Voir un Monde dans un Grain de Sable
Et un Ciel dans une fleur Sauvage,
Tenir l’Infini dans la paume de la main
Et l’Éternité dans une heure.
William Blake - Augures d’Innocence (1803)
D’un point de vue épistémologique, l’économie est une science humaine. Elle ne peut être séparée de tout autre domaine d’étude relatif à l’Être humain et à son environnement.
Depuis son apparition sur la planète Terre, l’Homme apprend par l’observation, l’expérimentation et la transmission.
L’évolution de toute vie, animale ou végétale, est également une longue histoire d’adaptation. Apprendre suppose bien des tâtonnements et des erreurs, dont le langage porte jusqu’à nous des empreintes à la fois éloquentes et touchantes. Autant de petites histoires d’erreurs qui marquèrent la grande histoire de l’humanité.
(lire la suite…)
De Homo Habilis à nos jours, son parcours est celui d’un éternel étudiant. L’hominidé est-il devenu Homme, en se dressant sur ses jambes pour voir au-delà des hautes herbes de sa savane, et envisager d’autres horizons ?
Ce thème recoupe aussi celui de notre page « des mots et des réalités »…
► Envisageons-le cette fois, sous l’angle de l’erreur conceptuelle
… souvent anecdotique, au mieux, didactique, mais parfois dramatique, ou pire, reproduite par les bégaiements de l’Histoire.
● Très tôt, l’être humain a observé les étoiles. Il s’est efforcé de les repérer et d’assimiler leurs r-évolutions, pour parvenir ensuite à prévoir leurs positions au fil des saisons et au gré des latitudes. Depuis des temps préhistoriques, elles furent à la fois le GPS du nomade et le calendrier du sédentaire. L’Homme vit en elles la plus vaste représentation d’une réalité transcendante, vivante et mouvante, apparemment éternelle.
Il était bien naturel qu’il projetât son univers magique dans la voûte céleste, et donnât aux constellations les noms de ses dieux, de ses déesses et de son imaginaire fabuleux. La plupart des calendriers du monde en perpétuent les mythes, au travers des noms des jours et des mois, ou des cycles astrologiques.
D’emblée, la confrontation de l’esprit humain à la notion de système, porta sur le plus global d’entre tous, celui englobant tous les autres. Questionnant inlassablement les ténèbres de notre ignorance, la lumière des étoiles a entretenu notre curiosité, éclairé le cheminement de notre intelligence et contribué à structurer notre savoir.
Il en naquit deux systèmes, longtemps indissociés : l’un, l’astronomie, qui nous conduisit à la conquête de l’espace ; l’autre, l’astrologie, destiné à répondre à l’aspiration humaine de projeter son regard et sa connaissance dans l’avenir.
Toutefois, cet apprentissage connut autant de déboires que d’avancées : que de parcours biaisés, de destins brisés, de massacres perpétrés ou de royaumes démantelés, suite aux conseils de quelque mage illuminé…
Mais aussi quelques catastrophes astronautiques, dont celles des navettes Challenger en 1986 et Columbia en 2003 qui tuèrent leur quatorze astronautes. Elles auraient sans doute pu être évitées grâce à des plannings moins serrés, si les ingénieurs de ces projets n’avaient pas été soumis à tant de pression compétitive économique et géopolitique dans la réalisation de leur tâche.
C’est là la face obscure de la lune, celle que le fou ne voit pas, lorsqu’il ne regarde que le doigt du sage pointé vers elle.
Et il y a la face lumineuse d’Artémis. Tous les succès de la conquête spatiale, tous les progrès de la recherche que nous lui devons, qui transforment notre quotidien, au nombre desquels les satellites qui vous permettent peut-être de lire cette page.
Mais au fait, lorsque « Le sage montre la lune, et le fou regarde le doigt », quelle face de la lune le sage montre-t-il, qu’il soit réellement nécessaire de pointer du doigt ? Sans doute les deux, s’il est vraiment un sage. Ainsi que la part d’ombre dans la lumière, et la promesse de lumière dans l’obscure…
● Nous pouvons retrouver trace des cheminements de l’apprentissage humain dans un autre domaine, tout aussi fascinant pour l’Homme : lui-même. En l’occurrence, la médecine, discipline s’il en est des systèmes et de leurs interactions.
Un mot évoque a lui seul l’odyssée de la médecine depuis son origine : artère. Son étymologie constitue une empreinte fossile des efforts déployés pour comprendre la structure et le fonctionnement d’un système. Elle est un témoignage émouvant des tâtonnements de l’esprit scientifique, tout comme peut l’être pour un peintre accompli, la contemplation de ses premiers dessins d’enfant.
Le mot grec ancien ἀρτηρία, “artêría”, qui désigne également la trachée artère, est en fait constitué des deux mots grecs άήρ signifiant “air” et τηρέω “conserver”.
Cette étymologie révèle l’erreur commise par le médecin grec Praxagoras (384-322 av. J.-C), disciple d’Hippocrate, qui fut semble-t-il le premier à distinguer les “veines” des “artères”. Mais remarquant sur les cadavres qu’il disséquait que certains vaisseaux étaient vides, il en déduisit qu’ils avaient vocation à ne contenir ou transporter que de l’air : cela ne pouvait donc qu’être des artères (des réservoirs d’air).
