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Économie locale et sécurité mondiale : le tragique cas d’école de l’Afghanistan.
Quel avenir économique pour l’Afghanistan ?
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…dont les agences sont en charge de différents volets de Développement Durable.
Examinons ici l’échec dramatique de la politique de pacification et de développement économique de la communauté internationale en Afghanistan, sous un angle trop rarement mis en lumière. Pour l’avoir vécue sur le terrain comme dans les bureaux de l’ONU, des ambassades et des ministères à Kaboul, le rédacteur de cet article peut témoigner de l’imprégnation idéologique néo-libérale qui a caractérisé, les projets de reconstruction et de développement de l’Afghanistan.
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Car cette politique économique explique en grande partie l’échec patent de la communauté internationale, malgré sa lourde présence dans ce pays à la suite du 11 septembre 2011…
Dès 2002, l’Afghanistan a été fortement incité par l’administration Bush et les Occidentaux présents à déposer sa candidature à l’OMC. Les cabinets de consultants américains omniprésents et omnipotents (dont les coûts astronomiques ont été prélevés sur le budget de reconstruction de l’Afghanistan), ont eu la charge de guider l’administration afghane sur la bonne voie.
► Dès que l’Afghanistan a été admis par l’OMC comme membre stagiaire…
… en novembre 2004, le pays a dû ouvrir ses frontières au commerce international, sans véritable discernement entre les produits que le pays était capable de produire lui-même et les biens d’équipement qu’il n’était pas encore en mesure de fabriquer.
De même, le lobbying de l’agro-business international est entré en action. Mais faute d’investissements significatifs pour l’autosuffisance agroalimentaire du pays, c’est une culture beaucoup plus rentable pour les parrains locaux que pour la population, qui a explosé : selon les estimations de l’ONU, la culture du pavot a augmenté de 49% de 2006 à 2007, année charnière du retour en force des Talibans jusqu’aux cœur de la capitale afghane.
► Ce sont les petits artisans et paysans afghans qui ont de fait été exclus du processus de reconstruction.
Par exemple, une ONG européenne obtenant des subventions de l’UE pour la reconstruction de routes, a confié le contrat à un entrepreneur chinois faisant travailler ses compatriotes, alors que des centaines d’Afghans recherchaient chaque jour du travail, en vain. Assis autour des ronds-points de la capitale et d’autres villes du pays, des outils posés devant eux, ils attendaient qu’on vienne louer leurs services.
Dans un premier temps, une partie des produits de première nécessité et d’usage quotidien étaient locaux :
● fruits frais et fruits secs, légumes, viande, miel, vêtements, chaussures, et même batteries de voiture.
Et une autre était importée d’un peu partout :
● voitures et électroménager, bien sûr, mais beaucoup d’agroalimentaire industriel et les médicaments étaient importés du Pakistan, d’Iran et d’Inde, et des quantités de poulets venaient des USA !
Ce qui, faute de salaire, leur donnait l’occasion de voir circuler des flottes insensées de 4×4 climatisés flambant neufs hors de prix, des bureaux des Nations Unis ou de grosses ONG internationales, puis au bout de quelques années de présence étrangère, ceux aux vitres fumées plus luxueux encore, des nouveaux riches de la coopération affairiste et du trafic de drogue.
● Jusqu’en 2003, la plupart des produits de première nécessité et d’usage quotidien étaient soit produits localement (viande - à l’exception de poulets importés des USA ! - légumes, fruits frais et fruits secs - chaussures et vêtements traditionnels, et même des batteries automobile), soit importés de provenances diverses (Pakistan, Iran, Inde, et bien sûr l’électronique asiatique).
● Après 2003, l’effet OMC a joué à plein. La Chine s’est infiltrée dans la brèche. Progressivement, le low cost Made in China a supplanté les productions locales.
Comme en Afrique, des hommes et femmes d’affaires chinois ont commencé à copier les vêtements locaux pour les fabriquer en Chine et les importer en Afghanistan. Et des ateliers chinois faisant travailler une main d’œuvre chinoise immigrée apparurent même en Afghanistan.
