►►►► | Une spirale économique toxique - Thème 3 sur 10 |
« Je vois un vice capital dans la liberté
presque illimitée du marché du travail
parallèlement aux progrès fantastiques
des méthodes de production. » ►►►►
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Albert EINSTEIN - “Comment je vois le monde”
Éditions Flammarion, 1934
© Tous droits réservés 2010 – Agence “Made in Transparency” – (AMIT) SARL
« Rares sont ceux qui voient par leurs propres yeux et ressentent par leur propre cœur » nous dit encore Einstein, dans ce même essai original et prophétique quant aux enjeux de nos sociétés.
Nous souhaiterions tout d’abord vous convaincre, si besoin est, que l’économie ne recèle pas de mystères transcendants, inaccessibles au commun des mortels. Seul notre bon sens peut nous mettre à l’abri des illusionnistes de la mondialisation, à l’œuvre depuis des décennies.
« À quoi servent les économistes ? »
(Philippe CHALMIN - Les Carnets de l’économie - France Culture)
Comme le corps humain, le système économique dans son ensemble est constitué d’organes remplissant des fonctions complémentaires, et dont l’interaction se fait via des flux. Mais faute de cerveau central, il n’a pas de mémoire et bien peu de cohérence globale… Son psychisme est diffus, et ses réactions à fleur de peau.
Les acteurs économiques ou agents (producteurs, prestataires de services, distributeurs, consommateurs, régulateurs) agissent en vue de répondre au mieux à leurs propres besoins comme à ceux de leur famille, et pour ce faire (au moins en théorie), de réaliser les objectifs de leur entreprise ou de leur organisation.
Les revenus de ces acteurs proviennent de la rémunération de leur travail par leurs employeurs (salaires), ou de leur chiffre d’affaire (vente de biens et de services) et de leur épargne (intérêts et plus-values).
Chacune de ces sources de revenus correspond à un type particulier de marché : marchés du travail, marchés des biens & services et marchés financiers.
(lire la suite…)
► Des fonctions et des moyens.
● La fonction première de la production de biens et de services est de répondre aux besoins d’une population.
● Pour accéder aux biens et services dont il a besoin, un consommateur doit disposer d’un pouvoir d’achat.
● Le pouvoir d’achat du consommateur est déterminé par ses revenus.
● L’essentiel des revenus d’une population provient de la rémunération du travail.
● Le revenu non dépensé par le consommateur est disponible sous forme d’épargne.
● L’épargne des particuliers, comme celle des entreprises, peut avoir plusieurs usages :
→ financement du crédit à la consommation des particuliers (court-terme),
→ financement du crédit immobilier des particuliers (moyen et long-terme),
→ financement des investissements des entreprises par une prise de
→ participation financière à leur activité (actions et OPCVM),
→ financement des investissements des entreprises par des prêts (obligations),
→ financement de la dette publique des États par des prêts (Emprunt d’État).
► Des flux : biens & services - capitaux - information.
● Tous les acteurs n’ayant pas les mêmes potentiels (capacités techniques, environnement naturel, matières premières disponibles, climat, etc.) ni les mêmes aspirations, des spécialisations correspondent à des choix personnels, à des chances et des opportunités variables, ou à des contraintes (pour beaucoup, nécessité fait loi…)
● Longtemps, les activités économiques ont relevé de filières courtes (peu d’intervenants et d’intermédiaires) et à une proximité de la production à la consommation. Seuls des produits relevant d’une spécialisation _naturelle_des territoires faisaient l’objet d’échanges lointains, sur les grandes “routes” dont certaines dataient de la plus haute Antiquité (encens, épices, soie et pierres précieuses, etc.)
● De même, le commerce a contribué au développement d’un autre flux, celui des capitaux. La banque est née avec la dématérialisation des moyens de paiement et les activités de financement (avance d’argent, compensation entre achats et vente), lesquels générant un revenu grâce aux intérêts (rémunération du prêt) ont finalement crée une forme de service commercial particulier : le service financier.
● Ajoutons à cela un autre vecteur qui, comme l’argent, selon la nature de sa fonction, peut constituer une source de revenu à part entière : l’information.
En effet, selon les cas, elle peut être un facilitateur de l’activité économique.
► Des places d’échanges, des règles et des modalités : les marchés.
● Les marchés sont les lieux de rencontre d’une offre et d’une demande et où s’établissent les prix.
Dans le cadre d’une économie purement libérale, les prix varient exclusivement en fonction de l’offre et de la demande.
→ Plus la demande de biens ou de services est élevée et l’offre est basse,
→ plus les prix augmentent.
→ La limite supérieure des prix étant le pouvoir d’achat des consommateurs.
→ Inversement, plus l’offre excède la demande, et moins les prix sont élevés.
→ La limite inférieurs des prix étant le coût de production et, à terme,
→ la viabilité des entreprises.
Il en va de même sur le marché des capitaux : à développer
● Mais il n’est pas rare que les gouvernements fixent certains prix, dans l’intérêt des populations ou des entreprises : carburants, énergie, services médicaux, voire certains produits de première nécessité.
De même, les banques centrales fixent le taux de rémunération de l’argent, c’est-à-dire le taux d’intérêt versé par un emprunteur à un prêteur sur le marché financier “au jour le jour”.
► Un potentiel d’adaptation vitale : développement ou “harmonie” ?
● Ni un Produit Intérieur Brut (PIB) global élevé, ni même sa moyenne par habitant ne sont significatifs d’un développement socioéconomique soutenable. Car :
→ d’une part, il ne tient pas compte des destructions de valeur (dommages
→ collatéraux humains et environnementaux) par les activités économiques,
→ ou « externalités économiques négatives »
→ et d’autre part, une moyenne ne témoigne pas de la répartition au sein
→ de la population, de la richesse créée sur le territoire d’un pays.
● Or même dans le meilleur des cas (absence de conflits sociaux ou internationaux, ou de catastrophes naturelles), cette mécanique naturelle d’interaction entre acteurs économiques privés que sont les marchés ne suffit pas à assurer durablement le fonctionnement du système économique et social sans effets secondaires potentiellement dangereux.