Il fallut attendre Galien, qui vécut entre 130 et 201 ou 216 de notre ère, pour que ses travaux anatomiques prouvent que la fonction des artères n’était pas de transporter ou de stocker de l’air… Après la mort, la pompe cardiaque étant définitivement arrêtée, elle ne peut plus rappeler le sang. Celui-ci reste alors contenu dans les veines qui le transportent vers le cœur lorsque celui-ci fonctionne, mais qui, arrêté, ne renverra plus le sang vers les artères.
« Mais à l’ère de l’i-Pod et à l’i-Pad, à quoi bon remonter jusqu’aux Grecs ? Quel rapport avec l’économie ou la mondialisation ? » direz-vous…
C’est très simple. Ce petit voyage dans le temps nous amène au constat amusé ou désolant, c’est selon, qu’en près de 25 siècles, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Nous commettons toujours les mêmes erreurs, avec toutefois de moins en moins d’excuses, puisque nous sommes censés bénéficier de tous les acquis de nos prédécesseurs.
► « Mais encore ? »
L’erreur du médecin grec Praxagoras fut d’attribuer à un système mort, des caractéristiques propres à un système vivant. Bien pardonnable pour l’époque, une erreur de cet ordre ne l’est plus aujourd’hui.
Amiante, sang contaminé, nuage radioactif de Tchernobyl, vache folle, bisphénol A, Médiator, etc.
Le plus souvent, les organismes publics en charge de notre sécurité savent, tout en prétendant le contraire, mais font comme si de rien n’était… jusqu’à ce que, des milliers de victimes plus tard, leur position devienne définitivement intenable.
Mais à la différence des médecins de l’Antiquité, ils n’ont aucune excuse.
Et le processus continuera aussi longtemps que les intérêts industriels et commerciaux privés exerceront leur pouvoir économique d’influence (c’est bien sûr un euphémisme) sur les décideurs politiques.
● Leur cible : le principe de précaution.
Il s’agirait désormais de l’invalider en dénaturant sa signification et sa portée, notamment avec le concours de certains enseignants, au nombre desquels certains climato-sceptiques, qui trouvent là à la fois une monture médiatique à enfourcher et matière à publier ; la formule idéale de l’éditeur comblé.
► Un dernier petit tour historique de l’erreur fondatrice, et non des moindres :
La découverte de l’Amérique par Christophe Colomb.
● Comme chacun le sait, il croyait avoir atteint les Indes. Les populations dites amérindiennes portent toujours les stigmates de cette méprise : des Indiens d’Amérique, qui n’ont rien à voir avec l’Inde, sur un continent qui ne s’appelait évidemment pas l’Amérique avant d’avoir été redécouvert par les Occidentaux.
● Malheureusement, au-delà de l’anecdote linguistique, leur sort ne fut pas un détail de l’histoire, mais bien un génocide, pour beaucoup d’entre elles. L’“homme blanc cupide et cruel” avait tiré prétexte de la non-humanité supposée de ces sauvages pour s’approprier leur or en leur ôtant la vie, sans risquer de les priver de ce qu’elles n’avaient donc pas : une âme…
Tous les hommes blancs ? Non, bien sûr. A cet égard, la remarquable pièce de Jean-Claude Carrière, « La Controverse de Valladolid » demeure un modèle des débats qui opposèrent les Européens de l’époque à ce sujet, même si l’évènement historique éponyme de 1550 et 1551 portait en fait plutôt sur le principe de la légitimité de la conquête et de la colonisation.
Par ailleurs, le génocide armé se doubla d’un second, sanitaire celui-là : les maladies des Conquistadors, contre lesquelles leurs organismes étaient relativement immunisés, décimèrent les populations autochtones dont le système immunitaire n’eut pas le temps de développer les défenses appropriées.
● « Cette histoire est bien connue. Pourquoi y revenir ? Là encore, quel est le rapport avec l’économie actuelle et la mondialisation ? »
Il est à la fois symbolique et bien réel.
Nous ne somme plus à l’époque des Conquistadors, certes. Donc il n’est plus question de conquêtes violentes ni de colonialisme génocidaire, heureusement…
Vraiment ? En sommes-nous bien sûrs ?
● Hélas, l’histoire bégaie, et la problématique de la mondialisation économique est bien au cœur de ce processus d’extermination silencieuse dont sont toujours victimes des populations autochtones d’Amazonie, d’Indonésie et d’ailleurs, ainsi que de destruction de la biodiversité, en lien avec la confiscation sauvage de leurs terres et leur déforestation massive.
● Les raisons, ou plutôt les folies responsables de ces horreurs : la vente du bois dans un premier temps, et la mise en exploitation agricole de ces terres nouvelles, pour cultiver le soja transgénique importé par nous (ainsi que dans le monde entier) pour nourrir le bétail, et produire la biomasse nécessaire à la production des biocarburants que la Commission Européenne a décidé de substituer au pétrole (voir également plus bas).