Puis des commerçants Afghans, intéressés par le filon, ont également commencé à aller s’approvisionner eux-mêmes en Chine et les importations ne firent que croître, au détriment de l’emploi local.
● Des ateliers et de petites manufactures réouvertes par des Afghans revenus d’exil furent rapidement mises en faillite.
Mais qu’importe… Le raisonnement libre-échangiste et mondialiste de la communauté internationale est imperturbable : si les prix de vente sont plus bas, c’est bon pour le commerce et pour les consommateurs. L’idée qu’un consommateur ait d’abord besoin de travailler pour disposer d’un pouvoir d’achat semble relever pour eux d’une logique martienne. C’est bien connu, le commerce et les services constituent le noyau dur de l’économie et du développement.
Le ver idéologique de la mondialisation était désormais dans les fruits de la reconstruction, lesquels commencèrent à pourrir sur l’arbre avant même d’avoir pu se développer.
● Dans le même temps, des “restaurants” chinois poussèrent comme des champignons à Kaboul, abritant autant de maisons closes. Chaque semaine, des flots d’hôtesses chinoises étaient acheminées par des charters faisant la navette entre la Chine et Kaboul. Ces restaurants bénéficiant de la plus grande tolérance (comme il se doit) de la part des autorités Afghanes…
► Non seulement cette évolution “libre-échangiste” ne semblait pas embarrasser les financeurs de la reconstruction
…mais sans doute leurs politiques budgétaires n’étaient-elles pas défavorables au recours à une main d’œuvre immigrée (remarque ne concernant pas la dernière citée…)
Le secteur du bâtiment, dont la tâche était évidemment immense, a largement fait appel à des travailleurs chinois et turcs.
● Par exemple, une ONG européenne obtenant des subventions de la Commission Européenne pour la reconstruction de routes importantes, a confié le contrat à un entrepreneur chinois faisant travailler ses compatriotes, alors que des centaines d’Afghans attendaient chaque jour du travail, en vain. Assis aux ronds-points de la capitale et d’autres villes du pays, des outils posés devant eux, ils attendaient qu’on vienne louer leurs services.
● Ce qui, faute de salaire, leur donnait l’occasion de voir circuler des flottes insensées de 4×4 climatisés flambant neufs hors de prix, des bureaux des Nations Unis ou de grosses ONG internationales, puis au bout de quelques années de présence étrangère, ceux aux vitres fumées plus luxueux encore, des nouveaux riches de la coopération affairiste et du trafic de drogue.
● S’il est vrai que la (re)construction de certaines infrastructures était plus urgente que d’autres, il est malheureusement indéniable que la formation et le recrutement de travailleurs afghans ont été largement négligés, sauf dans l’armée et la police.
Dans les faits, au lieu que le travail de recherche conduit par les bureaux de l’ONU spécialistes des divers volets de de Responsabilité économique Sociétale et Environnementale et de développement durable influencent les politiques économiques de l’OMC, du FMI et de la Banque Mondiale, c’est la gouvernance néolibérale imposée par ces dernières aux États qui a altéré et réduit l’efficacité de ces agences onusiennes dans le cadre de la reconstruction de l’Afghanistan.
Voir notre page : Le rôle des Organismes Commerciaux et Financiers Supranationaux
Un facteur a joué un rôle tout à fait délétère : l’application aveugle du fameux dogme ultra-libéral selon lequel l’État n’est pas la solution mais le problème, a même imprégné les projets du Programme des Nations Unies pour le Développement.
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► Des pouvoirs publics discrédités a priori, afin de justifier la privatisation des services publics.
Ce sont les cabinets de consultants américains de l’administration Bush, omniprésents et omnipotents, dont les coûts astronomiques ont grevé le budget de reconstruction de l’Afghanistan, qui ont formaté l’administration afghane au fil de nombreux plans dit de “capacity building” (construction de la compétence) des pouvoirs publics…
Le parti-pris étaient typiquement néolibéral :
● les clés de la reconstruction et du fonctionnement à venir du nouvel Afghanistan, devaient être confiées au secteur privé, exclusivement et sans restriction,
● alors que les pouvoirs publics se voyaient constamment mis en demeure de justifier auprès des financeurs et du secteur privé, l’utilisation de leurs moyens de fonctionnement. En outre, les salaires des fonctionnaires étaient tellement bas qu’ils pouvaient être compris comme une forme de mépris à l’égard de l’ensemble de la fonction publique.