Car, contrairement à la fable néolibérale de la « main invisible des marchés » (modèle néoclassique dit de « concurrence pure et parfaite » ou de « concurrence libre et non faussée » selon la doxa que l’Union Européenne impose à ses membres) qui permettrait de satisfaire chacun au mieux des intérêts de tous, sans arbitre impartial ni règles communes, des disparités se développement jusqu’à gripper ou faire basculer les grands équilibres macroéconomiques (voir ci-dessous).
[ Même la dictature chinoise a pris conscience du danger que font courir à son régime les troubles sociaux nés des écarts de richesse insupportables et des impacts environnementaux de son économie. Ses dirigeants insistent désormais sur le concept d’harmonie sociale dont elle prétend faire un objectif prioritaire pour les années à venir. Ce qui suppose bien sûr qu’elle parvienne à remédier à la corruption qui gangrène ses propres rangs… ]
C’est pourquoi deux fonctions supplémentaires indispensables incombent à l’acteur politique et économique légitime (en démocratie) garant de l’intérêt général, qu’est l’État :
● Régulation socioéconomique : si la liberté d’entreprise est indispensable à la dynamique économique profitable à tous, elle doit également être canalisée dans l’intérêt de tous. Des règles de protection sociale et environnementales doivent être définies et leur respect contrôlé.
● Fiscalité et redistribution : sans système de redistribution, une société développe immanquablement des pathologies dangereuses à terme pour tous ses membres (perte d’efficacité économique globale, paupérisation, fracture sociale et violence).
→ Particuliers et entreprises doivent contribuer financièrement à l’ensemble
→ des infrastructures et services publics dont ils sont usagers directs ou indirects.
→ La redistribution envers les particuliers consiste dans les minimums sociaux,
→ le système de sécurité sociale, la gratuité des services publics, etc.
Une caractéristique d’une société développée (“civilisée” dans le sens d’une “citoyenneté active”) consiste à ne pas abandonner les plus vulnérables (personnes handicapées, ou les plus défavorisées sur le plan socioéconomique, enfance en danger, personnes âgées dépendantes, etc.), à œuvrer pour l’égalité des chances au sein de sa population et à limiter les effets de rapports de forces excessivement disproportionnés.
Voir notre page :
« Dérèglementation, dérégulation et interactions socioéconomiques locales »
► La notion de pouvoir d’achat est naturellement au cœur des problématiques économiques de nos sociétés
► de consommation :
« Dessine moi l’éco - 3 minutes pour comprendre le pouvoir d’achat »
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► Or c’est sur la notion de rapport “qualité / prix” que trébuchent la plupart des analyses économiques
► (même le talentueux exposé dessiné ci-dessus), *et que les politiques monétaristes se fourvoient et
► nous conduisent dans des impasses*.
Pour aller au-delà des idées reçues et des apparences, voir également nos pages :
► Constater l’interdépendance et l’interactivité entre la production, la consommation et l’emploi,
► et leur impact sur le développement économique des territoires ou au contraire leur régression,
► suffit à se persuader de l’impérative nécessité de réguler la concurrence, afin de permettre un
► développement socioéconomique soutenable de tous les territoires, en veillant aux conditions
► de l’équilibre de leurs échanges et de la réciprocité de leurs relations.
L’éclatement de l’unité économique territoriale des États,
facteur majeur de la mutation économique contemporaine.
À la suite des deux chocs pétroliers des années 1970, les pays non communistes, puis l’ex. bloc soviétique et la Chine à partir des années 1990, ont progressivement adopté le modèle économique néolibéral (libre-échange des biens, des services et des capitaux).
Mais contrairement aux dirigeants asiatiques (notamment ceux de la Chine et du Japon), les gouvernements occidentaux ont remis l’essentiel des commandes de leur économie à la sphère financière privée (globalisation financière, financiarisation de l’économie réelle et financement privé de la dette publique), en cédant à sa loi exclusive : celle du profit. Voir notre page : « Financiarisation & spéculation anti-démocratique »
La dérégulation des échanges commerciaux et financiers au mépris de tout principe de protection sociale et environnementale, consistant dans un DUMPING systémique qui ne dit pas son nom, a engendré un cyclone économique mondial au détriment des territoires les plus avancés en matière de droit du travail et de protection de l’environnement. Cette pompe à profit parcourt la planète de délocalisation en sur-délocalisation, vidant la valeur ajoutée de sa substantifique moelle sociétale qui avait jusqu’alors généré le développement socioéconomique des démocraties occidentales.
(lire la suite…)
La mondialisation économique contemporaine a totalement chamboulé la structuration géographique des filières, dont l’aspect devient totalement improbable.
► Le prix des nouveaux équilibres économiques.
● Simple concomitance ou plan d’action concerté à une échelle supranationale, hors de tout cadre démocratique, 3 phénomènes se sont développés en parallèle, et renforcés mutuellement à partir des années 1980 (plus précisément 1983 en France) :
→ l’accroissement de la productivité de l’industrie et des services liée à la
→ modernisation des infrastructures productives, les innovations techniques et à
→ la généralisation de l’informatique. Les modalités techniques de traitement de
→ l’information sont désormais au cœur de la plupart des activités économiques
→ (informatique).
L’information aussi pouvant nuire à l’économie (information erronée, rumeur ou divulgation de secrets économiques). Ou la transformer, pour le meilleur comme pour le pire : le “trading à haute fréquence” a métamorphosé les activités boursières d’achat et de vente de valeurs mobilières en un redoutable jeu virtuel d’instrumentation spéculative de l’économie réelle.
→ l’inversion de la répartition de la rémunération des facteurs de production,
→ celle du capital (dividendes) se faisant au détriment de celle du travail
→ (salaires) ;
→ la libéralisation des échanges et l’internationalisation des process de
→ production (disparition progressive des droits de douane, délocalisation des
→ emplois).
● Ce processus s’accélère durant les années 1990, à partir de la chute du mur de Berlin et de l’adoption des principes économiques capitalistes par la Chine communiste.
→ Le facteur travail devient la principale variable d’ajustement des coûts de
→ production.
→ De crise en crise (en réalité, les épisodes logiques propres aux processus
→ mis en œuvre), le taux de chômage ne cessera de croître en France malgré
→ quelques périodes de stabilisation, comme en réaction au coût du travail
→ résistant à la baisse du fait de notre droit du travail.
● Le niveau des prix à la consommation est maintenu aussi stablement bas que possible,
→ non seulement par un ralentissement de la progression des salaires locaux,
→ mais également par un accroissement de l’importation des biens de
→ consommation courante en provenance de pays de production à bas coûts.
