« Où les routes sont tracées, je perds mon chemin.
Sur la vaste mer, dans le bleu du ciel,
il n’y a point de lignes marquées.
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Le sentier est caché par les ailes des oiseaux,
le feu des étoiles, par les fleurs des saisons différentes.
Et je demande à mon cœur : ton sang ne porte-t-il
point la connaissance de l’invisible chemin ? »
L’Offrande lyrique - Rabîndranâth Tagore - (1861 - 1941)►►
La notion de développement durable est toujours associée, et trop souvent limitée, aux enjeux environnementaux.
Mais cela ne signifie pas pour autant que les lois de la Nature soient bien comprises. Car le degré de complexité des interactions systémiques dont elles relèvent est tel qu’il représente pour les humains un champ d’étude illimité.
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C’est pour cette raison que notre recherche et nos expérimentations doivent absolument se soumettre à une déontologie privilégiant la sagesse et la concertation, plutôt que de céder systématiquement à la facilité et à l’appât du gain. A l’inverse de l’image romanesque du savant fou (parfois réelle, hélas), un chercheur digne de ce nom se double d’un philosophe, pour qui l’humilité socratique est la règle, compte-tenu de tout ce que nous ignorons…
Voilà posé le tout premier enjeu de développement durable. Il concerne la compatibilité de l’économie avec les contraintes environnementales.
Le concept d’empreinte écologique a beaucoup aidé à visualiser cet enjeu :
Je calcule mon empreinte écologique…
C’est particulièrement le cas lorsque l’empreinte écologique des modes de vie et de consommation est rapportée à la capacité de la Terre et s’exprime en nombre de planètes nécessaires.
En revanche, les enjeux sociétaux sont trop souvent oubliés ou minorés.
Ce biais prouve que la dimension systémique du développement durable n’est pas réellement comprise, ou est volontairement négligée.
Si pour faciliter l’analyse et la gouvernance des enjeux de développement durable, nous les regroupons dans 3 grandes catégories, en réalité ils sont tous liés. Chacun recèle les 2 autres en son sein et la résolution des uns conditionne celle des autres.
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● Si une population n’est pas en mesure de faire valoir ses droits fondamentaux, les inégalités socioéconomiques et la corruption sont telles que la plus grande part de la population demeure extrêmement pauvre alors qu’une frange très réduite monopolise l’essentiel des richesses. C’est généralement elle qui détient le pouvoir.
● Dans ce cas, les conditions de vie qui prévalent ne permettent pas une gestion efficace de l’environnement, qui ne saurait être la préoccupation première d’une population extrêmement vulnérable.
● La pauvreté pérennise les carences éducatives, la sous-qualification professionnelle et l’ignorance des risques sanitaires. Le niveau très élevé d’accidents du travail et de maladies est responsable d’importantes pertes de revenus des familles, et aggrave leur pauvreté.
● L’absence de protection sociale et de système de santé publique efficace ne permet pas d’amortir les conséquences sociétales des disparités socioéconomiques.
Ce cycle infernal est typique du sous-développement chronique du Tiers-Monde, et réciproquement, l’accroissement de la pauvreté au sein des pays développé (Quart-Monde) s’accompagne d’une régression des droits fondamentaux, ainsi que des systèmes de protection sociale qui les caractérisaient.
En France, c’est la privatisation progressive de notre protection sociale qui accomplit ce glissement “à l’Américaine” : déremboursement des frais médicaux, laissés toujours plus à la charge des complémentaires privées, sans baisse des cotisations sociales des assurés… De même, le rôle grandissant des caisses complémentaires de retraite, transforme peu à peu notre système solidaire de répartition, en un système individualisé de capitalisation. Chacun pour soi.
Quant aux enjeux économiques, ils demeurent tributaires de la pensée dominante associant inconditionnellement croissance et développement.
Cependant, la norme ISO 26000 publiée en novembre 2010 précisant la Responsabilité Sociétale & Environnementale - RSE - des organisations. Elle établit clairement l’incompatibilité entre une recherche de profit maximal via la minimisation des coûts, et un développement durable. Or dans le contexte du libre-échange responsable de dumping, c’est cette réduction incessante des coûts qui génère la compétitivité commerciale et la croissance économique.
Le refus de certains pays de ratifier cette norme rejoint les difficultés à obtenir un consensus lors des sommets internationaux sur l’environnement.