● Quant à la dimension symbolique, nous la retrouvons dans la vulnérabilité immunitaire des économies développées, comme celle des populations les plus fragiles de toutes les sociétés, face au virus du profit inconditionnel, et à l’interdiction par les instances économiques internationales et supranationales, de s’en protéger.
L’histoire retiendra certainement au nombre des grandes erreurs de l’humanité, les dogmes économiques sur lesquels se fondent la déréglementation des marchés, la libre concurrence et la libre circulation des marchandises.
Certains relèvent plus des grands mythes fondateurs des civilisations, que du domaine rationnel ou scientifique.
(lire la suite…)
Car ils ne tiennent pas réellement compte des interactions entre l’économie, les individus, les sociétés et leur environnement naturel.
► L’irréalisme économique du néolibéralisme, au nom de la Realpolitik…
A terme, le constat de ses conséquences conduira sans doute nos successeurs à classer la croyance irrationnelle et exclusive dans le marché prônée par le néolibéralisme, en particulier la toute-puissance des marchés financiers, parmi les grandes superstitions et impostures de l’histoire humaine, au même titre que le culte antique du Veau d’or dans le récit biblique.
Cette foi aveugle explique en partie l’obstination du système économique néolibéral à ne pas réguler les flux commerciaux et financiers en fonction de la valeur intrinsèque des marchandises et des capitaux, et de leurs impacts sociétaux et environnementaux.
● Alors que la circulation des personnes demeure réglementée :
- les États continuent de décider s’ils exigent ou non un visa à l’entrée de visiteurs étrangers sur leur territoire, en fonction de leur pays d’origine,
- ils n’accordent pas systématiquement (loin de là) de permis de séjour à des migrants économiques en recherche d’emploi,
- ils n’accordent pas toujours de statut de réfugié politique, même lorsqu’il serait légitime de le faire,
- ils ne permettent généralement pas à une personne recherchée par la justice internationale d’entrer sur leur territoire, ni à un résident sous le coup de poursuites, de le quitter.
● En revanche, la circulation des capitaux et des marchandises est déréglementée, quelles que soient :
- leur origine et ce que ce qu’elle implique en termes de corruption, d’exploitation humaine, de dégâts environnementaux,
- et même les complicités avec des régimes totalitaires oppressant les populations. Souvenons-nous des gesticulations du Comité Olympique lors des Jeux de Pékin en 2008, pour lequel de telles considérations sont hors sujet. Même dans le sport les intérêts économiques passent avant tout…
Alors, en quoi ces dogmes et les pratiques qu’ils sous-tendent considérés par les adeptes de la mondialisation néolibérale comme un moteur de développement universel, sont-ils en réalité autant de sources d’externalités économiques négatives, c’est-à-dire destructeurs nets de valeur ?
► Les externalités économiques
Valeur ajoutée brute, ou valeur ajoutée nette ?
Ce sont les « externalités économiques » qui font la différence.
Seules les valeurs ajoutées directes sont comptabilisées dans le Produit Intérieur Brut, dont la variation d’une année à l’autre mesure la croissance économique.
Les externalités économiques, positives ou négatives, ne le sont pas. Or leur évaluation conduirait logiquement à des changements de cap radicaux…
● Ainsi, les profits réalisés en minimisant les coûts, bénéficient par définition aux entreprises les plus irresponsables et à leurs actionnaires.
● Alors que les conséquences financières, humaines, sanitaires, sociétales et environnementales des dommages collatéraux générés par ces pratiques économiques cyniques, sont à la charge de la collectivité.
Qui plus est, lorsque les dommages collatéraux de la croissance économique se traduisent notamment par :
● l’accroissement de la contamination nucléaire des fonds océaniques comme des surfaces terrestres, pour des siècles ou des millénaires,
● l’empoisonnement ou l’épuisement des nappes phréatiques,
● l’explosion des maladies humaines et animales, et la destruction de la biodiversité, liées à la pollution,
► …quelle légitimité accorder encore au mythe du taux de croissance ?
● D’Hiroshima à Fukushima, ces deux logiques se rejoignent tragiquement, comme si l’histoire n’avait pas été assimilée, mais ses erreurs seulement recyclées et renouvelées en une sorte d’écologie industrielle de la pensée.
Tout comme il est plus vendeur de qualifier une guerre de conquête de pacification, il est beaucoup plus profitable de minimiser la responsabilité de la mondialisation économique en termes de pertes humaines, de souffrances infligées et de dégâts environnementaux, en les escamotant de son bilan global. Il suffirait de ne comptabiliser que le positif…
Mieux : pourquoi ne pas transformer ce négatif en nouvelle source de profits ?
● La justification de la déréglementation systématique des marchés par la recherche de la croissance et l’encouragement de la libre concurrence,
● la justification de la libre concurrence systématique par la nécessité de maintenir les prix bas et de lutter contre l’inflation,
…relèvent soit de l’erreur la plus grossière, soit d’une supercherie machiavélique de portée mondiale.