● Les coûts de transport sont déconnectés de leurs impacts négatifs, notamment (mais pas seulement) sur le plan environnemental, et la mise en concurrence des travailleurs entre territoires étant rendue possible par un libre-échange sans règles de protection sociale ou environnementale.
De ce fait, il est désormais plus rentable qu’un produit autrefois entièrement fabriqué près de son lieu de consommation, parcourt maintenant des milliers de kilomètres durant sa fabrication, puis encore des milliers de kilomètres pour sa distribution, et enfin des milliers de kilomètres comme déchet généreusement “offert” à un territoire peu regardant quant aux risques écologiques qui en découlent.
● Ce processus a entraîné des conséquences en cascade :
→ la désindustrialisation de la plupart des pays industriels dotés d’une
→ règlementation sociale et environnementale digne de ce nom,
→ une perte de revenus et de pouvoir d’achat d’une part croissante de leur
→ population,
→ une perte de dynamisme de la production à prix constant, du fait de la baisse
→ de leur produit d’achat,
→ une offre de produits et services à prix inférieurs, masquant cette perte réelle
→ de pouvoir d’achat (la grande distribution a joué un rôle moteur dans ce sens),
→ un recul constant de la qualité sociale et environnementale des produits et
→ des services, du fait des nouveaux territoires de production impliqués et des
→ impacts sociétaux négatifs en France (emploi),
→ l’augmentation de la dépense publique des amortisseurs sociaux
→ (indemnisation du chômage, compensation sous forme d’emplois aidés et / ou
→ de minimums sociaux),
→ l’accroissement des déficits budgétaires, du volume de la dette publique
→ et de son coût.
► Quant à la localisation de ces marchés, elle a subi des évolutions considérables
● Le *marché du travail est devenu mondial,
→ moins du fait de flux migratoires,
→ que par le biais de l’éclatement géographique des filières de
→ production et de la délocalisation des emplois.
● Le marché des biens et services devient de plus en plus virtuel avec Internet.
● Les marchés financiers :
→ se sont non seulement affranchis de l’espace,
→ mais aussi du temps, n’étant plus tributaires que des performances
→ électroniques des microprocesseurs, déconnectés de toute logique de
→ financement de l’économie réelle.
● La doctrine néoclassique et les dogmes du néolibéralisme régissant toute l’économie de la mondialisation, exigent que ses flux bénéficient d’une fluidité optimale.
Au nom du libre-échange, tout obstacle est à proscrire.
C’est ainsi qu’à leurs yeux, désormais :
→ Sur le marché mondial des biens et services, cet objectif a été à peu près
→ réalisé. Le dumping multiforme (social, environnemental, fiscal, monétaire
→ et démocratique) règne en maître.
Le commerce et la finance responsables de la désindustrialisation :
Cliquer : | ||
« Aéronautique : la Chine lance la guerre des normes avec les Européens » | ||
« Aéronautique : Pékin veut exporter des Airbus “Made in China” » |
→ Sur le marché globalisé des capitaux, grâce à la complicité des États
→ et leurs dispositifs d’optimisation fiscale, les paradis fiscaux n’ont
→ jamais été plus actifs, ni le maque à gagner fiscal des États plus colossal…
→ Donc, dans ce domaine également, mission accomplie !
→ Il n’y a que sur le marché de l’emploi que des tensions demeurent…
→ Tout particulièrement en France, à en croire les dirigeants de l’Union
→ Européenne.
● Certains “mauvais élèves” du néolibéralisme, comme la France, étaient allés plus loin que la plupart des pays développés en matière de droit du travail et de protection sociale au cours du XXe siècle. Cette intolérable viscosité nuit au bon fonctionnement des pompes à profits en charge de siphonner la valeur ajoutée de l’économie réelle.
Qu’à cela ne tienne !
→ C’est la mise en concurrence des marchés de l’emploi entre territoires qui
→ a raison des dispositifs nationaux du dialogue social et permet de couper les
→ têtes qui dépassent.
→ Les législations locales se formatent à coups de réformes structurelles.
→ Et si la pire crise financière depuis le crack de 1929 a profondément affecté
→ la plupart des économies de la planète depuis 2008, cela ne fait que faciliter
→ ce processus.
Les territoires les moins régulés socialement étant les plus prompts à rebondir grâce à la flexibilité de leurs marchés du travail et à l’adaptabilité de leurs coûts de main d’œuvre, la preuve est faite que la mauvaise graisse des amortisseurs sociaux de la France est responsable de la difficulté à redécoller. C.Q.F.D.
C’est là le discours invariable des tenants de la pensée unique, qui ne remettent jamais en question les fondements de cette idéologie néolibérale responsable des dérives et des déraillements de la mondialisation économique dérégulée.
► Les nouveaux rouages du profit de l’économie.
● Selon la doxa néolibérale, la répartition du flux financier de l’économie réelle au niveau des populations doit désormais résulter exclusivement du fonctionnement des marchés, comme par l’effet d’une loi économique naturellement vertueuse : la main invisible des marchés, et non la main mise de l’État sur le marché. Puisque, selon cette même idéologie, l’État n’est pas la solution mais le problème…
● Depuis plusieurs décennies, les institutions financières et commerciales internationales acquises à cette idéologie, en fait l’OMC et le FMI, donnent libre cours aux marchés (finance / biens & services) et à la spéculation, tant sur les marchés de capitaux, que sur ceux des matières premières et des produits agricoles de première nécessité, vitaux pour les populations les plus pauvres, sans contrôle ni obligation de rendre des comptes quant aux conséquences de leurs pratiques.
● Nous sommes priés de croire que les penchants cupides des agents économiques que Milton Friedman, cité ci-dessous, considère comme le moteur de l’initiative économique et de la prospérité, ne sont pas en mesure de fausser les beaux rouages des marchés ; ni que le rapport de force entre agents économiques puisse être suffisamment déséquilibré pour que certains d’entre eux soient en mesure de tirer la couverture à eux au point d’enrhumer toute la planète…
Consommation de masse, libre-échange et financiarisation de l’économie : telles sont les 3 piliers de la mondialisation néolibérale.
Voir notre page :
« Une mondialisation contemporaine forgée par l’idéologie néolibérale »
La crise actuelle prouve à quel point cette idéologie s’est trompée, malheureusement aux dépens des peuples qu’elle a fourvoyés.
