre totale, et le sentiment exacerbé de patrie en danger, la France révolutionnaire étant alors attaquée de toutes parts à ses frontières par les armées royales des pays voisins, ont largement contribué à cette sur-réaction. Cet épisode de la Terreur n’aurait certainement pas atteint un tel niveau d’horreur si les insurgés vendéens n’avaient pas été considérés comme coupables de haute trahison envers la nation et la république en péril par les révolutionnaires les plus radicaux alors au pouvoir.
C’est en 1986, donc peu avant les célébrations du bicentenaire de la Révolution Française, que l’historien Reynald Secher publia « La Vendée-Vengé, Le génocide franco-français », jetant un pavé dans la marre des simplifications et des révisionnismes, qui occultaient encore l’ambivalente complexité de cette décennie fondatrice de notre démocratie…
● et celles de la deuxième Coalition (1798-1800)
désormais les troupes russes se joignent également à la coalition :
Campagne d’Égypte 1798-1800, Campagnes de 1799, Campagnes de 1800 (dont la Campagne d’Italie). Traité de Lunéville de 1801.
Nous intéressant surtout aux vecteurs et aux résultantes de la Révolution Française encore perceptibles de nos jours, nous n’entrons pas dans le détail de certains aspects historiques marquants :
→ les luttes célèbres qui avaient opposé les différents mouvements révolutionnaires
► (Girondins et Montagnards, Jacobins, Sans-Culottes, Cordeliers, etc.),
→ les alliances ou les combats entre personnages non moins célèbres
► (Danton, Robespierre, Marat, Saint-Just, Hébert, etc.),
→ et les nombreux rebondissements qui caractérisèrent les différentes étapes de la période.
Mais les phases charnières sont représentatives du jeu des forces en présence : entre la normalisation républicaine de la société par le Directoire et la période précédente d’institutionnalisation de la Terreur, jusqu’à sa propre décapitation, le contraste est éloquant. Puis en sonnant la fin de la Révolution Française au bout de 10 années, le passage du Directoire au Consulat constitue un évènement particulièrement significatif, tant par ses modalités que par ses conséquences.
(lire la suite…)
► La Convention montagnarde de la Terreur
Nous traitons en page suivante d’autres aspects politiques et sociologiques qui sous-tendent le déroulement de la Terreur.
Quant aux causes de son déroulement :
● Après une première flambée de violence incontrôlée lors des massacres de septembre 1792 (première Terreur), c’est le sentiment des dangers grandissants menaçant la survie de la République, à l’intérieur du pays comme à ses frontières, qui conduisit en 1793 les chefs de file d’alors (les éléments les plus révolutionnaires de la Convention, appartenant à la formation des Montagnards) à vouloir reprendre le contrôle de la situation.
En effet, la volonté de décentraliser la révolution, à la fois dans une optique de démocratie directe (chaque citoyen devait devenir lui même l’artisan du processus révolutionnaire) et de décentralisation territoriale (régionalisation institutionnelle, notamment avec la création de tribunaux révolutionnaires sur tout le territoire), avait tourné à l’anarchie :
→ des initiatives révolutionnaires dispersées propices aux règlements de comptes, s’étaient multipliées,
→ les Représentants en mission envoyés en province par la Convention pour expliquer et faire appliquer ses décisions, ne faisaient qu’ajouter à la confusion ambiante,
→ à Paris même, les sans-culottes (qui incarnaient le peuple révolutionnaire, et non la bourgeoisie siégeant dans les assemblées de la République) étaient devenus incontrôlables.
● Mais les Montagnards eux-mêmes sont pris à partie par les sans culottes qui adressent une pétition à la Convention le 25 juin 1793 :
« Mandataire du peuple, depuis peu vous promettez de faire cesser les calamités du peuples ; mais qu’avez vous fait pour cela ? Avez-vous prononcé une peine contre les accapareurs et les monopoles ? Non. Eh bien, nous vous déclarons que vous n’avez pas tout fait. Vous habitez la Montagne, resterez-vous immobiles sur le sommet de ce rocher immortel ? Il ne faut pas craindre d’encourir la haine des riches, c’est-à-dire des méchants ; il faut tout sacrifier au bonheur du peuple »
Les « accapareurs et les monopoles » mentionnés dans cette pétition visent deux types de personnes :
→ les spéculateurs qui achètent en grande quantité et stockent les matières premières comme le blé afin de faire monter leur cours, dont on comprend aisément qu’ils puissent être considérés comme activement anti-révolutionnaires,
→ mais aussi toute personne qui fait des stocks de biens de consommation courante, du fait de l’inflation galopante et de l’incertitude du lendemain en cette période de grands troubles…
Le fait que ce second type de comportement, certes incivique mais relevant pratiquement de l’instinct de conservation, puisse être assimilé au premier, et que le riche (et non plus seulement le privilégié de l’Ancien Régime) soit désormais systématiquement considéré comme le méchant, laisse augurer du tour que prit ensuite cette reprise en mains…
Car il était très difficile pour les plus durs des députés de ne pas relever le gant qui venait de leur être jeté par ceux au nom desquels ils prétendaient agir, et sur lesquels reposait donc leur légitimité.