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La norme ISO 26000 ne concerne pas uniquement les entreprises, mais aussi différents types d’organisations. Car les parties prenantes sont non seulement concernées par cette RSE, mais éventuellement co-responsables des conditions d’un développement soutenable.
Pour faciliter l’approche méthodologique et la coopération de parties prenantes, la norme a été structurée en 7 chapitres, traitent des enjeux centraux de Développement Durable et de la gouvernance RSE :
● ch1 - la gouvernance de l’organisation,
● ch2 - les bonnes pratiques des affaires,
● ch3 - l’environnement,
● ch4 - les conditions de travail,
● ch5 - les droits de l’homme,
● ch6 - la contribution au développement local, ou engagement sociétal,
● ch7 - les questions relatives aux consommateurs.
Il repose sur tous les aspects vitaux de l’activité et de l’existence des populations et des territoires :
Le volet sociétal
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● l’aspiration naturelle des populations au bien-être et au progrès social,
● la jouissance par les individus et les sociétés de leurs droits fondamentaux,
● dont la protection de leurs identités et de leur diversité culturelle,
● pouvoir bénéficier d’un environnement sain et vivable.
et le volet économique.
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● pour répondre à ces enjeux sociétaux, les activités économiques sont indispensables,
● donc elles doivent être globalement viables et équitables,
● mais elles doivent également être compatible avec les besoins et la cohésion sociale de la population,
● et limiter ses atteintes à l’environnement.
Or les droits fondamentaux énoncés dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) de 1948 recouvrent aussi bien ces objectifs sociétaux qu’économiques.
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► L’Article Premier en pose clairement les bases : Liberté, Égalité, Fraternité.
Les suivants détaillent les valeurs démocratiques sociétales et les droits qui en découlent, y compris les droits culturels des populations.
C’est pourquoi, loin de toute tentation de protectionnisme arbitraire ou de populisme irresponsable, le programme France-Durable propose à chacun de contribuer à imposer à l’Économie ces idéaux fondateurs de notre démocratie.
► Les Articles 22 à 25 établissent clairement les droits économiques des individus.
► Mais bien entendu, ces droits fondamentaux ne sauraient être viables s’ils ne s’accompagnaient en égale proportion des devoirs de l’individu (Article 29).
► L’ Organisation International du Travail ( O.I.T ) a précisé l’ensemble des droits relatifs aux conditions de travail.
► Ainsi, la norme sociale SA8000, délivrée aux entreprises conformes à son cahier des charges de qualité sociale de l’activité économique, se base-t-elle sur :
Mais sans préservation de l’environnement, le développement socioéconomique ne saurait être soutenable.
Depuis la ratification de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme en 1948, les enjeux écologiques ont nettement évolué et l’urgence environnementale est devenue une évidence universelle. Le développement durable nécessite donc d’intégrer le volet environnemental comme étant indissociable des volets sociétaux et économiques.
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Les enjeux environnementaux actuels dépassent de beaucoup l’échelle de temps d’une vie humaine. Certains déjà irréversibles. Mais les risques environnementaux que nous ne maîtriserons pas maintenant constituent une menace pour de nombreuses générations à venir :
● surexploitation et disparition des ressources énergétiques et minérales non renouvelables,
● surexploitation et disparition de la faune, de la flore, déforestation et destruction de la biodiversité,
● pollution atmosphérique, pollution durable de l’eau et des sols, pollution nucléaire à très long terme,
● impacts climatiques (très discutés) des émissions de gaz à effet de serre,
● etc.
Cliquer : | |
« Programme des Nations Unies pour l’Environnement » - Site Internet du PNUE | |
« Plaquette de présentation du rôle du PNUE » |
Nous recommandons vivement la lecture du mémento intitulé « Critères de développement durable appliqués aux actions de coopération et de solidarité internationale ». Fruit d’un travail collégial de professionnels du développement en France et à l’étranger, il a été produit en 2005 par le Haut Conseil de la Coopération Internationale (HCCI), avec le concours méthodologique de l’association Adéquations (www.adequations.org).
Nous reprendrons ici les critères retenus par le HCCI, auxquels nous adhérons pleinement. Ils présentent de surcroît l’avantage d’avoir été pensés en termes de gestion de projet, et s’appliquent par conséquent à la gouvernance DD incombant aux entreprises comme à toute autre organisation publique ou de société civile.