► En 2008, le mea culpa sidérant du gourou de Wall Street, Alan Grinspan
… se passait de commentaires !
Cliquer : | |
Alan Greenspan: « Une faille dans le système capitaliste » |
► Mais il aura suffi d’un tour de bocal pour que la mémoire de poisson rouge des marchés, et souvent même de l’opinion publique, soit effacée.
Cliquer : | |
Alan Greenspan: « On peut toujours imprimer de l’argent ! » |
► Tous les contrôles ayant changé de mains, ceux de la démocratie aussi.
● La perte de souveraineté des États est justifiée officiellement au nom de la paix entre les nations et de l’intérêt supérieur de leurs populations. Un argument qui dissimule une réalité toute autre : la confiscation de la régulation économique étatique au profit des intérêts particuliers d’une oligarchie planétaire.
Voir notre page :
« Un système oligarchique mondialisé »
● Le mode de fonctionnement des organismes économiques internationaux, de nomination de leurs directeurs, de détermination de leurs règles et de leurs politiques, n’est en rien démocratique. Or ce sont ces organismes qui, en imposant leurs règles aux États, neutralisent finalement les choix démocratiques des citoyens.
Voir notre page :
« Le rôle des Organismes Commerciaux et Financiers Supranationaux »
Cheminons un moment aux côtés d’une icône de la science au XXe siècle, immortalisée par son exploration mathématique de l’univers, de la matière et de l’énergie, mais plutôt inattendue sur le terrain de l’économie :
Comme en mathématiques, c’est en raisonnant aux limites
(valeur de Y lorsque X tend vers “zéro” ou vers “+ ou - l’infini”)
que l’on parvient à déterminer les grandes tendances
et les potentiels d’un système économique.
En parcourant les principaux modèles économiques qui ont caractérisé les sociétés du siècle dernier, tentons de discerner les principaux vecteurs de leurs orientations et de leurs aboutissements.
1er cas de figure : une société dirigiste à l’intérieur et protectionniste à ses frontières.
C’était typiquement la situation de l’URSS qui a perduré de 1922 à 1991, et qui, au moment de sa dissolution, gouvernait une population de près de 300 millions d’âmes.
(lire la suite…)
► Nous connaissons le rôle majeur de la faillite du système économique de l’URSS
… dans l’effondrement de son système politique.
● Dès 1934, EINSTEIN s’adressait aux supporters du régime soviétique :
« Les faiblesses de votre projet se manifestent à mon avis dans l’absence d’importance accordée aux motifs psychologiques. Le capitalisme a suscité les progrès de la production mais aussi ceux de la connaissance, et ce n’est pas un hasard. L’égoïsme et la concurrence restent hélas plus puissants que l’intérêt général ou que le sens du devoir. En Russie on ne peut même pas obtenir un bon morceau de pain. Sans doute suis-je trop pessimiste sur les entreprises étatiques ou communautés similaires, mais je n’y crois guère. La bureaucratie réalise la mort de toute action. »
Albert EINSTEIN - “Comment je vois le monde” (Éditions Flammarion, 1934)
● Et pourtant… le monde ignorait encore beaucoup du régime de terreur que faisait régner Staline sur son empire, celle de la première famine meurtrière de 1932-1933, et ne se doutait pas de l’ampleur du drame qui continuerait de se dérouler jusqu’à la mort du “petit père des peuples” en 1952, et bien des années après lui :
→ les Grandes Purges de 1937,
→ les famines suivantes de 1946-1947,
→ les déportations massives de populations et la condamnation aux travaux
→ forcés, envoyant des millions de personnes au Goulag.
Car l’efficacité conjuguée de la police politique et de la propagande soviétiques protégèrent longtemps les frontières du système comme de son territoire d’un rideau de fumée, qui réussit même à entretenir l’illusion dans les rangs de l’intelligentsia occidentale.
● Einstein ajoute :
« Je ne crois pas qu’un transfert soudain du contrôle de l’industrie aux mains du public puisse être bénéfique à la production ; l’entreprise privée devrait conserver son champ d’activité, pour autant qu’elle n’ait pas été déjà éliminée par l’industrie elle-même, sous la forme de cartellisation. »
► Jusque là, un libéral bon teint ne trouverait rien à redire aux propos du physicien
● Mais contrairement à Milton Friedman, le chef de fil du néolibéralisme américain, Einstein ne fait pas l’apologie de l’égoïsme et de la concurrence.
En bon scientifique, il les inclut les travers humains dans le domaine de définition du champ économique, et juge indispensable de les prendre en compte comme des facteurs incontournables d’une gouvernance économique (et donc politique) réaliste, non pour les laisser diriger le monde, mais pour éviter que ses populations aient à en pâtir.
● Dès 1934, avec un recul de seulement 12 années sur le système soviétique, Einstein pointe du doigt son maillon faible, son défaut génétique : la négation de la réalité de la psychologie humaine, qui a inévitablement conduit ce régime politique à une l’impasse qui constitue le piège dans lequel s’enferment eux-mêmes tous les dictateurs. Prétendre contraindre le psychisme des individus, ou à défaut les détruire.
La plupart des dictateurs incarnent, par définition comme par leurs actions, des pathologies très comparables dont le noyau dur réside dans le binôme psychiatrique “mégalomanie / paranoïa”.
La déréalisation est un phénomène bien connu chez des sujets soudainement confrontés à des cultures ou des contextes trop différents des leurs, dans lesquels ils perdent subitement leur repères et leur raison trébuche. Certains touristes en sont parfois victimes. Les symptômes disparaissent dès qu’ils retrouvent leur cadre de vie familier.
Dans le cas d’un Staline, d’un Mao ou de la dynastie Nord-Coréenne des Kim, et de bien d’autres Tyrans historiques, c’est la pathologie inverse qui est en cause : ayant réussi à créer par la contrainte un univers totalement factice, ils finissent par croire dans sa réalité et sont prêts à tout, y compris malheureusement au pire, pour pérenniser leur chimère.
Mais l’acharnement des partisans de la mondialisation économique à défendre un modèle économique qui leur profite, au détriment des populations innombrables qui en font les frais et des générations futures qui en subiront les conséquences, ne sera-t-il pas jugé par l’histoire comme relevant d’une pathologie comparable ?