► Le mythe monétariste de l’inflation
Il confond par exemple :
● une création nette de valeur (valeur d’usage, valeur utilité, qualité et prévention des risques) justifiant une élévation du coût,
● et une augmentation des prix liée uniquement à un phénomène de marché, modifiant à la hausse la valeur d’échange (loi de l’offre et de la demande, raréfaction spontanée ou provoquée des produits, et pratiques spéculatives).
Le culte mercantiliste du marché déréglementé et de la libre concurrence est fondé sur le déni de la valeur intrinsèque des produits et de la Responsabilité Sociétale et Environnementale des acteurs économiques.
Comme toutes les superstitions, ce mythe est servi par l’ignorance, laquelle est entretenue par l’opacité des filières, notamment en ce qui concerne :
- la structure des prix,
- donc la réalité des coûts,
- et bien sûr les pratiques (en particulier les conditions de production) et l’impact de l’activité économique sur son environnement naturel et sociétal.
Gouverner ne devrait consister ni à imposer unilatéralement les pratiques globales au local, ni à prétendre gérer nos problématiques locales sans se préoccuper de leurs interactions avec le reste du monde. Car faute de prendre en compte les interactions entre les volets complémentaires que sont l’économie, l’environnement et les sociétés, toute gouvernance se transforme vite en un casse-tête chinois insoluble…
Les exemples sont nombreux qui démontrent l’aberration d’une gouvernance économique négligeant cette dimension systémique.
(lire la suite…)
► Les impacts négatifs de l’économie ( externalités économiques négatives )
Ils résultent d’enchaînements combinés de causes à effets, qu’une analyse globale préalable aurait en grande partie permis de prévoir et de prévenir (biocarburants, lampes à basse consommation, etc.)
Le domaine de l’énergie en est une triste illustration : la pression du besoin croissant en énergie, dû à la course insensée de notre civilisation ultra-productiviste / ultra-consumériste, combinée à la recherche constante du moindre coût financier immédiat, conduisent systématiquement à occulter des risques et des impacts dont le coût final, non assumé par les entreprises et les actionnaires, est incalculable.
● Le nucléaire : jusqu’à Tchernobyl, les accidents nucléaires passaient pour des anomalies grossières dans l’application d’un système par ailleurs absolument sûr, dont la sophistication requière seulement une maitrise qui est l’apanage des seuls pays les industrialisés et des ingénieurs les plus hautement qualifiés. Avec Tchernobyl, c’est donc l’URSS qui avait failli à remplir ces conditions, et non le nucléaire. Mais dormez braves gens, l’Agence International de l’Énergie Atomique (AIEA) veille à ce que le nucléaire ne tombe pas en de mauvaises mains, pour de mauvais usages…
Autant de prétendues certitudes que la catastrophe de Fukushima fait voler en éclats.
La filière nucléaire est l’exemple-type de pacte méphistophélique, compte-tenu des risques qu’elle représente à l’égard des populations et de leur environnement. Dans un cadre méthodologique de développement durable, elle symbolise la primauté absolue du volet économique sur tous les autres, et encore, en ne prenant pas en compte le coût économique réel de gestion de ses risques : multiples en termes de domaines concernés, et d’une durée quasiment illimitée. Quel sens a sa classification en énergie propre sous le prétexte qu’elle serait la moins émettrice de CO2, si on ignore les autres impacts environnementaux (et sociétaux) de sa filière ?
Depuis de nombreuses années, les questions concernant les autres aspects du nucléaire, que sont notamment, en amont, les conditions de l’extraction de l’uranium, et aval, la question des déchets, restent sans réponse acceptable malgré les demandes incessantes des citoyens.
Comment l’autorité nucléaire française, qui ne cesse de vanter l’incomparable maîtrise de notre pays dans cette industrie, explique-t-elle que nos déchets nucléaires partent en Russie pour être stockés en Sibérie, en toute opacité ? Et pourquoi le coût de fin de vie des centrales nucléaires (démantèlement et sécurisation des sites) n’est-il pas pleinement intégré au calcul du prix de revient de cette énergie ? Faussant totalement la stratégie économique des pays ayant opté massivement pour le nucléaire, comme leur politique environnementale et la sécurité planétaire…
● Le choix du Bioéthanol par la Commission Européenne n’a tenu aucun compte des risques découlant des substitutions agricoles qu’il impliquait :
Par exemple, les nombreux risques environnementaux et sociétaux liés à la culture des palmiers à huile en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie, le cas de l’Indonésie étant emblématique des conséquences de cette économie prédatrice, du cumul et de la combinaison des impacts négatifs sur la population locale, comme sur les espèces animales et la biodiversité.
● Le retrait du marché des ampoules électriques considérées comme énergivores, voté par la Commission Européenne le 8 décembre 2008 (retrait échelonné du 1er septembre 2009 au 1er septembre 2016), promeut des lampes à basse consommation dites « fluo-compactes ».
Or ces lampes présentent des risques importants de pollution de l’environnement (lors de leur production et en fin de vie) ainsi que de mise en danger des ouvriers qui les produisent, du fait du mercure qu’elles contiennent (la plupart étant fabriquées en Chine). Les précautions conseillées aux consommateurs pour éviter d’être contaminés par les lampes cassées sont tout-à-fait irréalistes et rarement mentionnées sur les emballages. Après des années ce commercialisation, la filière de leur recyclage est totalement défaillante. Sans oublier les controverses relatives à leur système d’allumage.