Qui serait en mesure de travailler bénévolement dans une société ruinée, sinon des personnes riches, ou ayant l’intention de mettre à profit le pouvoir qui leur est confié ?
► Cette idéologie dominante imprégna jusqu’aux plans de soutien au développement socioéconomique.
● Les documents de capacity building des pouvoirs publics (restructuration, organisation et formation à la performance) élaborés par le PNUD, faisaient apparaître un a priori de défiance à leur encontre, rappelant régulièrement leur obligation de rendre des comptes, mais affichaient au contraire une confiance sans borne dans le secteur privé, auquel aucun compte ne semblait devoir être demandé.
● Outre la dévalorisation affichée de la fonction publique et l’humiliation infligée à son personnel, une telle disposition a eu comme conséquences concrètes le niveau scandaleusement bas des salaires des fonctionnaires, très inférieurs à ceux du secteur privé, et l’insuffisance des moyens de l’administration (effectifs et équipements).
● Cette situation ne pouvaient que conduire à un déficit d’efficacité et à une explosion de la corruption, car pour accepter de telles conditions professionnelles, il fallait trouver d’autres avantages à occuper une position procurant un pouvoir sur les administrés…
► Le résultat ne se fit pas attendre longtemps.
● L’affairisme et la corruption se développèrent comme un bouillon de culture au sein de l’administration afghane, aggravant le malheur de la population…
● Le trafic de drogue, interdit par les Talibans au pouvoir avant 2002, finance désormais leur lutte.
Bien des paysans dont l’activité a été ruinée par les importations multiples, se sont reconvertis dans la culture du pavot, subventionnée par les barons de la drogue dont certains sont très proches du pouvoir soutenu (pour ne pas dire mis et maintenu en place) par les USA.
► La présence étrangère a certainement davantage profité à la population par les emplois créés pour la conduite des activités de ses nombreuses organisations (armées, bureaux des Nations Unies, ONG),
… que par l’impact à long terme des programmes eux-mêmes. Emplois qui s’évanouiront avec elles dès leur départ.
•● Le business avec la communauté internationale, ou par son intermédiaire, profita en priorité à une minorité initialement favorisée, le plus souvent des Afghans expatriés en Europe ou aux États-Unis.
● Malgré l’optimisme et le dynamisme d’une population enthousiaste au début de la présence étrangère, et le credo entrepreneurial véhiculé par la coopération internationale, se lancer dans les affaires n’était pas à la portée de tout le monde.
Il aurait pourtant suffi de consulter directement la population pour prendre conscience de l’évolution de son sentiment…
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→ Alors qu’en 2001, la plupart des Afghans avaient été extrêmement soulagés d’être libérés de la sinistre emprise des Talibans, et très surpris de la relative facilité avec laquelle ils avaient été chassés (en fait, la population découvrait à quel point un petit nombre de Talibans avait suffi à entretenir la terreur)…
→ au tournant de 2007, une grande partie de la population estimait avoir été abusée par les promesses d’une prétendue communauté internationale considérée désormais comme des occupants illégitimes, voire des profiteurs de la manne financière de la reconstruction.
► Les évaluations optimistes émanant des Nations Unies n’étaient guère réalistes.
● Cela fait déjà des années que, en climat de confiance, des Afghans n’appartenant pas à la classe privilégiée aux affaires expliquent que le risque encouru par la population, à l’époque où les Talibans détenaient le pouvoir, était de perdre la vie à tout moment, mais qu’avec les promesses non tenues par les Occidentaux et la misère persistante des Afghans les plus vulnérables, c’est sa dignité et parfois même son âme que la population a perdue.
Nous devons nous remémorer les moyens de survie de populations européennes errant dans les ruines de leurs villes à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, et survivant d’expédients, pour mieux comprendre le sentiment et les espoirs de la population afghane au lendemain du 11 septembre 2001, pensant enfin être secourue après 25 ans de guerre.