2e cas de figure : une société libérale à l’intérieur mais protectionniste à ses frontières.
Ce fut le cas de la plupart des démocraties occidentales du XXe siècle jusqu’à la fin de la guerre froide. Mais à des degrés variables.
(lire la suite…)
► Autonomie extérieure et liberté intérieure : un cas d’école extrême
… visant à prévoir l’évolution possible d’une telle situation.
Dans le cas d’école d’une société autarcique, aussi fermée que possible envers l’extérieur, mais totalement libérale à l’intérieur :
→ les individus sont libres d’entreprendre et d’échanger sur le marché intérieur,
→ le niveau de l’impôt sur le revenu des entreprises et des personnes, et des
→ cotisations sociales, y est minimal,
→ l’État n’intervient ni pour réguler son économie, ni pour redistribuer une part
→ quelconque des fruits de l’économie en vue de limiter les disparités
→ socioéconomiques.
● À moins que les ressources naturelles y soient pléthoriques, et leur disponibilité particulièrement bien répartie (situation qui ne saurait perdurer sans le garde-fou des institutions et de l’intervention publique), le travail constitue à la fois :
→ le principal facteur de création de richesse (de biens et de services répondant
→ aux besoins de la population)
→ et de génération de revenu des ménages.
● La production permet de fabriquer les biens nécessaires à la population, et les services, de répondre à d’autres types de besoins. Ce n’est que dans la mesure où ces activités procurent l’emploi de la population active, qu’elles génèrent le revenu constituant le pouvoir d’achat des consommateurs.
● La consommation permet de rétribuer la production. Et le niveau de la consommation impacte les prix :
→ une demande supérieure à l’offre, ponctuellement, ou durablement du fait d’une
→ capacité de production insuffisante, a tendance à provoquer une augmentation
→ des prix (inflation), laquelle réduira la demande de biens et services non vitaux
→ (auto-régulation des marchés) ;
→ à l’inverse, une demande durablement inférieure à l’offre, est supposée
→ provoquer une diminution des prix, limitée par les coûts réels de production.
→ En-deçà de ce niveau, l’activité de production ne sera plus viable et finira par
→ disparaître.
● Malgré un contexte démocratique et la liberté de pensée supposée des citoyens dans la société américaine de son époque, Einstein a parfaitement conscience du degré de manipulation de l’opinion, à travers le détournement sémantique dont sont coutumiers de prétendus experts, en économie comme dans d’autres domaines.
Il dénonce notamment l’utilisation du mot “crise” et en particulier la notion de “crise de surproduction” laissant supposer que le niveau de production est supérieur aux besoins des populations. Il distingue “surproduction réelle” et “surproduction apparente”, cette dernière étant en réalité une sous-consommations due à l’insuffisance du pouvoir d’achat des populations :
« Nous devons faire la différence entre deux choses : la surproduction réelle et la surproduction apparente. Par surproduction réelle, j’entends une production qui excède largement la demande. Ce qui actuellement aux États-Unis peut éventuellement concerner le secteur automobile et le blé, quoi que ce ne soit pas si sûr. Par “surproduction”, les gens pensent généralement qu’un bien particulier est produit en plus grande quantité qu’il peut être vendu, dans une conjoncture donnée, malgré un manque de produits de consommation chez les consommateurs. C’est cette situation que je qualifie de surproduction apparente. Dans ce cas, ce n’est pas la demande qui est insuffisante, mais le pouvoir d’achat des consommateurs. Une telle surproduction apparente définit en réalité une crise, qu’elle ne peut donc servir à expliquer ; ceux qui tentent de rendre la surproduction responsable de la crise jouent en fait avec les mots. »
● La modernité de ces propos ne saurait nous échapper :
→ Alors, faut-il opter pour une relance par la consommation ?
→ Ou pour une relance par la production, génératrice d’emploi et donc de revenus ?
→ Les deux ? Mais où trouver les moyens d’y parvenir lorsqu’on est déjà très endetté ?
→ Faudrait-il d’abord réduire les déficits budgétaires et rembourser sa dette ?
→ Au risque de nuire encore au pouvoir d’achat et casser pour longtemps toute dynamique économique.
De toute évidence, le décryptage des fondamentaux de l’économie doit encore être affiné…
3e cas de figure : cette société libérale à l’intérieur, réduit son protectionnisme au point de renoncer en pratique à réguler son commerce extérieur.
Cela correspond en gros à la situation des États-Unis, suivis de près sur cette voie par les membres de l’Union Européenne, des années 80 jusqu’à la crise de 2008.
(lire la suite…)
► La mondialisation commerciale a détruit une grande partie son industrie.
Voir aussi : Le blues des Français de Detroit
● Ses propres multinationales ont délocalisé les emplois dans les pays à bas coût.
● Elles ont également “délocalisé” leurs capitaux dans des paradis fiscaux.
Voir également : Apple - maître de l’évasion fiscale
● Si le niveau de l’emploi “bénéficie” de sa flexibilité, les travailleurs pauvres et les retraités pauvres y sont extrêmement nombreux.
► Ainsi, Einstein avait vu juste… (voir la citation en tête de cette page)
La crainte d’Albert Einstein, ce non-économiste, non autorisé par le cénacle à mettre en doute l’idéologie libérale, s’est bel et bien réalisée…
→ Il l’exprimait en 1934, alors que le monde ne s’était pas encore remis du Krach de 1929.
→ 80 ans plus tard, la même idéologie qui, au lieu de s’être amendée a aggravé ses
→ erreurs avec le néolibéralisme, nous condamne à errer dans les méandres d’un même labyrinthe…
● L’écart entre le pouvoir d’achat réel des ménages et le niveau effectif de consommation (très supérieur), provient du système de crédit à la consommation, totalement hypertrophié, avec les risques que l’on sait : le pays vit au-dessus de ses moyens. La spéculation financière se greffant sur ce risque de non solvabilité, a débouché sur l’incroyable crise des subprimes (prêts hypothécaires) !
Car un système économique fondé sur une croissance permanente de la consommation par habitant, mais déconnectée du niveau de la production locale par habitant :
→ n’est maintenu à flot que par des bouées (bulles spéculatives ou endettement).
→ C’est-à-dire par une valeur illusoire et non par une création réelle de richesse.