● Les exemples sont innombrables, et ne cessent de se multiplier avec l’accroissement des flux commerciaux de la mondialisation. La Chine étant le champion toutes catégories des risques recensés liés à la production et à la consommation. Son économie combine allégrement l’irresponsabilité sociétale et environnementale, et les pratiques délibérément criminelles, telles que la contrefaçon de médicaments, de prothèses médicales ou de plaquettes de freins… qui envahissent la planète.
● Inversement, les exportations agricoles européennes ou américaines subventionnées, vers des pays en développement qui n’ont pas les moyens de subventionner leurs propres producteurs, tuent dans l’œuf leur propre agriculture de subsistance.
De la théorie à notre réalité quotidienne.
En 1975, faisant le constat de la complexité croissante de notre monde, Joël de ROSNAY écrivait « Le macroscope » - Vers une vision globale :
« Il nous faut donc un nouvel outil. Aussi précieux que furent le microscope et le télescope dans la connaissance scientifique de l’univers, mais qui serait, cette fois, destiné à tous ceux qui tentent de comprendre et de situer leur action. Aux grands responsables de la politique, de la science et de l’industrie, comme à chacun d’entre nous. »
(lire la suite…)
En introduction de son ouvrage :
« Microscope, télescope : ces mots évoquent les grandes percées scientifiques vers l’infiniment petit et vers l’infiniment grand. (…)
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un autre infini : l’infiniment complexe. Mais cette fois, plus d’instrument. Rien qu’un cerveau nu, une intelligence et une logique désarmés devant l’immense complexité de la vie et de la société. (…)
Il nous faut donc un nouvel outil. Aussi précieux que furent le microscope et le télescope dans la connaissance scientifique de l’univers, mais qui serait, cette fois, destiné à tous ceux qui tentent de comprendre et de situer leur action. Aux grands responsables de la politique, de la science et de l’industrie, comme à chacun d’entre nous.
Cet outil, je l’appelle le « macroscope » ( de « macro », grand et « skopein », observer ).
Bien sûr, notre intérêt pour cette question n’est pas anodin. Car la notion universelle de système est au cœur de toutes les problématiques économiques, sociétales et environnementales, comme de toutes les sciences humaines et naturelles.
Nous retiendrons une définition très synthétique proposée par Joël de ROSNAY :
« Un système est un ensemble d’éléments en interaction dynamique organisé en fonction d’un but ».
(lire la suite…)
Du grec sustēma : « ensemble, organisation »
Nous pourrions dire que tout est système, ou partie d’un, de plusieurs ou d’un grand nombre de systèmes à la fois. L’univers serait le méga système incluant tous les autres.
Mais c’est souvent ce qui nous est le plus familier qu’il est le plus difficile de définir.
Voici quelques définitions données par le Larousse :
● Ensemble organisé de principes coordonnés de façon à former un tout scientifique ou un corps de doctrine : Système philosophique.
● Ensemble d’éléments considérés dans leurs relations à l’intérieur d’un tout fonctionnant de manière unitaire : Le système nerveux. Les différents systèmes politiques.
● Ensemble de procédés, de pratiques organisées, destinés à assurer une fonction définie : Système d’éducation.
Ajoutons qu’un système se définit par :
● ses limites permettant de distinguer l’intérieur du système de ce qui lui est extérieur.
● sa structure, c’est-à-dire les parties du tout composant ce système (éléments internes et sous-systèmes, réservoirs, réseau de communication), et leur organisation.
● son fonctionnement (flux, vannes, vitesses et délais, retour d’information ou feed-back) supporté par sa structure.
● ses règles de fonctionnement et, en particulier, les processus d’adaptation assurant sa viabilité.
Ce sont sa capacité d’évolution, son adaptabilité aux contraintes extérieures, qui lui permettent de durer ; sachant que tout système naît, vit et meure.
Mais à un niveau plus général de la matière et de l’énergie, la maxime attribuée à Lavoisier :
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »
est la reformulation d’une phrase écrite par Anaxagore de Clazomènes (500 – 428 av. J.-C.) : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau » et du principe bouddhique de l’impermanence et de la vacuité, enseigné en Inde quelques décennies plus tôt par le Bouddha Sakyamuni.
Une vision systémique du réel met en évidence ses propriétés universelles dont nos grilles de lectures ne devraient jamais se départir. En quelque sorte, un filtre révélateur de la nature et du fonctionnement de tout phénomène : l’interdépendance des parties du tout, leur interaction, et leur impermanence.
La prise en compte du facteur temps est d’autant plus essentielle à leur compréhension des phénomènes dynamiques, qu’ils sont complexes et que leurs mutations ne cessent de s’accélérer.
(lire la suite…)
● Interdépendance : rien n’existe indépendamment d’autre chose. L’approche systémique rejoint en cela une notion bouddhique centrale : la vacuité. Le réel observable est vide d’élément absolument autonome, qui soit indépendant de tout autre de par son origine. Du Big-Bang à nos jours (cette expression n’ayant guère de sens, le facteur temps n’étant pas calendaire, à cette échelle…), rien de ce qui nous compose et de ce dont est faite notre planète Terre n’est indépendant de la matière et de l’énergie de l’Univers.