● Mais pour la plupart d’entre eux, 12 ans plus tard, leur réalité est toujours celle d’un “Afghanistan, année zéro” !
► Certes il est extrêmement difficile de se relever de 25 ans de guerres à peu près continues.
En outre il est beaucoup plus simple de reconstruire des maisons et des routes, qu’une identité si longtemps bouleversée, sur le fond de complexité historique de l’échiquier afghan :
● carrefour d’invasions depuis la nuit des temps, soumis à l’invasion soviétique de 1979,
● soumis également à des luttes d’influence paradoxales (gouvernement Pakistanais soutenu par les USA, services secrets pakistanais pro-talibans, Inde anti-pakistanaise, Iran chiite où s’était réfugiée une partie de la minorité afghane Hazara),
● le tout sur fond de conflits inter-communautaires déchirant ce patchwork ethnique (Pachtounes proches du Pakistan, la communauté dont sont issus les Talibans, Tadjiks de l’Alliance du Nord du Commandant Massoud, Ouzbèkes, et Hazaras chiites, éternels souffre-douleur des autres belligérants sunnites).
► Mais dans ces années post-11-septembre-2001 de prétendue reconstruction*
… et malgré des réalisations remarquables de l’action solidaire internationale (santé, éducation, culture, information, etc.) c’est l’espoir des plus modestes et des plus vulnérables qui a été détruit par d’autres Talibans, occidentaux ceux-là, les prosélytes du dogme économique néolibéral, du libre échange et de la négation de la souveraineté de l’État !
● Alors que le grand malade Afghanistan nécessitait depuis 2002 des soins intensifs en chambre stérile, le pays a, au contraire, été forcé de participer à la course effrénée de la mondialisation sur le grand marché global infesté par la corruption, accrue par les enjeux économiques des matières premières et par l’argent du crime (trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains).
● Ce n’est pas tant l’action militaire des Talibans, que le retournement progressif d’une population humiliée, qui oblige chaque jour davantage le pouvoir du président Karzaï à composer avec eux, s’il veut conserver un contrôle sur les affaires privées, plutôt que sur la gouvernance publique du pays.
L’Afghanistan dispose d’une industrie manufacturière primordiale : celle du tapis artisanal. En 2002, au début de la mise en place des programmes de reconstruction, ce secteur employait directement environ 1 million de personnes, et l’on estime qu’il procurait indirectement un revenu à près de 20% de la population (l’Afghanistan comptant environ 30 millions d’habitants).
Une problématique géopolitique : se réapproprier ce secteur vital, dont le marché international avait été capté par le Pakistan voisin, représentait une nécessité primordiale pour le pays et sa population.
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Pendant les 25 années de guerre et jusqu’à la chute des Talibans en 2001, une grande partie de la population s’était réfugiée à l’étranger, essentiellement au Pakistan (seule la communauté Hazara chiite migrant traditionnellement plutôt en Iran) où la production de tapis s’était donc largement délocalisée.
Le gouvernement pakistanais avait mis en place des règles ne permettant qu’à des agents pakistanais d’exporter les tapis afghans à partir du Pakistan (l’Afghanistan ne dispose d’aucun accès direct vers la mer) ; ces agents prélevant une part importante du chiffre d’affaires. C’est ainsi qu’ils ont peu à peu pris le contrôle commercial et donc financier du marché international du tapis afghan.
► Notre propre analyse évaluait cette part captée, en moyenne à 30% du prix à l’export ; la marge des producteurs afghans n’excédant pas quelques pour-cent.
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Sur les 550 à 650 millions de dollars annuels d’exportations de tapis afghans effectuées à partir du Pakistan dans les années 2004 à 2006, la manne financière prélevée abusivement par les intermédiaires pakistanais se situait entre 160 et 200 millions de dollars, alors que par ailleurs le pays était maintenu en survie par la perfusion financière assurée par la communauté internationale.
Dans ces conditions, la rémunération de la main d’œuvre est trop faible pour que le travail d’un adulte permette d’assurer la prise en charge d’autres membres de la famille. C’est une des principales raisons du travail des enfants, partout dans le monde. Le secteur du tapis est très touché par ce phénomène, et la production afghane n’échappe pas à la règle.