● Les sans-culotte bénéficiaient du soutien de la Commune Insurrectionnelle de Paris, qui avait remplacé la Commune légale en août 1792. Son substitut était Danton. Elle contribua à la création du Tribunal révolutionnaire et la pression qu’elle exerça pour la proscription des députés girondins contribua fortement à la purge dont ils furent alors victimes. Les citoyens parisiens participaient à la désignation de ses 52 commissaires.
En 1793, la Commune Insurrectionnelle de Paris était sous l’influence du Comité de Salut Public dirigé par Robespierre, Saint-Just et Couthon. Mais après l’élimination des Hébertistes le 24 mars 1794, la Convention nationale lui infligea une purge dont elle ne se releva pas : 93 de ses membres furent guillotinés et son dernier maire ne survécut pas à Robespierre (il partagera son sort le 10 thermidor an II - 28 juillet 1794).
● La décision d’instaurer un gouvernement Révolutionnaire provisoire, doté d’une constitution également provisoire, et d’un Tribunal Révolutionnaire exerçant à Paris, avait pour but de mettre fin à la décentralisation du processus révolutionnaire et de le replacer sous le contrôle exclusif et centralisé de la Convention.
● En septembre 1792, la Convention avait créé le Comité de Sûreté Générale en remplacement du Comité de Surveillance de l’Assemblée Nationale Législative, chargé d’appliquer les mesures de police contre les suspects. Après l’élimination des Girondins le 2 juin 1793, il devint en réalité un “ministère de la Terreur”.
En avril 1793, la Convention avait remplacé le Comité de Défense Générale par le Comité de Salut Public, mis en place par la Convention pour faire face aux dangers qui menaçaient la République au printemps 1793 (guerre aux frontières et guerre civile).
● C’est la Convention qui élit ces deux organes constituant le gouvernement révolutionnaire. En juillet 1793, elle procède au renouvellement de la composition du Comité de Salut Public, lequel avait remplacé le Comité de Défense Générale en avril de la même année.
Robespierre fut nommé à sa tête, à la place de Danton jugé trop modéré.
● La Terreur d’État est officialisée en septembre 1793 par la loi des suspects. Elle restera dans l’Histoire comme la grande Terreur.
La composition du Comité de Sûreté Générale est également renouvelée. Il avait été crée un an plus tôt par la Convention. Parmi ses 12 membres, les plus actifs dans le processus liquidatif sanguinaire de la Terreur furent sans conteste les 3 avocats : Barère (rapporteur attitré du Comité de Salut Public), Amar, et Voulland, ainsi que Vadier (surnommé « Le grand inquisiteur »).
● Les pouvoirs des deux comités étaient très étendus, et la rivalité de compétences qui les opposa a certainement contribué à exacerber le niveau de violence et les modalités expéditives de condamnation, en rupture avec les principes mêmes de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen…
● Une surenchère comparable ayant pris place entre les membres des comités, elle conduisit à propager en leur sein un climat de délation et d’insécurité permanente qui connut un paroxysme avec la loi du 22 prairial an II (10 juin 1794).
En vue de désengorger les prisons parisiennes, elle déchargeait le Tribunal Révolutionnaire des procédures de jugement en les déléguant à des commissions populaires. Dès lors, le Tribunal Révolutionnaire se limita à les entériner pour les rendre exécutoires. Le jugement devenait expéditif. Un suspect ne pouvait désormais qu’être relaxé ou condamné à mort.
Alors que la loi des Suspects avait nettement accru les accusations arbitraires, la loi de prairial piétinait le principe du droit de la défense.
Avant l’adoption de cette loi, le Tribunal Révolutionnaire avait prononcé en moyenne 90 condamnations à mort par mois. Le nombre passa à plus de 900 (1376 en 1 mois et 1/2), jusqu’à la chute de Robespierre le 9 thermidor an II (27 juillet 1794)…
Or le concepteur de la loi de Prairial n’était pas Robespierre, bien qu’il en ait soutenu la proposition, mais Bertrand Barère, dont nous analysons en page suivante le rôle dans les excès de la Terreur, comme d’ailleurs dans la chute de Robespierre.