● Interaction : rien ne fonctionne indépendamment d’autre chose. Le réel observable est vide d’élément absolument autonome, qui soit indépendant de tout autre de par son fonctionnement. Notre vie dépend tout autant de notre environnement terrestre (eau, air, sol, éléments minéraux, espèces végétales et animales) qu’extraterrestre. Le soleil nous éclaire et nous chauffe. Tout dérèglement de sa part, ou une collision avec une météorite géante, peut suffire à mettre un terme à l’existence de l’espèce humaine, et de toute autre forme de vie terrestre.
● Impermanence : tout se transforme. La stabilité n’étant qu’un artefact du temps, une exception temporaire de ses tendances entropiques…
La conscience de notre condition ne cesse de nous le rappeler : une vie humaine est limitée dans le temps. La grande aventure humaine de notre point de vue, est certainement insignifiante si elle est perçue des confins spatio-temporels de l’univers.
Elle consiste depuis son début, en un cycle de naissance, de vie et de mort de sociétés et de civilisations. Ce processus lui-même a connu un début et aura une fin, tout comme notre planète, notre galaxie et l’univers ; les spéculations scientifiques divergeant plutôt sur l’avant, l’après et le comment…
La complexité du réel que nous essayons d’aborder et de comprendre, met en jeu l’interdépendance des éléments qui le composent et interagissent (par exemple les acteurs économiques, ou encore les espèces naturelles, les phénomènes climatiques, etc.), les paradoxes qui les caractérisent (simultanément, leurs convergences et leurs divergences), les déséquilibres, les mutations, puis les nouveaux équilibres, résultant de leurs interactions.
Gouverner suppose la prise en compte de cette complexité, établir des objectifs pertinents et agir de manière cohérente du niveau le plus local, au plus global. Une vision multidimensionnelle est donc nécessaire.
(lire la suite…)
► Du zoom au grand angle, et inversement
Une vue aérienne d’un site archéologique, apporte des informations différentes d’une vue terrestre, et des fouilles souterraines fournissent encore d’autres types d’informations, toutes complémentaires, qu’il est nécessaire de combiner et de recouper.
De même, un photographe, un peintre et un sculpteur rendent différemment compte de leurs perceptions du réel, comme de leur imaginaire.
● Du grand angle à la macro, le zoom de l’appareil photo peut restituer une infinité de perceptions d’un objet ou d’un même paysage. Ajoutons à cela la magie de la lumière naturelle, selon l’heure, le climat et la latitude, ou le savoir-faire de l’éclairagiste en studio, et les rendus possibles sont infinis, indépendamment de la nature intrinsèque de l’objet ou du paysage observé.
● Du figuratif à l’abstrait, le peintre représente sa perception du monde extérieur, de son ressenti et de sa vision intérieure. Vu de très près, un tableau pointilliste n’évoque rien de plus que les pixels d’une image numérique excessivement agrandie. Il est impossible de comprendre ce qu’il représente. Ce n’est qu’avec de la distance et une vue globale que les points s’organisent et que l’ensemble fait sens.
● Pour restituer le relief et le volume, le (la) peintre doit en quelque sorte tricher avec son support en 2 dimensions, et recourir par exemple à la technique du trompe l’œil, en tenant compte de la propension de notre œil, en fait notre cerveau, à se laisser tromper. La position de l’observateur par rapport à la toile peut révéler des visions inattendues.
● Le sculpteur dispose naturellement de la 3ème dimension. Sa technique le (la) rend maître de la forme. Mais c’est son art qui confère à la forme une dimension supplémentaire, d’ordre émotionnel. Cela suppose d’avoir appris à connaître la matière au-delà de ses seules propriétés techniques, dans sa capacité à vibrer, à répondre et restituer un ressenti, celui de l’artiste comme celui du spectateur. Jouer ainsi avec la matière suppose de la part de l’artiste une intimité avec elle, comme en musique ou en amitié, et de la pratiquer inlassablement à la recherche des instants magiques de la blue note, ou du duende (décrit par Federico Garcia Llorca).
● Les 2 dimensions d’une page ou d’un livre sont inadéquates pour décrypter le système multidimensionnel de l’économie et des enjeux d’un développement socioéconomique soutenable. Comme nous le précisons en page “Mode d’emploi du site France - Durable”, la structure du site tente d’appliquer les principes d’un hologramme.
Nous nous efforçons de restituer au fil des pages de ce site des prises de vue multidimensionnelles, destinées à faciliter la visualisation d’un hologramme de l’économie mondialisée, pour aider à le redimensionner et le reconsidérer en fonction de vos propres convictions et de vos aspirations existentielles…
► Le facteur temps
● Mais la compréhension de toute dynamique vitale suppose également la prise en compte d’une autre dimension : le temps.
Or le facteur temps est également source de complexité, car une quantification linéaire du temps peut conduire à de sérieuses erreurs d’appréciation.