→ Ces artifices sont susceptibles d’éclater au contact du moindre obstacle
→ (crise de confiance dans la réalité du système, ou répercussion d’une crise de la
→ demande, intérieure ou extérieure).
● Le système socioéconomique de redistribution y étant beaucoup moins développé qu’en France, les écarts traditionnellement élevés entre riches et pauvres ont explosé, ainsi que, bien logiquement, les dépenses de réparation sociale. Mais faute d’un système fiscal équitable et donc bien réparti, les amortisseurs sociaux ne sont pas suffisamment efficaces.
● Malgré la faiblesse de la protection sociale, le déficit public et la dette du pays n’ont donc cessé de croître :
→ non seulement du fait de la crise actuelle qui a entraîné une augmentation
→ importante du nombre de personnes dont le revenu dépend des aides
→ sociales, mais aussi parce que le pays continue d’éponger le coût des guerres
→ des gouvernements Bush père et fils (Irak et Afghanistan), qui ont beaucoup
→ rapporté à leurs clubs d’affaires, mais au détriment du contribuable américain.
● Ce n’est donc pas tant la dépense publique qui est en premier lieu responsable du déficit budgétaire et de l’endettement, mais bien :
→ l’incapacité de la consommation à assurer les emplois de production
→ sur un même territoire,
→ l’incapacité des emplois du commerce et des autres services à se substituer
→ aux emplois de production disparus (vielle chimère néolibérale),
→ l’incapacité des États à assurer l’étanchéité fiscale de leurs territoires,
→ du fait de leur renoncement actif à le faire.
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Statistiques des États-Unis d’Amérique |
► Un plaidoyer pour une gouvernance économique forte par les États
Par ailleurs, ce citoyen que l’on ne saurait taxer d’irrationalité, hautement concerné par le devenir de l’humanité, déclare :
● « Il y a, quoi qu’il en soit, 2 domaines dans lesquels la liberté économique devrait être limitée. Dans chaque branche de l’industrie, le nombre d’heures de travail hebdomadaire devrait être réduit par la loi de manière à éradiquer le chômage. Dans le même temps, un salaire minimum doit être fixé de façon à adapter le pouvoir d’achat des travailleurs à la production. »
● « En outre, dans les industries dont les producteurs ont fait des monopoles à travers leurs organisations, les prix doivent être contrôlés par l’État afin de maintenir la création de capital dans des limites raisonnables et de prévenir l’apparition de goulots d’étranglements de la production et de la consommation. »
C’est un système économique équilibré que décrit et auquel aspire Albert Einstein, dans lequel :
→ les entreprises conservent leur marge d’action économique et leur liberté
→ d’initiative,
→ mais la concurrence est régulée, afin d’éviter la formation de cartels
→ (oligopoles) au détriment
→ des consommateurs comme des petites entreprises, victimes de leurs
→ pratiques concurrentielles biaisées,
→ régulation à la charge de l’État, légitime à intervenir sur tous les marchés
→ (biens et services, travail et finances).
Cette vision économique d’Albert Einstein résulte à la fois de ses convictions philosophiques humanistes et de sa remarquable capacité à concevoir la complexité des systèmes en interaction ; qualité ô combien incontestable, de la part du concepteur de la double théorie de la relativité restreinte et de la relativité générale…
En 1934, Albert Einstein avait de bonnes raisons de vouloir comprendre par lui-même les rouages et les impacts de l’économie sur la société et sur les populations du monde entier, et donc de dénoncer la financiarisation de l’économie réelle.
Car c’est la dérive d’une finance incontrôlée qui avait été responsable du krach de 1929 et de la très longue crise économique mondiale qu’elle avait provoquée.
Or la critique qu’Einstein adresse au système américain excessivement libéral se double d’une proposition de gouvernance économique.
Elle préfigure le 4e cas de figure : une économie mixte équilibrée, régulée par l’État respectueux des libertés individuelles, mais assumant son rôle et ses responsabilités dans l’intérêt général des populations.
(lire la suite…)
► Un nécessaire équilibre entre intérêts particuliers et intérêt général.
● Au nom de la motivation individuelle et de la dynamique économique collective, les entreprises conservent leur prérogatives.
● Mais les entreprises jouant le jeu d’une saine concurrence doivent être protégées des monopoles et des cartels, dont le poids économique fausse les rapports de force et fausse la viabilité même de la concurrence.
● De même, les travailleurs ne doivent pas être mis en concurrence entre eux dans le but de déréglementer le marché du travail, et de faire baisser les salaires grâce à la pression d’un fort taux de chômage.
● Au contraire, un salaire minimum doit être garanti partout afin de maintenir le pouvoir d’achat des populations.
● Le temps de travail doit être régulé pour une meilleure répartition de l’emploi au sein de la population active.
● Les prix pratiqués par les plus grandes entreprises qui se sont organisées de manière à établir de quasi-monopoles et des situations de rentes, doivent être fixés par l’État de manière à prévenir une capitalisation excessive au détriment des populations.
● Le secteur et les marchés financiers doivent, plus que tous les autres, être encadrés et réglementés, comme la mise en place du New Deal de 1933 et 1938 par le président Franklin Delano Roosevelt en a prouvé la nécessité.
► Une productivité et une concurrence responsables d’un dumping destructeur d’emploi
… les véritables rouages structurels des crises économiques.
● La véritable raison de ce que l’on décrit comme une situation de crise, est comprise par Einstein comme un biais structurel, celui du dumping permis faute de régulation économique de la part des politiques :
« De mon point de vue, cette crise diffère des précédentes par nature, du fait qu’elle résulte d’un ensemble inédit de facteurs liés à l’évolution rapide des méthodes de production. Seule une part du travail humain disponible dans le monde est nécessaire pour produire la totalité des biens de consommation courante vitaux. Dans le contexte d’un système économique complètement libéralisé, cet état de fait ne peut que conduire au chômage. Pour des raisons que je ne n’analyserai pas ici, la majorité de la population est appelée à travailler pour un salaire minimum de subsistance. Si deux usines fabriquent le même type de produits, toute chose étant égale par ailleurs, celle employant le moins de travailleurs possible produira au moindre coût - c’est-à-dire celle faisant travailler chacun autant d’heures et aussi dur que le permet la nature humaine. Il s’ensuit inévitablement que, compte-tenu des méthodes actuelles de production, seule une partie de la main d’œuvre disponible peut être utilisée. La charge de travail excessive imposée à cette fraction employée, la main d’œuvre restant disponible est automatiquement exclue du process de production. Ce qui a pour conséquence une chute des ventes et des profits. Les affaires périclitent, ce qui aggrave le chômage et altère la confiance dans le secteur industriel et, par là-même, affecte la participation des épargnants à son financement via le secteur bancaire spécialisé ; finalement, les banques s’avèrent insolvables à cause des retraits soudains des dépôts, et les rouages de l’industrie se bloquent totalement. »
✵
► L’économie mixte, la Voie du Milieu conditionnant une gouvernance responsable
● L’économie mixte pour laquelle plaide Einstein, régulée par le pouvoir politique, fut précisément celle des pays fondateurs de l’Union Européenne, jusqu’à l’avènement des thèses néolibérales qui nous ont conduits depuis les années 1980 à renouer avec les anciens démons économiques d’avant-guerre. Ceux des crises financières spéculatives, contaminant l’ensemble de l’économie réelle mondiale.