Démocratie, enjeux sociétaux : les valeurs et modes de fonctionnement démocratiques, à la fois condition nécessaire et résultat naturel d’une politique de développement durable, en constituent le terreau nourricier.
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1. Évolution vers des modes de production / consommation durables
2. Solidarité dans l’espace (Nord-Sud) et dans le temps (générations futures)
3. Responsabilité individuelle et collective (précaution, réparation…)
4. Participation des parties prenantes
5. Éducation
Critères sociaux et droits humains : Développement Humain, droits, éducation, réduction de la pauvreté et des inégalités, sécurité et inclusion sociales.
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1. Utilité sociale et sociétale
2. Respect et exercice des droits humains
3. Droit à un environnement sain
4. Exercice de la citoyenneté et la paix
5. Prévention des conflits, renforcement de la sécurité
Critères culturels : valorisation des libertés, des identités, des savoirs, des langues, respect de modes et de rythmes de développement diversifiés.
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1. Respect des libertés et identités culturelles
2. Partenariats culturels
3. Ressources locales, patrimoine local, créations
4. Stratégies de formation/éducation
5. Processus de communication / transmission
Critères économiques : développement économique, création d’emplois, utilité à court et long terme, efficacité, intégration des coûts écologiques et sociaux.
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1. Viabilité, utilité, efficacité économiques
2. Impact favorable sur la sécurité alimentaire, les modes de production durables…
3. Appropriation/gestion par des structures locales
4. Renforcement du tissu économique local
Critères environnementaux : préservation des ressources environnementales, des écosystèmes locaux et globaux, de la biodiversité, réduction de “l’empreinte écologique”.
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1. Analyse de “l’empreinte écologique” des activités humaines
2. Articulation avec les politiques globales, les conventions
3. Prévention, gestion des risques et des catastrophes naturelles
4. Modes de production et de consommation durables
6. Éducation à l’environnement et au développement durable
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1. Concertation avec les instances compétentes
2. Dispositifs pour informer, débattre, évaluer ensemble
3. Intégration des acteurs sociaux, économiques, politiques, culturels
4. Égalité femmes / hommes
5. Intégration des coûts des processus de participation dans le budget
6. Intégration du facteur temps, rythmes locaux
7. Flexibilité des objectifs, accueil des changements et des innovations
Le Produit Intérieur Brut (PIB), sur lequel est basé le calcul de la croissance économique, n’est pas un indicateur pertinent de développement socioéconomique, et encore moins de développement durable.
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Quelles en sont les raisons ?
● Il ne tient compte que de la valeur ajoutée comptabilisée, mais n’enregistre ni les externalités économiques positives (valeurs positives induites par une activité économique), ni les externalités économiques négatives (valeurs négatives induites par une activité économique).
Par exemple, les abeilles de l’apiculteur produisent du miel qui est vendu et son chiffre d’affaire est intégré au PIB, ainsi qu’au calcul de la croissance économique. Mais les mêmes abeilles pollinisent gratuitement les cultures. Sans abeilles et insectes pollinisateurs, il n’y aurait quasiment plus d’agriculture. Or ce service écosystémique n’est pas comptabilisé par le PIB, ni pris en compte en tant que tel dans le taux de croissance économique.
Les produits phytosanitaires utilisés massivement dans l’agriculture intensive (voire les OGM auto-producteurs d’insecticide ou d’antibiotiques) perturbent l’écosystème au point de jouer un rôle avéré dans la disparition des abeilles. La vente de ces produits phytosanitaires est intégrée au calcul du PIB et de la croissance économique, ainsi que l’augmentation de la productivité agricole. Mais on ne provisionne pas le risque de disparition des abeilles et ses conséquences systémiques (on ne l’évalue d’ailleurs même pas) pour établir le bilan de ces produits phytosanitaires sous l’angle du développement durable.