Du Big-Bang à nos jours, le principe d’un temps linéaire a peu de sens. C’est à peine la nanoseconde qui caractérise la durée d’une vie humaine, par rapport au temps sidéral. Du philosophe au physicien, de Pascal à Einstein, la relativité des distances et du temps conditionne la perception du réel par l’être humain.
De même, à l’échelle d’une vie humaine, le temps n’est pas dissociable d’autres dimensions non métriques (psychologiques, relationnelles, comportementales, etc.)
● Par exemple, une vitesse est une distance parcourue par unité de temps. Une évaluation métrique est appropriée.
Mais la fatigue musculaire du coureur, qui découle d’un effort effectué dans la durée, dépend à la fois de la distance parcourue, du temps réalisé et de l’effort déployé pour y parvenir. Pour un effort identique mesurable, accompli par des sportifs de constitution physique comparable, la même fatigue peut être ressentie plus ou moins rapidement par elles, notamment en fonction de leur état psychique chronique ou momentané. S’il est possible d’évaluer la fatigue en mesurant ses effets (variation de la force déployée, ou d’une productivité), les causes psychiques influant sur le ressenti de la fatigue sont beaucoup moins quantifiables.
Ainsi, rapporté à un facteur non quantifiable, le temps devient lui-même subjectif. Il demeure quantifiable, mais devient relatif. Son unité de mesure varie d’un individu à l’autre.
● Dans ces conditions, on conçoit aisément le conflit potentiel entre mesure de productivité, ergonomie et méthodes de management (les conséquences dramatiques du management par le stress développé dans de grandes entreprises telles que France Télécom ou Renault). La difficulté de mesurer objectivement la souffrance psychique au travail laisse le champ libre à tous les abus, sans qu’il soit toujours possible de le démontrer par un simple recours au Code du Travail. Alors, imaginons ce qu’il en est dans des pays producteurs comme la Chine, où le droit du travail est à l’image du droit fondamental d’opinion ou d’expression, un vœu pieu…
● Donc, contrairement à un simple hologramme qui relève encore du monde de l’illusion, la forme ne suffit pas à appréhender la réalité du monde.
► Il en va de même de la Responsabilité Sociétale et Environnementale.
● Il ne suffit pas à une entreprise, pour faire la preuve de sa bonne gouvernance et de ses résultats dans ce domaine, de satisfaire aux obligations formelles de la loi NRE ou de publier des rapports de développement durable qui soient des modèles du genre, sur papier glacé ou recyclé.
Car il faut pouvoir accéder à l’intérieur des rouages du système, pour connaître son potentiel de production ou de destruction de valeur. Or aucun règlement n’exige actuellement un certificat RSE des produits importés ou exportés. Les dommages collatéraux de l’industrie ou de la finance ne donnent lieu à aucun enregistrement en casier judiciaire, contrairement aux méfaits commis par un individu. La mondialisation économique n’est conditionnée par aucune attribution de visa.
● Pour pratiquer une telle évaluation, il est nécessaire de comprendre la nature et l’essence des phénomènes concernés.
Par exemple, la justification et les impacts du prix sont à rechercher dans la réalité des coûts, en quelque sorte l’intimité du prix. Pour savoir qui peut être affecté par les dysfonctionnements et dérives des activités économiques, encore faut-il être en mesure d’identifier ses parties prenantes. Et pour évaluer un produit, étymologiquement, il faut parvenir à en extraire sa valeur, restituer sa genèse, reconstituer son ADN et décrypter son code génétique.
● Mais au-delà de tous les audits de certification, de tous les tests et les analyses économiques, le seul macroscope qui vaille ne serait-il pas celui qu’enseigne le renard au petit prince ?
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »
Le comité Nobel aurait dû créer un prix de la Sagesse Universelle, spécialement pour Saint-Ex…
Car sans conscience aiguë de l’autre, ni empathie à son égard, sans fraternité, y a-t-il la moindre chance qu’un acteur économique devienne durablement responsable ?
Sans le garde-fou d’une régulation et d’une réglementation contraignante, il est à craindre que toutes les normes ISO n’y puissent rien changer.
Du principe de précaution au recours aux Meilleurs Techniques Disponibles, l’approche systémique a vocation à renforcer la cohérence de la gouvernance sociétale, économique et environnementale.
C’est le cas de l’éco-socio-conception, du système HACCP et plus généralement de la Responsabilité Sociétale & Environnementale des entreprises et de l’ensemble des acteurs économiques.
Mais que penser du principe de précaution ?
(lire la suite…)
► Précaution : « liberté ET sécurité » ou « sécurité liberticide » ?
Retenons de notre parenté ininterrompue avec le rêve sidéral de nos plus lointains ancêtres, une question à plusieurs facettes :
● Est-il bien prudent de rêver ?
● Serait-il bien raisonnable de s’interdire de le faire ?
● Est-il possible de conserver au rêve son intégrité originelle ?
Si nous inversons l’ordre de ces questions :
● Nous constatons souvent que nos intentions les plus louables : améliorer le sort de nos semblables (médecine, pharmacie, industrie agroalimentaire, etc.) donnent régulièrement lieu à des débordements et des dévoiements. Parfois par manque de pertinence et de compétence, mais trop souvent du fait des enjeux financiers que les activités économiques concernées représentent.