● Les mêmes causes risquant d’engendrer les mêmes effets, ce sont les conséquences de ce néolibéralisme qui nourrissent désormais des démons politiques néofascistes en Europe comme dans d’autres parties du monde.
Contrairement au pilonnage idéologique et à la manipulation sémantique de la pensée unique encore largement relayée par la plupart des médias, ce n’est certainement pas un quelconque protectionnisme qui constitue un risque de conflit entre nations.
● La vision humaniste de ce citoyen du monde convaincu qu’était Einstein le conduit en fait à rejoindre l’approche économique de John Maynard Keynes.
Sans doute sa capacité à concevoir et articuler l’infiniment petit et l’infiniment grand lui aurait-elle conféré les qualités d’un grand économiste, apte à décrypter et tirer le meilleur parti de la complexité des interactions relevant de la double dimension microéconomique et macroéconomique des activités humaines.
Le traumatisme de conscience qu’avait entraîné chez lui Hiroshima et Nagazaki, lui avaient fait envisager une indispensable orientation écologique, bien avant l’émergence du concept de développeent durable. C’est d’ailleurs à lui que l’on prête la prédiction selon laquelle l’humanité ne survivrait pas plus de 4 années à la disparition des abeilles.
Nul doute qu’il n’eût jamais érigé la cupidité humaine en loi économique quasi divine, à la différence d’un certain Milton Friedman dont la doctrine continue de hanter nos institutions internationales, mais au contraire inlassablement plaidé pour que les gouvernants assument leurs responsabilités dans l’intérêt du plus grand nombre et au service des générations à venir…
Durant la seconde moitié du XXe siècle, l’économie mondiale a effectué deux profondes mutations :
Tout d’abord, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, quasiment toute l’économie planétaire a développé un système de production intensive et de consommation de masse.
Les besoins gigantesques de cette période de reconstruction (les plus grands pays d’Europe et le Japon avaient été les plus détruits), combinés avec ceux provenant d’une accélération de la croissance démographique mondiale, ne laissèrent pas le temps de penser autrement qu’en termes de quantité, de productivité et bien sûr de rentabilité.
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► Productivisme et standardisation industrielle
● L’industrie américaine, enrichie par la guerre (les États-Unis n’avaient pas été détruits et avaient intensifié l’activité de leur industrie d’armement), comprit le parti à tirer de la reconstruction. L’État américain lui facilita grandement les choses en finançant celle de l’Europe par le plan Marshall. Un échange apparemment gagnant-gagnant, mais qui contribua fortement à formater nos économies dans le sens du modèle libéral américain, privilégiant la rentabilité capitalistique et financière.
● Notons que c’est à la même époque, en 1947, que naquit l’Organisation Internationale de Normalisation (ISO), qui contribua à standardiser la production industrielle, et à générer un modèle unique de développement industriel et commercial.
● Économies d’échelle, rationalisation des process et course à la productivité, gagnent la plupart des secteurs industriels. Le travail à la chaîne hérité de l’organisation fordiste de la production, s’étend aux autres secteur industriels.
● S’il est vrai que l’amélioration de la productivité a d’abord répondu aux besoins exceptionnels de la reconstruction, les gains de productivité constants de l’industrie permettant de produire toujours plus avec les mêmes effectifs ne pouvaient manquer de poser un problème fondamental :
→ Pour que l’industrie garantisse l’emploi des territoires, la consommation doit donc constamment augmenter.
→ Une industrie en croissance constante entraîne une consommation proportionnelle de matières premières et d’énergie, et donc une dépendance des pays industrialisés n’en possédant pas, à l’égard des pays producteurs. De tels enjeux affectèrent d’autant plus l’échiquier géopolitique mondial : guerres de décolonisation, ingérence des services secrets des pays développés dans la politique des pays détenteurs de matières premières et d’énergie, reformation d’un nouvel ordre mondial néo-colonial inévitablement voué à l’instabilité.
► Industrie agroalimentaire et agriculture intensive
● L’agriculture n’a pas échappé aux mêmes principes. La révolution verte transforme les structures productives et l’organisation sociale rurale des pays du Tiers-Monde. Au prétexte de nourrir leur population croissante, l’industrie agro-alimentaire parvient à leur faire adopter le système productiviste d’agriculture intensive, nécessitant un apport important de l’industrie chimique (engrais, herbicides et pesticides), première bénéficiaire de ce modèle productif.
● Une grande partie de ces intrants chimiques provenait de stocks de la Deuxième Guerre Mondiale destinés à l’armement, que l’industrie chimique parvint ainsi à revaloriser tout en rendant la planète de plus en plus dépendante de ses produits.
● S’il est vrai que la productivité a d’abord été au rendez-vous, les conséquences sociétales, économiques et environnementales d’un tel choix se sont depuis avérées incalculables :
→ Épuisement des sols, exigeant toujours davantage de fertilisants, destruction de la biodiversité et déséquilibre croissant des écosystèmes, empoisonnement des agriculteurs, des populations riveraines et des consommateurs.
→ Concentration de la propriété foncière et des profits entre les mains de grands propriétaires terriens, au détriment des petits paysans et de l’auto-suffisance alimentaire locale (familles, villages). Cela, au nom de l’intérêt économique national et d’un scientisme qui a trop longtemps échappé à tout contrôle.