● Pire : le PIB comptabilise positivement ces impacts négatifs de l’économie. Les maladies professionnelles des agriculteurs exposés à ces produits, et l’éventuelle intoxication progressive et cumulative des consommateurs, ne feront qu’enrichir les laboratoires pharmaceutiques, et donc faire grimper le PIB et le taux de croissance…
Alors que parallèlement, le coût pour la collectivité se traduira par un alourdissement du système de protection sociale, qui entraînera soit un accroissement du déficit public et de la dette de l’État, soit une dégradation plus forte de la santé de la population et un recul de son espérance de vie, voire simultanément les deux. A plus long terme, ce sont les forces vives de la société (et de toute la planète soumise à ce système d’agriculture intensive) qui seront de plus en plus affectées, au détriment d’une capacité globale de création de VALEUR AJOUTÉE NETTE durable. Voir notre page
L’Indice de Développement Humain (IDH) : difficulté de mise au point d’un indicateur synthétique.
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L’Indice de Développement Humain (IDH) créé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans les années 1990, combine :
- l’espérance de vie à la naissance,
- le niveau d’instruction mesuré par un indice alliant pour deux tiers le taux d’alphabétisation des adultes et pour un tiers le taux brut de scolarisation.
- et le niveau de vie réel par habitant calculé à partir du logarithme du PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat (PPA).
Mais il ne tient pas compte des disparités de richesse et surtout d’enrichissement, alors que c’est un des effets secondaires les plus évidents de la mondialisation. Alors que l’*indice de Gini* permet de mesurer ces écarts par tranche de population.
De même, il ne tient pas compte des destructions de valeur, notamment environnementales, et de leurs conséquences prévisibles à long terme.
En revanche, l’Indicateur de Pauvreté Humaine (IPH) introduit par le PNUD à partir de 1997, combine :
- la probabilité de mourir avant soixante ans,
- l’illettrisme,
- le pourcentage de personnes en deçà du seuil de pauvreté, soit 50 % du revenu médian,
- le pourcentage de chômeurs de longue durée.
De plus il règle la position du curseur selon le niveau de développement socioéconomique des pays qu’il évalue.
Diverses recherches sont en cours, notamment la Commission Stiglitz, du nom de son président Joseph Stiglitz, est née d’une proposition de Nicolas Sarkozy le 8 janvier 2008, officiellement intitulée « Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social ». Le but de cette commission est de développer une « réflexion sur les moyens d’échapper à une approche trop quantitative, trop comptable de la mesure de nos performances collectives » et d’élaborer de nouveaux indicateurs de richesse.
La prise en compte de valeurs existentielles : le Bonheur National Brut
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Le petit royaume himalayen du Bhoutan aspire à une valeur ajoutée fondée sur des VALEURS EXISTENTIELLES ET PHILOSOPHIQUES bien différentes de celles de la mondialisation commerciale et de la spéculation financière…
Instauré par le Bhoutan en 1972, cet indice précurseur des principes de développement durable résonne comme une déclaration de paix, dans la cacophonie violente de la guerre économique planétaire.
Inspiré de la philosophie bouddhique, il repose sur quatre dimensions qui constituent les piliers du développement durable :
- la croissance et le développement économique responsables ;
- la conservation et la promotion de la culture bhoutanaise ;
- la sauvegarde de l’environnement et la promotion du développement durable ;
- la bonne gouvernance responsable.
Ces quatre dimensions se retrouvent aujourd’hui dans les principes de la Responsabilité Sociétale et Environnementale de l’économie et dans la méthodologie proposée par la norme ISO 26000.
Par exemple, à l’inverse de l’industrie touristique développée à outrance par de nombreux territoires, le Bhoutan à mis en place une régulation du tourisme très sélective, certes peu démocratique à l’égard des touristes d’un point de vue financier, mais qui lui a permis jusqu’à présent de remplir ses objectifs de protection de sa culture et de son environnement…
Il n’est pas étonnant que ce petit territoire himalayen ait été précurseur en la matière :
les principes d’interdépendance, d’interactivité, de respect de l’environnement, de respect des cultures, de modération (la Voie du Milieu) et d’éthique (moyens d’existence justes), constituent le cœur du bouddhisme qui, du point de vue pratique, est une illustration de l’approche systémique, au sens le plus large qui soit.
Car contrairement à l’idéologie néolibérale, l’avidité n’est pas considérée par le bouddhisme comme un moteur, mais comme un des Trois Poisons responsables de la souffrance de tous les êtres, les deux autres étant l’ignorance et la haine ; leurs antidotes, ou Trois Joyaux, consistant à :
« apprendre, comprendre et partager »…
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