Même l’intégrité de l’enseignement et de la recherche s’en trouve affectée, lorsque le pouvoir économique prétend les formater.
● Alors, est-il dangereux de vouloir innover, explorer dans champs inconnus, développer des produits nouveaux, faire avancer la science et tout particulièrement la médecine, faute du recul nécessaire pour pouvoir en connaître les répercussions ?
● Inversement, certaines pratiques ancestrales sont-elles subitement devenues inadmissibles : la libre utilisation de plantes médicinales, de semences traditionnelles, etc. ?
► Dit autrement, mais encore d’un point de vue philosophique…
Cela nous amène à la question tellement débattue du principe de précaution. Alors que les Nations Unies se la posent, il semble toujours peu probable que les instances économiques internationales soient disposées à se l’imposer…
Quels sont les points fondamentaux sur lesquels les points de vue achoppent ?
● Le principe de précaution signifie-t-il que tout ce qui est nouveau est risqué, qu’il faut brider notre recherche ?
● Quitte à se laisser distancer par le reste du monde qui ne se poserait pas autant de questions existentielles…
L’éternel argument : « si ce n’est pas nous qui le faisons, d’autres ne manqueront pas d’en profiter à notre place », c’est certainement le plus dangereux des sophismes dont est coutumière une Realpolitik trop influencée par la seule raison économique et sa loi du profit.
► … au-delà des positions dogmatiques et des luttes d’intérêts particuliers…
● Les opposants a priori au principe de précaution jouent sur la confusion entre les effets secondaires supposés du principe lui-même et les effets secondaires réels de l’absence de vision systémique dans le choix et la mise en place de solutions alternatives.
Des tenants du libéralisme économique parviennent à mettre l’apparence d’une expertise au service d’une action lobbyiste classique.
Car, qu’il s’agisse d’un biais méthodologique involontaire ou d’une stratégie délibérée, le résultat est le même. Un constat exact peut facilement conduire à des diagnostics erronés ou à des solutions inadaptées, aussi bien de la part des administrateurs supposés du principe de précaution, que de ses détracteurs…
Quelle est par exemple l’argumentation de l’Institut économique Molinari ?
Cliquer :
● C’est typiquement le cas des biocarburants. Les effets secondaires dénoncés par l’Institut économique Molinari sont parfaitement exacts. Mais la cause ne réside pas dans la volonté de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour comprendre la raison de mauvaises réponses apportées à de vraies questions, il serait beaucoup plus pertinent de se demander à qui profite ces erreurs de choix. Le lobbying exercé sur les décideurs politico-technocratiques par les consortiums qui en sont bénéficiaires les explique en grande partie.
Or rien n’est plus dangereux que de laisser libre court aux rapports de force naturels résultant d’intérêts individuels à court terme, lorsqu’il s’agit en fait de préserver l’intérêt général et le long terme. Ce qui résulte immanquablement de l’*absence de régulation publique*.
● Ce n’est donc pas le principe de précaution en tant que tel qui pose problème, mais le défaut de transparence et le déficit démocratique dans son application.
→ Demandons-nous d’abord si notre confiance dans les pratiques des industriels et des financiers de monde entier irait jusqu’à leur laisser l’entière liberté de décider seuls des composants chimiques et des méthodes de production, en fonction de critères prioritairement financiers ?
→ Demandons-nous ensuite et surtout comment rationaliser et sécuriser le principe de précaution lui-même, afin de prévenir les effets secondaires dus à sa dénaturation par l’incompétence de ses gestionnaires ou à son détournement par des intérêts particuliers ?
► …faute de réponse définitive, quelles conditions prendre en compte ?
Il serait bien présomptueux de prétendre répondre en quelques mots à une telle problématique, et surtout sans concertation, dans un sens comme dans l’autre.
● Bien que l’art philosophique de répondre à des questions par d’autres questions puisse paraître décourager l’esprit d’entreprise, s’il est un domaine dans lequel il ne faut jamais cesser de s’interroger et d’investiguer, c’est bien celui de la sécurité. Car, si prendre des risques à titre individuel peut relever du courage, imposer des risques à la collectivité, voire à toute l’humanité, est une autre affaire.
● Pour notre part, tout en convenant qu’avoir peur de tout nous interdirait de vivre, nous estimons qu’entre tout et rien se situe le large champ de la raison et du discernement, et parfois la frontière plus subtile de la sagesse.
● Enfin, la dimension politique présidant à l’application de ce principe est fondamentale. Détourné par les lobbies économiques les plus puissants, il se mue en une source supplémentaire de conflit d’intérêt, aggravant le déséquilibre entre intérêts privés et intérêt général.
Donc pour éviter que, par contresens, il ne devienne pire que le mal qu’il est censé prévenir, le principe de précaution doit s’accompagner de conditions essentielles :
→ rigueur méthodologique,
→ concertation multipartite (parties concernées et parties prenantes),
→ et transparence démocratique.
❇ ❇ ❇