→ Intensification des échanges internationaux résultant de la spécialisation des territoires, au profit des marchands et des spéculateurs intervenant sur les marchés, généralement au détriment des petits producteurs et des populations.
● En prétendant privilégier la quantité et l’apparence des produits destinés aux consommateurs (marketing de la grande distribution) :
→ l’industrie agroalimentaire les a standardisés, altérant leur qualité intrinsèque (leur goût, mais aussi l’équilibre nutritionnel, voire la sécurité alimentaire des populations)
→ et elle appauvrit la biodiversité en réduisant drastiquement la variété des semences, et en suscitant la destruction massive de forêts primaires (avec toutes les conséquences environnementales et sociétales d’un tel processus), remplacées par des monocultures et des plantations destinées à la consommation de masse et aux bio-carburants (palmiers à huile).
Voir l’interview de Marie-Monique Robin :
la réalisatrice du documentaire, “Les Moissons du Futur” :
et la page d’ARTE correspondante :
● En d’autre termes :
→ au lieu de consolider et développer une agriculture extensive respectueuse de l’environnement, de l’emploi, et de la santé des populations, en affinant les techniques,
→ ce modèle du toujours plus équivaut à une fuite en avant.
« Famine au sud, malbouffe au nord »
Les deux chocs pétroliers des années 1970 constituèrent un bouleversement des modalités structurelles du fonctionnement et de la rentabilité de l’économie réelle, qui affecta en priorité les industries les plus consommatrices d’énergie. Mais ils marquèrent également un tournant géopolitique majeur, précurseur des relations internationales de la mondialisation économique contemporaine.
Ils révélèrent dans le même temps la vulnérabilité d’économies excessivement dépendantes d’un facteur de production non renouvelable dont elles ne disposent pas, et dont le prix était précédemment sous-évalué du fait de rapports de forces Nord-Sud faussés, entre des pays industriels ex-colonisateurs et leurs anciennes colonies détentrices de matières premières.
(lire la suite…)
► Premier choc pétrolier
● Alors que pendant les 3 premières décennies de l’après-guerre, les pays industrialisés avaient connu une croissance économique soutenue et le plein emploi, à partir du premier choc pétrolier de 1973, l’économie ralentit du fait de la conjugaison de 2 facteurs :
→ Le prix du baril de brut quadrupla en quelques semaines. Il est bien évident que des économies productivistes, fondées sur une consommation croissante d’énergie (production, transports et logement), ne pouvaient qu’en être profondément affectées.
La première conséquence en fut une hausse considérable de l’inflation (hausse des prix sans accroissement de valeur), qui se traduisit d’abord mécaniquement par une baisse du pouvoir d’achat des ménages.
Le dialogue social, encore dynamique dans nos sociétés industrielles, permit une hausse des salaires, qui impacta à la fois le niveau général des prix (flambée inflationniste) et les marges des entreprises (baisse des marges nettes affectant leur capacité d’investissement, et donc de modernisation de leur appareil productif).
→ La grande période de reconstruction proprement dite était terminée, ainsi que le baby boom de l’immédiat après-guerre. La modernité était désormais à l’heure du contrôle des naissances. Le niveau de la demande intérieure ne croissait plus dans les mêmes proportions. Les rendements productifs privilégiant le volume de production, avaient moins lieu d’être. Notre système industriel vieillissant se trouva en surcapacité de production, situation coûteuse peu compétitive à l’international. L’industrie lourde (ayant le plus fort taux d’emploi) en fut la première affectée : d’abord la sidérurgie, puis le secteur textile / habillement, le secteur de l’électroménager, etc.
Or tout le modèle économique mondial était celui de la production et de la consommation de masse, énergivore, exigeant de grandes quantités de matières premières, produisant tout autant de déchets et générant une pollution croissante.
► Le deuxième choc pétrolier (certains considèrent qu’il y en eut un 3e en 2008)
● Le second choc pétrolier de 1979, dû essentiellement à la Révolution Iranienne et à la perte par les États-Unis de l’allier précieux qui leur permettait jusqu’alors de limiter les prétentions de l’OPEP, ne fit qu’accentuer la tendance au renchérissement du prix du pétrole et ses conséquences durables sur l’économie. Entre 1978 et 1981, son prix a encore été multiplié par 2,7.
→ Ces deux chocs pétroliers traduisent en fait une évolution géopolitique capitale : des territoires autrefois sous domination coloniale sont devenus des États indépendants. Certains d’entre eux entendent le faire savoir et en se réappropriant leur pouvoir économique. Les services secrets des pays importateurs, au premier rangs desquels la CIA, n’auront alors de cesse que de chercher par tous les moyens à infléchir la politique de l’OPEP et de diviser ses membres (assassinat du roi Fayçal d’Arabie Saoudite en 1975).
→ Mais alors que des voix écologistes commencent à mettre en garde les politiques quant à la non soutenabilité de ce modèle économique productiviste / consumériste (en France, c’est dans ce but que l’agronome René Dumont se présente à l’élection présidentielle de 1974), le monde politico-économique n’en prend pas réellement la mesure.
● Entre le premier et le second choc pétrolier, un phénomène inédit depuis la fin de la guerre s’est développé :
→ la coexistence d’une forte inflation dont nous venons de préciser les causes,
→ et d’un taux de chômage croissant, dû à la désindustrialisation rapide de pays tels que la France et le Royaume-Uni.
► Les rouages du profit de l’économie réelle se grippent.
● L’enchérissement soudain du coût de l’énergie a constitué un handicap particulièrement lourd pour des industries aux infrastructures vieillissantes qui ne permettent pas de compenser facilement cette hausse de coût par un accroissement de la productivité (quantité produite à facteur de production équivalent, technique et humain).
● Cette difficulté à jouer sur la productivité pour éviter une hausse des prix, menace la compétitivité des entreprises soumises à la concurrence internationale. Toutefois, la crise pétrolière affectant tous les pays producteurs, c’est surtout leur capacité réciproque à réduire le coût des autres facteurs de production qui va constituer un élément stratégique de leur compétitivité.
● La répercussion de cette hausse des coûts de production sur les prix est directe et immédiate. Elle provoque une inflation croissante jusqu’en 1980 (de 11,1 % en moyenne par an), qui ralentira à partir de 1981 pour aboutir à une stabilisation de l’indice des prix en 1995.
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