● Car ce n’est pas tant la Terreur exercée sur la population qui provoqua la chute de Robespierre, que la menace que faisait peser sur ses anciens coreligionnaires la double réprobation qu’il leur exprimait alors :
→ en dénonçant le dévoiement par eux de la politique du gouvernement révolutionnaire, par l’instrumentalisation du Comité de Sûreté Générale au nom de la Terreur, à des fins personnelles n’ayant rien à voir avec la vertu que Robespierre estimait obligatoirement indissociable du processus d’exception de la Terreur. Quant à la corruption financière qui s’était développée au sein même des Montagnards, elle s’illustra particulièrement avec l’Affaire de la liquidation de la Compagnie des Indes dans laquelle Amar, l’un des conspirateurs responsables de la chute de Robespierre, sentit de très près le vent du boulet…
→ Ce dévoiement s’exerçait évidemment au détriment de l’intérêt du peuple qui se voyait confisquer ses droits et ses prérogatives, et trop souvent même la vie, offerte à la lame de la guillotine en sacrifice expiatoire censé dissimiler (faute de les racheter) les turpitudes des grands tribuns du barreau révolutionnaire…
● En outre, la tentative de Robespierre de mettre un terme au processus de déchristianisation, dont il qualifia en novembre 1793 les excès sinon le principe de contre-révolutionnaires, lui valut de solides inimités dans son propre camp.
Le culte de l’Être suprême qu’il présida le 20 prairial an II (8 juin 1794), après en avoir fait proposition au sein du Comité de Salut Public, et adopter le principe par la Convention montagnarde, connut un immense succès populaire à Paris. Ce qui ne manqua pas de faire de l’ombre à d’autres membres du Comité. Pourtant il différait peu du culte de la Raison,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Maximilien_Robespierre#L’Être_suprême
http://fr.wikipedia.org/wiki/Culte_de_la_Raison_et_de_l’Être_suprême
Après avoir prononcé des menaces de dénonciation sans nommer ses cibles, Robespierre s’était retiré du Comité de Salut Public non en démissionnant, mais en s’abstenant de paraître à ses séances. Cette éclipse de l’incorruptible, qui continuait de s’exprimer à la Convention, parut aux membres visés plus dangereuse encore que sa présence.
En lui attribuant la responsabilité des excès de la Terreur, contre la promesse à ceux qu’elle menaçait encore, d’y mettre fin, ces députés obtinrent le soutien des autres formations de la Convention en vue du renversement de Robespierre. Ce scénario présentait pour eux un double avantage :
→ faire accuser Robespierre de leurs propres crimes, et donc s’en laver par la même occasion,
→ et surtout, mettre un terme à la menace que Robespierre représentait désormais pour eux : celle de les faire juger, ce qui ne leur laissait que peu de doute quant à leur sort.
Les députés du Marais (la Plaine), qui s’efforçaient de se faire oublier depuis le début de la Terreur, ainsi que d’autres membres de la Convention adhérèrent au plan des Montagnards conspirateurs.
Robespierre fut arrêté le 9 Thermidor an II (27 juillet 1794). Il ne put ni s’exprimer et moins encore se défendre ou faire plaider sa cause. Il aurait sans doute pu tenter de déclencher un soulèvement de la Commune Insurrectionnelle de Paris qui aurait certainement provoqué un bain de sang. Il ne le fit pas. Dans cette course contre la montre, les députés décidèrent de le neutraliser en le déclarant hors-la-loi. C’était une condamnation sans procès. Il fut exécuté le lendemain, 10 Thermidor an II, avec 21 de ses amis, dont son frère Augustin, et ses proches, Saint-Just et Couthon. 83 autres de ses partisans furent exécutés dans les jours qui suivirent.
C’est sous le nom de “Thermidoriens” que l’histoire retiendra les acteurs de cette conspiration.
Le Marais demanda la réhabilitation du mouvement des Girondins.
La Convention de la Montagne avait débuté avec la persécution des Girondins. Elle prit fin avec leur retour au pouvoir…
► Le Directoire (26 octobre 1795 - 9 novembre 1799)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Révolution_française#Directoire_(26_octobre_1795_-_9_novembre_1799)
Après une année de battement pendant laquelle la Convention reprit son activité de manière dépassionnée, elle vota la nouvelle Constitution de l’an III le 29 messidor (17 août 1795). Elle devint effective en séptembre de la même année, à la suite d’un plébiscite. Un nouveau régime fut institué peu après, le Directoire, qui dura du 4 Brumaire an IV au 18 Brumaire an VIII (26 octobre 1795 - 9 novembre 1799).
Pour la première fois en France, le pouvoir législatif repose sur un parlement bicaméral : le Conseil des Cinq-Cents (500 membres) et le Conseil des Anciens (250 membres). Le pouvoir exécutif est un directoire de cinq personnes nommées par le conseil des Anciens sur une liste fournie par le Conseil des Cinq-Cents. Les ministres et les cinq directeurs ne sont pas responsables devant les assemblées, mais ils ne peuvent non plus les dissoudre. Comme en 1791, aucune procédure ne permet de résoudre les conflits
► Le Consulat
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