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Pour améliorer les conditions sociales et environnementales de la production de tapis en Afghanistan, et permettre au pays de reconstruire son économie, il est donc fondamental que la production ET LA COMMERCIALISATION INTERNATIONALE de tapis repassent sous le contrôle de l’Afghanistan, condition pour que l’économie afghane se réapproprie la part prélevée illégitimement par les agents pakistanais.
► Mais pour cela, il est nécessaire que :
● des infrastructures de production et surtout de finition (coupe et lavage) soient redéployées en Afghanistan,
● pour que l’exportation puisse se faire directement à partir de l’Afghanistan.
► Pourtant, la communauté internationale n’en fit pas une priorité.
● En 2005, un cabinet de conseil américain a eu l’indécence de proposer aux producteurs afghans d’adopter la formule Nike : se concentrer sur le concept marketing du tapis afghan et sous-traiter sa production au Pakistan, mieux équipé et mieux situé pour le transport maritime, afin de diminuer les coûts !
Une simple stratégie de calculette prétendait balayer des siècles de culture, de tradition et de savoir-faire artisanal…
Heureusement, les producteurs afghans blessés dans leur dignité, ont su renvoyer l’impertinent à ses chers concepts marketing. Mais la problématique centrale de ce secteur économique vital n’a pas pour autant bénéficié des moyens économiques qu’elle méritaient.
● Mais il fallut attendre 8 années et une situation politique et militaire déjà très compromise, pour qu’en octobre 2009 la Banque Mondiale inscrive enfin au nombre de ses projets le financement de sites de finition et de lavage des tapis en Afghanistan (indispensables pour que les tapis puissent être exportés directement d’Afghanistan)…
Nos travaux montraient clairement que le seul fait que l’Afghanistan parvienne à se réapproprier son marché international du tapis, permettrait de rémunérer suffisamment le travail de nouage, pour que les adultes remplacent leurs enfants au métier à tisser et soient alors en mesure d’assurer la subsistance de leur famille.
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Baisse du taux de travail des enfants de - de 15 ans | Augmentation du prix à l’export (compensable par une diminution de la marge de l’importateur et/ou du détaillant) | Différentiel de qualité |
-55% | ►►►►►0% | identique |
-100% | ►►►►+33% | meilleures qualité technique & productivité |
100% > 18 ans | ►►►►+67% | meilleure productivité + Qualité Sociétale & Environnementale |
► Qualité sociale et développement socioéconomique
Ainsi :
● Le seul fait de pouvoir mettre fin à la captation de chiffre d’affaire par les intermédiaires d’exportation et de réintégrer ce manque à gagner dans les coûts de production, permettrait une diminution du taux de travail des enfants de 50 à 60%, sachant que la productivité d’un adulte est nettement supérieure à celle d’un enfant.
● Une meilleure qualité technique du tapis, due à une meilleure sélection de matières premières, au savoir-faire d’adultes plus expérimentés que des enfants, et à des équipements mieux adaptés à leur finition, justifie un prix supérieur aux 150 $US illustrant notre analyse. Un prix à l’export supérieur de 1/3 permettrait aux familles de ne plus recourir au travail de leurs enfants de moins de 15 ans, la rémunération de 2 tisserands adultes pouvant alors assurer la prise en charges de 7 membres de leur famille.
Dans ce cas, les critères de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) seraient atteints, concernant l’âge minimum de début du travail.
● Au-delà, une augmentation du prix à l’export de 2/3 assurerait une Qualité Sociétale et Environnementale optimale, tous les enfants de familles de tisserands pouvant poursuivre leurs études jusqu’à la fin de leur cursus secondaire et même entreprendre des études supérieures. Et surtout, tous les autres domaines de leur existence en seraient très améliorés (accès aux soins médicaux, habitat, transports, etc.)
► Qualité environnementale
En outre, les producteurs seraient alors en mesure d’investir dans des installations évitant que l’environnement continue d’être affecté par un mode de production sauvage, rejetant des détergents très agressifs dans la nature sans retraitement de l’eau préalable. C’est donc le mieux être de toute la population qui est concerné.
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► Un prix permettant de couvrir l’ensemble des coûts correspondant à une QSE optimale
…limite donc les impacts sociaux et environnementaux négatifs (externalités économiques négatives).
● Ces chiffres ne sont bien sûr que l’estimation d’un potentiel : celui de remédier au fléau de l’enfance sacrifiée et d’un environnement dégradé, donc l’avenir d’un peuple extrêmement vulnérable, compromis par l’irresponsabilité d’acteurs économiques abusant de leur pouvoir, et par les choix erronés d’une communauté internationale égarée par ses dogmes économiques et sociétaux normatifs, moins pertinents que jamais dans le cas de l’Afghanistan.
● Mais notre analyse d’un prix durable définit selon nous un objectif réaliste de développement socioéconomique concernant tout particulièrement les pays les moins avancés ou en développement (PMA et PED), ce qui est malheureusement le cas de l’Afghanistan, dont l’Indice de Développement Humain se situe en 2011 au 172 rang sur 187 (entre autres critères, l’espérance de vie y est de 48,7 ans).
Car elle a au moins pour mérite de définir les priorités conditionnant la reconstruction et le développement socioéconomique sans lesquels une paix durable ne pourra pas s’enraciner dans un Afghanistan écartelé par des intérêts antagonistes, faisant trop peu de cas de son avenir…
La coopération de toutes les parties prenantes était indispensable : familles de tisserands et producteurs afghans, importateurs et partenaires de commerce équitable occidentaux, partenaires financiers institutionnels.
Alors que les partenaires afghans ont été très coopératifs, les partenaires occidentaux n’ont pas tenu leurs engagements…
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► Notre travail, de 2002 à 2007, a permis d’analyser la problématique en cause et d’obtenir la coopération des producteurs afghans de tapis.
Il a été initialement soutenu par le Ministère français des Affaires Étrangères et l’Ambassade de France en Afghanistan qui, dans la limite de leurs moyens, nous ont permis de procéder à cette phase d’analyses de terrain préalables et de sensibiliser les producteurs afghans aux enjeux de la Responsabilité Sociétale et Environnementale. Comprenant parfaitement les principes et les objectifs de la RSE, ces derniers se sont même avérés tout à fait coopératifs.
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Malheureusement, c’est au niveau de la communauté internationale et du marché dit équitable que par la suite tout notre travail a été gelé :
► La Commission Européenne : biais idéologiques, déficits de compétence ou dysfonctionnements structurels ?
● Malgré un soutien initial appuyé de la part de la direction de la délégation de l’Union Européenne à Kaboul, du fait du fort turnover de son personnel, il a suffi d’une seule fonctionnaire européenne hermétique aux enjeux de la Responsabilité Sociétale et Environnementale et hostile au projet depuis son origine, pour faire obstacle à sa poursuite, alors qu’il aurait au contraire mérité un soutien renforcé dans la durée. A aucun moment les besoins des producteurs et surtout la situation des familles de tisserands qui en attendaient beaucoup, ni les avancées accomplies, ne furent pris en considération…
Le retour à la doxa néolibérale schizoïde communautaire, typique de l’Union Européenne, reprenait ses droits :
● d’une part, des recherches consacrées au développement durable et des normes unilatérales faussant la concurrence ;
● d’autre part, un libre-échange auquel importe peu la qualité sociale et environnementale des produits et des services.
Plutôt qu’une démarche cohérente de Responsabilité Sociétale et Environnementale partagée par les acteurs économiques (processus innovant nécessitant forcément du temps), il était donc urgent de ne rien changer dans le fonctionnement économique de la filière afghane du tapis :
● faciliter le business, sans se préoccuper de ses impacts humains et environnementaux négatifs,
● et tenter par ailleurs de compenser ces derniers par des actions humanitaires classiques, compréhensibles de tous, et valorisantes pour leurs promoteurs et leurs financeurs…
► Les incohérences de certains acteurs occidentaux de Commerce Équitable.
● Notre partenaire suisse, une ONG de labellisation de commerce équitable spécialisée dans le tapis artisanal, commanditaire et partenaire non financier du projet (en fait elle n’a pas honoré sa proposition initiale de participer significativement à son financement), s’était engagée à obtenir la coopération commerciale et opérationnelle de ses membres, pour assurer aux producteurs afghans des débouchés équitables en Europe, auprès de commerçants responsables détenteurs de ce label. Intermédiaires commerciaux, importateurs et commerçants détaillants de tapis, les membres de cette ONG de représentaient alors 50% du marché du tapis artisanal suisse et une part très significative d’autres marchés de l’Union Européenne.
Après un très long et fastidieux travail de terrain en Afghanistan, au rythme de notre présence intermittente du fait d’un budget global insuffisant, nous avions constitué un groupe important de producteurs locaux prêts pour la phase opérationnelle de cette collaboration, et des partenaires afghans et internationaux étaient identifiés pour l’accompagnement social et environnemental.
Mais l’ONG suisse n’est pas parvenue à obtenir de ses membres les informations nécessaires pour nous permettre de procéder à l’évaluation de la qualité sociale et environnementale des tapis importés par eux. Pourtant les importateurs de tapis afghans membres de cette ONG étaient contractuellement tenus de lui fournir les informations de traçabilité et les autorisations d’accès à leurs sites de production de leurs tapis, en contrepartie du label de commerce équitable qui leur était attribué par l’ONG.
À défaut, aucun d’entre eux n’a, non plus, répondu positivement aux offres des producteurs afghans partenaires de notre projet en Afghanistan.
Or, faute de fournir à nos collaborateurs Afghans les informations nécessaires au suivi de la production, c’est à ses collaborateurs Pakistanais que l’ONG a confié le suivi de la filière de tapis en Afghans ; mais le suivi de quoi exactement et sur quelle base ?
● D’une part, elle commettait en cela un contresens géopolitique majeur, dans le contexte précisé précédemment, créant ainsi des conditions peu favorables, selon nous, pour que le secteur afghan du tapis s’affranchisse enfin de sa très coûteuse tutelle commerciale pakistanaise…
● D’autre part, les conditions de vie des familles de tisserands, et les conditions environnementales de production ne pourront guère connaître d’amélioration, si la part importante du prix à l’export captée par les exportateurs pakistanais, n’est pas récupérée par les producteurs afghans.
Pourtant l’Afghanistan figure bien actuellement sur le site Internet de ce label, comme étant couvert par son activité de suivi, sans bureau local dans le pays…
► Une question fondamentale d’ordre éthique se pose alors :
… comment des commerçants membres d’une organisation de commerce équitable peuvent-il bénéficier de son label commerce équitable, s’ils n’en respectent pas les règles prévues par son cahier des charges, ou si celui-ci ne permet pas de garantir que le commerce soit effectivement équitable ?
● Ne sommes-nous pas tout simplement face à une problématique de conflit d’intérêt, dès lors que l’ONG est financée par ces mêmes membres, mais que ses procédures et le respect de son propre cahier des charges ne fait pas régulièrement l’objet de contrôles extérieurs indépendants ?
● Et ne faut-il pas craindre également un déficit de compétences de la part d’organisations (ONG comme institutions internationales) dont les collaborateurs ne disposent pas toujours de profils et d’expériences professionnelles adaptées au sujet particulièrement complexe que constitue le développement socioéconomique, notamment dans des contextes sociétaux où l’économie informelle prévaut ?
Mais un label dit de commerce équitable, sur la porte, les catalogues ou les produits de nos commerçants, n’est pas forcément une garantie suffisante…
… alors sachons quelles vrais bonnes questions leur poser nous-mêmes !
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Car acheter de chatoyants tapis afghans Made in Afghanistan
aiderait une bonne partie des Afghans à reprendre leur destin en mains,
à condition toutefois de savoir à qui ce secteur profite réellement…
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C’est pourquoi la réalisation de la traçabilité est capitale et sa certification est nécessaire.
Dans le cas présent, sachant que l’avenir de l’Afghanistan dépend de la prospérité économique de sa population (ce que la guerre seule ne permettra jamais), tout client devrait se préoccuper de la Qualité Sociétale et Environnementale du tapis qu’il achète.
Pour cela, en plus des éléments culturels toujours passionnants, le commerçant devrait être en mesure de fournir à son client les informations suivantes :
● Les spécifications techniques de qualité (nature et origine des matières premières, type de teintures, nombre de nœuds rapporté à la surface, modalités d’entretien).
● De la matière première au produit fini, qui a fait quoi et où (il devrait être possible de remonter au moins jusqu’aux tisserands) ?
● D’où a-t-il été exporté et par qui (en l’occurrence, l’exportateur est-il bien le producteur afghan lui-même) ?
● Comment a-t-il été fabriqué (manuellement ou mécaniquement, en atelier ou à la maison) ?
● Quelle est la répartition du prix de vente final, et donc quelle est la structure du coût ?
● Combien d’heures de main d’œuvre ont été nécessaires, et combien le travail des artisans a-t-il été rémunéré ?
● De quels éléments de preuve dispose-t-il, qu’il soit prêt à vous fournir ?
Professionnels du secteur et consommateurs
qui souhaiteriez notre avis à ce sujet,
n’hésitez pas à nous consulter
Car la transparence économique est la clé d’un développement socio-économique soutenable.
A l’inverse, l’encouragement du low cost par une concurrence sauvage et un dumping généralisé, ou la réalisation de marges excessives par certains intermédiaires commerciaux, en totale opacité quant à la Qualité Sociétale et Environnementale des produits et des services, c’est l’opposé d’une activité économique génératrice d’un développement durable.
Ce type de mondialisation conduit à l’enrichissement du secteur commercial, au détriment de producteurs et surtout de la main d’œuvre exploitée, et de l’environnement surexploité et pollué à outrance (externalités économiques négatives).
L’OMC et le FMI finiront-ils un jour par prendre en compte ces enjeux pourtant vitaux ?
Professionnels du tapis, si vous souhaitez vous engager dans une véritable démarche de transparence économique, nous nous efforcerons de vous mettre en relation avec des producteurs afghans exportateurs directs.
L’objectif n’étant pas de réduire votre prix d’achat pour accroître vos marges, mais bien de restaurer le revenu de la filière afghane du tapis en Afghanistan, en activant les rouages vertueux de sa Responsabilité Sociétale et Environnementale, de la vôtre jusqu’à la leur…
(lire la suite…)
L’Afghanistan est, de notre point de vue, une illustration particulièrement tragique des dégâts commis par une idéologie mondialiste mercantile, forçant sans discernement l’ouverture des territoires à des échanges commerciaux indifférents aux conditions de travail et de vie des populations, comme aux impacts écologiques de l’activité économique…
► La finalité d’une coopération économique transparente vise à :
→ Améliorer les conditions de travail et les revenus des tisserands et de leurs familles, grâce à une meilleure répartition sur la filière du prix payé par le client final, en partenariat avec des organisations humanitaires et de Droits de l’Homme présentes dans le pays, en mesure d’accompagner cette évolution. Car une garantie de moyens et de résultats en matière sociétale nécessite un suivi personnalisé de chaque famille de tisserands et autres artisans de ce secteur d’activité…
→ Permettre aux producteurs d’investir dans la prévention des pollutions liées à l’ennoblissement du tapis : la teinture et surtout le lavage final qui emploie des produits toxiques et utilise de grandes quantités d’eau. Or l’eau peut-être économisée par voie de décontamination rendant possible sa réutilisation dans le cycle de traitement. Et l’usage de produits substitutifs peut diminuer la toxicité dont sont responsables les détergents couramment employés. Lesquels sont généralement achetés à l’étranger et accroissent la dépendance géo-économique de la production Afghane.
► Car seule une approche globale et une cohérence systémique des solutions associant clients, commerçants, producteurs et artisans dans une démarche commune d’intérêts convergents bien compris (synergie), peuvent :
→ contribuer à améliorer durablement le sort d’une population entière sans qu’elle demeure sous la dépendance, voire le joug, de la communauté internationale,
→ et lui redonner espoir dans un avenir ne passant pas forcément par un repli sur soi, qui impliquerait le retour à un fondamentalisme obscurantiste et à un extrémisme synonymes de violence, encore et toujours…
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